Chapitre 12 : Reprise de Volée

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-C'est de sa faute ! sifflait-il en roulant des yeux fous. C'est de la faute de Justin, Isabelle ! C'est lui ! C'est lui qui m'a transformé !

*

Elle n'avait plus prononcé un mot depuis l'enfermement de son frère dans les caves de la maison. Impossible de le laisser en liberté, pas si près de la pleine lune. Seule dans la chambre d'amis, vêtue d'une des chemises de Lysandre, elle fixait le ciel nocturne. Assise sur le rebord de la fenêtre, elle tentait de ne pas penser. Ou elle pensait trop. Elle ne savait pas réellement.

Monsieur Justin avait tenté de la tuer. Monsieur Justin avait transformé son frère.

Son frère souffrait de son désir de la mordre. De la dévorer vive.

Monsieur Justin l'avait transformé.

Isabelle baissa les yeux sur ses mains. Tout son intérieur semblait s'être recroquevillé sur lui-même, tant elle se sentait mal. La tension qui l'habitait ne cessait de croitre, alors qu'elle réalisait ce que tout cela impliquait. La traitrise. La cruauté.

La tromperie.

Ça y était, elle avait du mal à respirer.

Observant sa chambre, elle comprit qu'elle ne pouvait pas rester seule une minute de plus. D'un autre côté, elle ne pouvait pas non plus rejoindre son frère. Résolue, elle attrapa son coussin, avant de sortir dans les couloirs.

La majorité des policiers étaient restés pour la nuit, occupant la cave et les salons, afin d'assurer la protection de chacun. Personne ne savait de quoi monsieur Justin était capable, ni quelles étaient ses motivations. Personne ne savait si Armand parviendrait à s'arracher de sa prison souterraine.

Sur la pointe des pieds, elle se glissa dans la chambre en face de la sienne. En dépit de sa discrétion et de l'heure tardive, Lysandre ouvrit les yeux dès son entrée. Allongé dans son lit, face à elle, il l'observa un instant. Puis, sans un mot, il écarta les draps et tapota le matelas. Sans se faire prier, Isabelle se glissa à ses côtés. Il rabattit les couvertures, la laissa se pelotonner contre lui. Telle une enfant, elle s'accrocha à lui. Pas un ne dit un mot tandis qu'ils se serraient l'un contre l'autre.

Quoi qu'il en soit, cela permit à Isabelle de trouver le repos.

Le lendemain matin, elle se surprit à être en travers du torse de Lysandre. Affalée sur lui, elle émargea la bave aux lèvres, avec l'impression d'oublier quelque chose. Enfin...

-Dieu merci, tu es enfin réveillée.

Le grognement du commissaire la fit relever la tête. Encore un peu endormie, elle considéra ses yeux aux pupilles de chat et ses oreilles duveteuses. Adorable...

-Bonjour.

-Bonjour. Bien dormi ?

-Mmh... Oui. Heu... Désolée !

Confuse, elle s'extirpa tant bien que mal du lit, emportant la moitié des draps avec elle. L'éclat de rire de Lysandre la fit rougir, lui faisant réaliser son comportement : celui d'une jeune effarouchée !

-Bon, le sommeil a été réparateur, apparemment. Je te laisse la salle de bain de la chambre. Le petit déjeuner est dans une heure.

Et il disparut par la porte, la laissant seule. Elle avait eu tout juste le temps de voir ses yeux injectés de sang, au-delà de la beauté de ses iris. Diable. Si elle avait bien dormi, ce n'était pas son cas à lui. D'un autre côté, avec un poids mort sur l'estomac pendant des heures...

La Marquise SanglanteWhere stories live. Discover now