Actuellement sans nom

Introduction-La dernière des fois

(10 mai 2015, 13 heures) Amya, derrière ses volets légèrement ouvert, regardait discrètement ses voisins. Comme chaque dimanche, elle pouvait profiter de la vue que lui offrait une des trois fenêtres de sa chambre. La jeune fille était habituée à la pratique régulière d'un voyeurisme qu'elle reconnaitrait si quelqu'un la voyait, mais personne ne la remarquait jamais.
     Grâce à la vitre, elle observait un camarade de classe, aux cheveux bruns et au physique plutôt musclé. Comme chaque dimanche à cette heure là, on pouvait voir le beau Frosty embrasser d'une adorable façon la personne qui l'accompagnait. Il y a avait toujours quelqu'un, et l'observatrice voisine adorait ça. Non pas pour voir de jeunes tourtereaux, mais pour la régularité des actions. À 11h45, la porte de chez les Frosty recevait une personne. Celle-ci mangeait un petit repas maison, probablement excellent -et souvent très tachant-; cette approche permettait au séducteur d'essuyer un restant de sauce et de se rapprocher de sa victime. Celle-ci admirait les beaux yeux bleus du Neptune aux eaux dans lesquelles Amya aurait si souvent voulu plonger, et succombait à coup sur dans ces flots. Dans un baiser tendre, ces gens montaient dans la chambre du Dieu de la séduction, il était toujours 12h20. Pendant une heure, les murmures et les fausses promesses d'amour dansaient, jusqu'à ce que le garçon prétende avoir une affaire urgente et éjecte la personne de son domicile. La semaine qui suivait, l'action se répétait. Cependant, depuis plus d'un mois, la personne revenait, et plusieurs fois par semaine. En fait, il était tombé amoureux.
     L'observation fut arrêtée brusquement. Une fâcheuse irrégularité allait faire son apparition. En fenêtre qui donnait sur la maison d'en face, on observait une voiture rouge dont  la portière arrière venait d'être fermée. Un jeune homme en sorti. Il n'était pas particulièrement grand ou petit. Il était vêtu d'un simple t-shirt aux couleurs blanches et bleues, d'un pantacourt orange et d'une paire de tongs, donc bien trop légèrement pour la saison. Des lunettes de soleil d'une marque célèbre trônaient sur son nez et occultaient son regard. On aurait pu pensé que cet individu venait d'une région plus chaude, mais ce serait avéré être une erreur: la plaque d'immatriculation de la belle Ford rouge indiquait une provenance de région plutôt voisine. Cet individu était surement simplement un excentrique. Délaissant son spectacle du dimanche, Amya essaya d'en apprendre plus sur son nouveau voisin. Par les grandes fenêtres ne présentant nulle présence de rideaux, elle observa l'individu qui s'était assis dans le salon qui avait été déjà meublé la semaine précédente, lorsque l'arrivée de la nouvelle famille s'était ébruitée. Tout d'abord, quel pouvait être le nom de l'inconnu ? Il s'agissait probablement d'un nom original; "le nom d'une personne influence souvent son caractère" pensait la voyeuse. "Je vois bien un prénom avec des sons "e" ou "o", comme "Heros".... Non, pas de "h"... Je vois bien un "t" dans son prénom... "Matteo", ça, ça pourrait le faire... Malgré que ce ne soit pas encore suffisamment original."  Celui qui avait été baptisé momentanément Matteo -jusqu'à la prochaine idée- s'était retourné et observait maintenant les stores entre-ouverts de la demoiselle, qui, lorsqu'elle s'en aperçu, se senti percée à jour. Au bout d'un moment, le jeune homme détacha son regard de l'observatoire. Dans un soupir, l'épieuse se soulagea de se dire qu'elle n'avait pas été repérée. Elle décida malgré tout de changer d'angle de vue.
     Plutôt que de s'intéresser à la troisième fenêtre donnant sur une troisième maison, la jeune fille retourna voir ce qu'il se passait du côté de chez Frosty. Elle ne vit que de tendres baisers pendant un long moment, jusqu'à ce que l'esclave du Neptune -comme elle les appelaient- s'en aille. Rien n'était inhabituel de ce côté là, et ceci la rassura.

    Malgré tout, Amya qui pensait tout savoir, ne se doutait pas que ce serait la dernière des fois où elle pourrait assister aux conquêtes de Frosty et que son quotidien se troublerait prochainement.

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(10 mai 2015, 23 heures) Amya, qui lisait depuis plus au moins 47 minutes et une trentaine de secondes environ, fût dérangée dans la lecture de son "50 nuances de Grey" à cause du bruit causé par les gyrophares et sirènes hurlantes de voitures de police, apparues en quelques instants à peines. La danse incessante alternant entre rouge et bleu énervait la jeune fille aimant tant les habitudes. Ne pouvant plus se concentrer, elle déposa à contrecœur son vieux marque-page d'aspect neuf -il fallait dire qu'elle était soignée- à la page 162, bien qu'elle était plusieurs pages plus loin, comme à son étrange habitude. En entrouvrant ses rideaux, l'épieuse vit que son troisième voisin, celui chez qui elle n'avait pas regardé quelques heures plus tôt, discutait et s'ébruitait sur un agent de police à moitié endormi et au ventre fourré de donuts eux-mêmes fourrés à la confiture maison du petit salon de thé de Magda l'Hollandaise. Guidée par son irrésistible curiosité, Amya prit un veston similaire à un perfecto de cuir noir et sortit de chez elle lorsqu'elle eut attendu la minute pile, soit 42 secondes. En observant les lieux, elle pouvait compter 6 personnes. Premièrement, avachi dans le siège de sa voiture de patrouille, s'endormait le gros et flasque agent Fischer en n'ayant pas terminé sa dernière gourmandise. Deuxièmement, un autre agent, et plus précisément l'Inspecteur Holmer dont l'énergie contrastait particulièrement avec son épais collège grâce à la bonne douzaine minimale de cafés qu'il s'était enfilé interrogeait Amanda, une blonde ayant résisté aux assauts de l'âge dont Frosty avait hérité des saphirs, un chouïa trop apprêtée malgré une couche de maquillage et plus particulièrement d'eye-liner coulant à flots. Troisièmement et dernièrement, de l'autre côté de la rue, trois garçons regardaient dans la direction d'Amya. Ce groupe de trois était composé du nouveau voisin d'en face de chez elle -dont elle ne connaissait  toujours pas le prénom-,