Dystopia 2036 [MxM]

1 - Ravitaillement

— 2036 —

          « Inspirer, expirer... »

          Alexandre, 27 ans, se tenait sur le toit d'une maison, debout, les pieds bien ancrés dans les tuiles qui menaçaient de rompre sous son poids à n'importe quel moment. Après une petite réflexion, ça ne lui semblait plus être une si bonne idée que ça, mais bon, il avait faim, il devait manger.

          À ses pieds se trouvait son sac à dos. Il tenait dans ses mains une carabine, qu'il avait trouvé il y a quelques années. Son viseur étant cassé, il avait du apprendre à s'en servir sans.

          « Inspirer, expirer... »

          Il y avait, en plein milieu de ce qui avait du être auparavant un jardin peut-être bien entretenu, quatre formes dont deux d'entre elles avaient du auparavant être humaines. C'était bien à cause de la forme que l'on voyait ce qu'elles avaient été. Car le reste ne l'était plus. Entièrement chauves, et certainement aveugles vu les trous béant où auraient du se trouver leurs yeux, des mouches y avaient pondu leurs oeufs. Des griffes à la place des ongles, démesurément grandes, raclaient le sol par terre. Les deux autres formes avaient peut-être été des animaux, comme des gros chiens, ayant subi le même sort que les ex-humains.

          « Putain d'irradiés... »

          Alexandre regarda dans ses poches. Il lui restait bel et bien quatre cartouches de carabine. Pas question qu'il se rate. Il ferma un œil et il visa la poitrine de l'un d'entre eux. Avec le recul, la cartouche atterri en plein dans la tête d'un ex-humain, qui tomba au sol, avec pour seul bruit une sorte de gargouillement provenant du liquide noir qui sortait de son cou. Alexandre souffla, sorti une deuxième cartouche, réitéra son action sur l'autre ex-humain qui subit le même sort que son congénère. Les deux irradiés restant avaient relevé la tête, humectant l'air pour savoir qui avait fait ce bruit.

          « Plus que deux... »

          Il sorti la troisième cartouche de sa poche, et il essaya de s'appliquer. C'était plus petit, impossible de calculer correctement où le tir allait atterrir. Il bougea un peu son pied, baissa sa carabine de quelques millimètre, et appuya sur la gâchette. Le recul le déstabilisa, il posa un genou sur le toit pour ne pas tomber. Mais son tir avait fait mouche, un des deux irradiés restant était au sol. Il esquissa un sourire, avant de prendre avec plus d'assurance sa dernière cartouche.

          Il remarqua que le dernier irradié s'était beaucoup trop rapproché de la maison. Sans perdre plus de temps, Alexandre se releva et le mit en joue. Mais une tuile sur laquelle il s'était appuyé rendit l'âme et le toit s'effondra.

          « Putain, mais c'est pas vrai ! »

          Sous l'effet de surprise, Alexandre tira sa dernière cartouche en l'air, avant de tomber et de se répéter, une fois de plus, que ce n'était pas une si bonne idée que ça.

          Une fois la chute terminée, il se releva avec un peu de mal, non sans avoir prononcé une avalanche d'insultes et il chercha sa carabine et son sac des yeux. Alors qu'il se penchait pour les attraper, un souffle brusque et rauque arriva dans ses oreilles.

          « Et merde... »

          Le dernier irradié se tenait derrière lui, et Alexandre fit un silence de mort. S'il bougeait, il était mort. S'il faisait le moindre bruit, il était mort aussi. Il tendit la main vers sa carabine, qu'il effleura du bout des doigts. Ce fut comme un signal pour l'irradié, qui fonça sur lui sans demander son reste. Par un réflexe qui le surprit lui même, Alexandre frappa l'irradié sur la tête avec sa carabine. Il vola à travers la pièce remplie de tuiles, et il s'écrasa dans son coin pour rester immobile. Alexandre le toucha doucement du bout de sa carabine, avant de certifier qu'il était bel et bien mort. Il souffla un coup et il entreprit de fouiller la maison de fond en comble.

          Il trouva quelques conserves en bon état, des bouteilles d'eau de source qui dataient d'avant l'Apocalypse, mais qui avaient l'air encore potable. Il arriva dans ce qui devait être la salle de bain. Une baignoire couverte de moisissure, le rideau déchiré tombant en lambeaux, un lavabo plus que sale et un miroir fissuré. Un petit sourire aux lèvres, Alexandre s'approcha du miroir pour regarder son reflet. Ses cheveux roux coupés courts par ses propres soins depuis l'Apocalypse étaient presque invisibles. Il ne pouvait pas en dire autant des taches de rousseur qui parsemaient ses joues. Ses yeux, couleur noisette, pouvaient avoir des reflets orangés suivant la lumière. Il regarda une dernière fois ses lèvres charnues avant de détruire le miroir d'un coup de coude. Il chercha également des cartouches pour sa carabine, mais malheureusement, il n'en trouva pas.

          Il sorti de la maison, en ayant prit le soin de regarder aux alentours s'il n'avait pas été suivi, par des humains ou des irradiés, ou les deux. Ça, ça serait un comble. Il remit sur une moitié de son visage son foulard et il plaça sur ses yeux ses lunettes de moto, grosses, épaisses et très résistantes.

          Malgré sa chute et son dos qui lui faisait mal, il était heureux : il avait de quoi se remplir l'estomac pour quelques jours.