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Cinq ans que je ne n'avais pas vu Angeline, et voilà que je me retrouvais à travailler sur le chantier de ses futurs voisins. Tombées de mon côté de la haie, la culotte lapin, les chaussettes arc-en-ciel et une toute petite paire de chaussettes bleues — je crois qu'on appelle ça des socquettes— semblaient m'attendre.

Si c'était vraiment Angeline, ça allait me faire bizarre de la voir. En ramassant les sous-vêtements, je sentais déjà ce truc, là, qui serre un peu la gorge. Qui tord un peu les boyaux. Comme on essore une vieille chaussette mouillée. Mais je ne devais pas me laisser impressionner par une culotte. J'en avais vu d'autres, depuis le temps. Et des biens plus affriolants !

Pourtant, franchement, quand j'ai appuyé sur la sonnette, j'étais tendu comme un string. J'ai même pensé que j'aurais dû demander à un collègue d'y aller à ma place. J'en connaissais qui n'attendaient que ça pour glander. Alors que j'allais faire demi-tour, quelqu'un m'a ouvert la porte.

C'était pas elle. Ou alors elle avait rajeuni. Sacrément rajeuni. Du bout des lèvres, elle m'a chuchoté :

« S'il te plait, monsieur, ne dis pas à maman que tu les as trouvées, les chaussettes bleues. Ça gratte trop. Je veux plus les mettre ! S'il te plait, monsieur... »

C'est fou ! Elle avait les mêmes yeux que sa mère, la fille d'Angeline.    

Les chaussettes de la voisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant