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« Cher Cœur,
J'ai rencontré un homme il y a quelques jours.
Je ne me qualifie pas de désespérée, mais je dois bien admettre que les circonstances de notre rencontre le sont - mais qu'importe : je mentirai à ce sujet si besoin il y a.
Je ne te donnerai pas son prénom et surtout pas son nom de famille puisque je ne le connais pas.
De ce que j'ai appris de lui, sa vie est aussi pleine de faux-pas et de souffrance que la nôtre. Aussi ne lui en voulus-je pas lorsqu'il préféra ne pas répondre à mes questions - je n'avais pas le droit, puisque j'avais fait la même chose.
Il n'est ni beau, ni laid.
Peut être que sa maturité et nos quatre ans d'écart renforcent ce sentiment féroce, mais émane de lui un charme dévastateur et incandescent : il avait ruisselé sur ma peau comme du miel brûlant.
Sa voix est rauque, sombre, tintée de non-dits, de secrets inavouables et de blessures passées.
Il est touchant d'une certaine façon : à vouloir trop se cacher, il avait fini par briller dans la pénombre de ses mensonges par omission.
Ses cheveux ébène s'accordent à merveille avec sa peau burinée par le soleil et son regard d'encre. Grand et musclé, il l'est. Sûrement est-ce aussi pour cette raison futile qu'être à ses côtés me donne l'impression d'être invincible. Sûrement est-ce aussi pour cela qu'il excelle dans son sport : ses muscles turgescents, son dos parfaitement ciselé et ses grandes mains le rendent invincible sur un ring de boxe.
Il habite dans un quartier plutôt huppé de la capitale lumière et pourtant, le soir où nous nous sommes vus, son appartement baignait dans une obscurité troublante - presque rassurante.
Nous avons discuté et rigolé comme des enfants turbulents. Il a préparé de quoi manger et m'a regardée dans les yeux avec plaisir et désir.
Je craignais le silence mais sa langue avait su combler mon mutisme exaspérant.
Il est intéressant, divinement cultivé.
Il écrit, comme nous. Malheureusement, j'ai refusé de lui avouer notre passion pour l'écriture.
Par timidité, peut-être.
Par honte, sûrement.
Tu sais, mon Coeur, en venant chez lui, je m'étais fait la promesse solennelle de ne pas l'embrasser et encore moins de coucher avec lui. Je me l'étais promis car je pensais avoir définitivement quitté cette période sombre de notre vie où je ressentais le besoin de coucher avec un homme pour exister, pour me sentir importante dans ce monde où je n'étais qu'une petite étudiante insignifiante.
Je l'ai repoussé une fois, deux fois.
À la troisième, l'appel de ses lèvres charnues a fait fondre mes barrières mentales. Quatre heures plus tard, j'étais nue, courbaturée, affligée et attristée par ma faiblesse d'esprit. Alors quoi, n'étais-je qu'un être de chairs soumis aux besoins les plus ancestraux de la race humaine ? N'étais-je rien de plus que cette misérable chose aux besoins avides de chaleur humaine ?
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A N O N Y M A T
Random« Vis. », m'avait-on dit. « Survis. », les avais-je repris. « Souris. », m'avait-on ordonnée. « Mime. », les avais-je corrigés. Génétiquement conçus pour nous autodétruire, héréditairement périssables et pathologiquement passionnés pour nous nui...
