Prologue

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Elle arpentait les rues sombres, les doigts glissant sur les murs qu'elle longeait. Son regard était vide et ses jambes avançaient mécaniquement. Elle avançait, sans vraiment savoir où elle allait. Elle avançait juste. Au hasard. En longeant les murs rugueux qui, à force, avaient laissé des traces sur ses doigts désormais insensibles.

Il faisait nuit mais la clarté de la lune lui permettait de voir où elle mettait les pieds, bien qu'elle n'y faisait pas réellement attention. Au fur et à mesure de sa marche machinale, la femme arrivait au centre de la ville. Là où, évidemment, elle ne serait plus seule. Mais le monde qui peu à peu s'approchait d'elle ne semblait pas l'arrêter ni même la déboussoler dans sa balade. Et pourtant, bien des personnes ont tenté de l'interpeler. Enfin, plutôt des hommes qui, la voyant seule, le regard vide, l'avaient trouvé à leurs goûts.

Elle, n'entendait rien à leurs paroles, qui étaient parsemées de : "Vous êtes bien jolie Mademoiselle, vous ne devriez pas vous balader seule en pleine nuit." ou bien " Est-ce que je peux offrir mes services à cette belle femme ?"

Mais ces remarques lui étaient complètement indifférente et elle passa son chemin, sans même avoir le moindre regard ou battement de coeur un soupçon plus rapide. Elle continuait de marcher sous le regard surpri de ces hommes qui, quelques secondes plus tôt voulaient en faire leur proie. Mais qui, désormais, sont retournés s'asseoir aux différents bars qu'ils cottoyaient, sans rien tenter de plus.

La jeune femme continuait son chemin. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter et pourtant, à l'entente d'une simple voix, d'un simple mot, ses yeux se remplirent d'un sentiment indescriptible, tirraillé entre la haine et l'amour. Elle se figea sur place, les poings serrés, la tête baissée.

- Tourne toi, s'il te plait.

Encore cette voix, qui ne faisait que torturer son âme. Mais cette voix là, elle y était dépendante. Elle ne pouvait lui résister. Alors elle se tourna, laissant son interlocuteur découvrir la beauté de son visage, pourtant tirraillé par les larmes.

- Je t'aime, Jen.

Son coeur s'arrêta quelques instants, sa respiration aussi. Elle n'osait pas lever les yeux, par peur, mais par colère.

- S'il te plait, écoute moi.

La voix grave parlait toujours, espérant une réponse.

- Il est mort, y a rien à dire de plus.

La voix de la jeune femme tremblait. Mais, par un miracle qui l'avait elle même surpri, elle avait réussi à sortir ces quelques mots de sa bouche.

- Je n'aurai pas pu vous sauver tous les deux... Tu le sais.

- Alors il fallait le sauver lui ! Il fallait.

Les mots se brouillaient dans sa bouche et sa langue devenait de plus en plus lourde tant elle serrait les dents.

- Il aurait eu la même réaction que toi, il m'aurait haït si je l'avais sauvé lui.

- Alors il ne fallait pas faire de choix. Il fallait nous laisser tous les deux couler.

- Ne soit pas si...

- Au revoir, Matthieu.

L'amour est jalouxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora