Pour les jours où nous nous sommes aimées

Le premier jour

Comment l'oublier ?

C'est le jour où tout a commencé. Le jour où je me suis retrouvée en cours de philo assise derrière Judith Devilliers. Un des plus beaux jours, je pense.

Ce même jour où Maxence, mon meilleur ami, m'a assuré que cette fille était "trop cool" et qu'elle allait finir par traîner avec nous, qu'elle le veuille ou non.

Judith était mon opposé : alors que j'étais discrète, elle accrochait les regards. Les gens la trouvaient cool, différente, mais pas choquante -du moins pas tous.

Je l'ai remarquée immédiatement ; ses cheveux roses, son look "90's" ses yeux bien trop maquillés pour avoir l'air beaux.

Elle m'a parue incroyable.

Ce jour là je suis allée lui parler comme à une amie, l'invitant à nous rejoindre Maxence, moi et notre petit groupe d'amis pour manger. Elle m'a sourit et a débarqué avec trois gaillards cloutés jusqu'aux os.

On a mangé, on a ri, les gaillards cloutés n'étaient pas si terrifiants qu'ils y paraissaient. Ils étaient même assez sympas, à y repenser. Mais moi, je n'avais d'yeux que pour Judith.

Sa manière d'être, son rire, son attitude "je m'en fous" et même sa fâcheuse habitude à lever son majeur à tout va, même à moi lorsque je lui ai demandé de décaler sa chaise.

Depuis, j'ai compris qu'elle considère plus ça comme une marque d'affection que comme une véritable offense.

À y réfléchir, je le vois comme ça aussi, maintenant.

L'après-midi, elle m'a donné son numéro et le soir, elle m'a envoyé un message. Juste ça, un "Hey" basique.

Mais ce "Hey", ce début de discussion banal finira en une discussion passionnée sur l'art aux alentours de trois heures du matin.
Voilà ce que j'ai compris ce jour là : Judith est une artiste. Judith a son style, son art à elle, mais elle suit aussi celui des autres. Judith peint, Judith écrit, Judith prend des photos, Judith chante. Judith ne joue pas d'un instrument ; elle n'a jamais appris.

Ce jour là, le premier jour, Judith est devenue mon amie.