- Tu veux que je passe te voir ? Tu es chez toi ?

- Non, je suis encore chez Charles, je vais y rester quelques jours pour me reposer et ce sera plus pratique vus qu'il n'y a pas d'escaliers.

- D'accord ! lâcha-t-elle dubitative.

- Quoi ?

- Ça ne te ressemble pas tout ça ! m'avoua-t-elle une pointe d'angoisse dans la voix.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux dire que je t'ai connu aussi coincée qu'une porte de grange et depuis que je t'ai traîné à cette conférence tu es super bizarre. Tu fais des trucs qui ne te ressemblent pas. Bon, j'ai compris que tu avais le béguin pour lui, mais de toi à moi, tout le monde a le béguin pour cet homme. Tu n'es jamais sortie avec un homme, tu ne penses pas que tout ça va trop vite ?

- Puisque tu en parles, je t'appelais aussi pour te parler de quelque chose d'important, commençai-je avec la voix aussi hésitante que si j'avais dû me jeter dans le vide.

- Quoi ? changea-t-elle de ton. Maggie quelque chose ne va pas ?

Elle devint si douce, si maternelle, tout à coup que je ne pus que me confier à elle. Me livrer à ma psy, une parfaite étrangère, avait été déjà si difficile à envisager alors à Gab. Soudain, tous ces sentiments que mon médecin avait tenté d'éradiquer de mon esprit, car stupide en de telles circonstances, me revinrent en plein visage. La peur, l'angoisse et par-dessus tout la honte.

- Je dois te raconter quelque chose d'important. J'ai besoin que tu l'entendes parce que si je veux pouvoir vivre normalement un jour, je dois finir par me libérer.

- Maggie tu pleures ? s'inquiéta mon amie.

Je pleure ? Ah oui, je pleurais ! Incroyable ce que votre inconscient peut faire de vous à vos dépens.

- La raison pour laquelle je ne suis pas très à l'aise avec les hommes c'est parce que j'ai été violé par le père d'une de mes amies d'enfance lorsque j'étais adolescente, crachai-je comme si les mots étaient du poison dans ma bouche et que prononcer chacun d'eux c'était comme de revivre la scène aussi nettement que si c'était hier.

- Pardon ? souffla froidement Gab.

J'aurais pu voir à travers mon téléphone son teint pâlir.

- Mais tu... tu..., bégaya-t-elle sans parvenir à trouver une réponse adéquate à une telle révélation.

J'arrivais à peine à tenir mon portable correctement et repris vite la parole pour ne pas avoir à subir l'un des interrogatoires les plus gênants de ma vie. Je n'avais aucune envie de m'attarder sur les détails de cet événement alors j'en vins très vite aux raisons qui m'avaient poussé à lui faire cet aveu.

- C'est pour ça que je suis si "coincée" comme tu dis. Je n'ai absolument pas confiance en les hommes et je dirais même que leur lubricité me dégoûte au plus haut point.

- Et toutes ces horribles choses que j'ai pu te dire, se remémora-t-elle. Oh mon Dieu si j'avais su ma belle jamais je n'aurais osé. J'espère que tu voudras bien me pardonner.

- Tu n'as absolument rien à te reprocher Gab. Personne n'a à subir les conséquences de mon histoire. Je n'arrive encore pas, après toutes ces années, à avoir un avis autre que négatif sur le sexe. La seule expérience que j'en ai eue a été terriblement injuste et traumatisante pour moi. Je ne suis même pas certaine de pouvoir vivre une histoire d'amour normale un jour. Mais, je ne sais pas, depuis que j'ai rencontré Charles, il se passe quelque chose en moi.

- Et qu'en dit Charles ? me demanda-t-elle prudente.

- Il est absolument hors de question que je lui parle d'un truc pareil, m'empressai-je de répondre à ça.

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now