Esclave de sa Nature

Chapitre 6

Athènes, 389 av. J.-C.
15ème jour du mois d'Elaphébolion (Mars)

— Un loup m'a attaqué.

Lyssipée avait sorti cette phrase comme elle la détestait. Elle ne détestait pas l'ami qui lui avait fait cette blessure, non, mais elle détestait la malédiction qui l'avait poussé dans cet état d'ignorance totale de la réalité qui l'entourait, de besoins sanguinaires. Et elle souhaitait plus que tout que la blessure soit superficielle bien qu'elle ne voulait pas se faire trop de faux espoirs.

Zéna avait ouvert des yeux ronds durant une demi-seconde avant d'intégrer l'information.

— Il ne t'a pas épargné, dit-elle.

Lys se força à regarder l'étendue des dégâts et ne fut pas déçue de voir la profondeur de la plaie. Elle se retint avec force de pleurer.

Zéna voyant sûrement sa détresse tenta à sa manière de la rassurer.

— Ne t'inquiète pas, je ne pense pas que ce soit assez grave pour que tu perdes ton bras.

Lys resta bouche bée face à sa phrase et rit doucement. Elle ne craignait pas de perdre son bras, elle préférait même le perdre si cela voulait dire que des dons de loup-garou n'avaient pas pu le sauver. Car elle savait que si le gène s'était transmis alors elle n'aurait pas à craindre quelconques complications de son état, ses nouvelles capacités la guériraient.

Zéna qui avait du mal à saisir la cause des rires de la jeune fille souffla.

— Tu es bien étrange Lyssipée.

— Lys, corrigea cette dernière. Tu peux m'appeler Lys.

Zéna sourit maladroitement avant de passer de l'eau qu'elle qualifia de « pure » sur la blessure de Lyssipée. Celle-ci retint son souffle face à la douleur et respira profondément.

Après l'avoir purifiée, Zéna demanda à Lys de s'installer dans la cuve d'eau chaude.

— Repose-toi bien maintenant, car la prochaine fois ne sera pas avant longtemps, souffla-t-elle.

Lys prit donc plaisir à sentir la chaleur se diffuser dans son corps tout en prenant garde à ne pas trop plonger son bras gauche. Elle soupira d'aise et sourit.

Zéna lui frotta le dos à l'aide d'un grattoir qui irrita sa peau, mais elle ne dit rien. Elle profita encore de la chaleur bienfaisante quelques minutes avant de sortir de l'eau.

Zéna la drapa ensuite d'une toile de lin avant de la faire asseoir sur le bord de la cuve. Lys la regarda aller et venir dans la pièce avant qu'elle ne lui redise de se lever.

— Assieds-toi là, fit-elle en lui présentent un klismos.

(N.B: j'ai lu que le klismos était la chaise la plus utilisée en Grèce antique )

Lys obéi et s'assit sans un mot sur le siège confortable dont elle n'avait jamais pu profiter avant. Elle attendit la suite et lorsque Zéna se mit à brosser ses longs cheveux noirs puis à les glisser devant elle, elle ferma les yeux pour mieux profiter des soins dont elle était l'heureuse victime.

Si cela ne devait pas arriver de nouveau, elle voulait en profiter au maximum aujourd'hui.

Zéna fit descendre le carré de lin jusqu'aux reins de Lys et entreprit de lui masser les épaules. Aussitôt, une douce odeur florale envahit la pièce et Lyssipée sentit avec une joie toute nouvelle l'odeur de sa fleur. Elle comprit que Zéna utilisait un onguent parfumé pour la masser, elle sourit et profita de ce moment délicat.