Chapitre 18.1 ~ Anna

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— C'est l'homme qui nous a parlé à l'entrée ?

— Oui.

— Il a l'air sympa en effet. Que me conseilles-tu ?

— Tu as très faim ?

— Oh oui, je suis affamé, cette journée à l'hôpital a été un enfer...

— Alors pourquoi pas les lasagnes ?

— Bonne idée... Et toi ?

— Je crois que je vais me laisser tenter par une pizza aux poivrons.

— Parfait !

Il fit signe à Angelo qui vint tout de suite prendre notre commande et nous apporter une bouteille d'eau. Je profitai qu'il soit occupé à me servir un verre pour l'observer plus en détails. Il portait une chemise gris anthracite avec une veste noire et un jean noir près du corps. Simple et élégant. Il avait l'air fatigué mais content d'être arrivé à temps. Pendant que je le regardais à la dérobée, il enleva sa veste.

Je ne pus m'empêcher d'apprécier avec convoitise les muscles de son torse et de ses bras qui bougeaient sous le tissu de sa chemise. J'avais envie de la lui enlever et de le caresser partout. Je rougis. Mais d'où me venaient toutes ces idées coquines ? Je ne comprenais rien. Avant ce dîner, j'étais morte de trouille et maintenant, j'avais envie de lui rien qu'en le regardant. Pourquoi ?

Je commençai à m'agiter sur ma chaise. Il fallait que je me calme. Je devais trouver un sujet de conversation, histoire de penser à autre chose.

— J'ai cru comprendre que ta journée a été difficile ?

— Oui, mais je n'ai pas envie de t'ennuyer avec mon travail.

— Tu ne m'ennuies pas...

— Et bien, journée compliquée. Gros accident de la route. Notre hôpital a pris en charge plusieurs blessés graves et j'ai été obligé d'enchaîner plusieurs opérations lourdes à la suite. D'où mon retard.

— Je comprends mieux maintenant pourquoi je n'ai pas réussi à te joindre.

— Et toi ? Comment vas-tu depuis notre soirée de mardi ?

— Je... euh... Plutôt bien.

Je baissai la tête en regardant mes mains posées sur la table. Je me sentais tout à coup mal à l'aise à l'évocation de notre première soirée. La culpabilité ressurgit soudain dans mon esprit telle une vague dévastatrice. Comme je n'arrivais pas à parler, Alexandre me demanda doucement :

— Anna, ça va ? J'ai dit quelque chose de mal ?

— Non, c'est juste que...

— Tu n'as pas aimé ce que nous avons fait chez moi ?

— Si, j'ai beaucoup aimé... Mais, je ne... je me sens...

Ses grands yeux verts me regardaient avec inquiétude et incompréhension. Je me sentais tellement coupable. Je n'arrivais pas à me libérer du spectre de Sébastien. Mais je ne pouvais pas me confier à Alexandre, il ne comprendrait pas.

— Je me sens... perdue.

— Pour être honnête, moi aussi.

— Pourquoi ?

— Et bien comme je te l'ai déjà dit, je n'ai pas l'habitude des rendez-vous galants et j'ai un parcours assez... particulier.

— Particulier ? C'est-à-dire ?

— Disons que je ne connais pas vraiment les relations de couple « classiques ».

— Que veux-tu dire par là ? Tu n'as jamais eu une relation sérieuse, c'est ça ?

— Non. Enfin, oui. C'est plus compliqué que ça.

— Je ne te suis pas. Oui ou non ?

— Oui, j'ai eu une relation qu'on pourrait qualifier de sérieuse mais qui n'était pas vraiment « classique »...

— Je ne comprends toujours rien à ce que tu me dis...

— Je n'aime pas trop parler de ça.

A ce moment-là, la serveuse arriva avec nos plats. J'étais très intriguée par ce qu'Alexandre essayait de me dire. Une relation sérieuse mais pas classique. Ça voulait dire quoi ? Ménage à trois ? Libertinage ? Mystère...

— Bon appétit !

— Merci, à toi aussi !

Il entama son plat de lasagnes d'un air pensif et je fis de même avec ma pizza qui sentait divinement bon. Je voulais en savoir plus sur lui et son passé mais j'hésitai à lui poser davantage de questions. Je ne voulais pas le brusquer. J'optai donc pour le silence. Pour le moment.

— Tu aimes tes lasagnes ?

— Oui, c'est vraiment délicieux !

— Tant mieux.

— Tu as passé du temps avec ton père depuis l'autre soir ?

— Oui, nous avons passé la journée ensemble hier. On a fait les touristes. C'est un peu notre rituel à chaque fois que je suis chez lui. Un peu comme un parcours obligé. Je connais tout par cœur mais ça me fait plaisir de le voir sourire alors...

— Tu as de la chance.

— Oui, c'est vrai. Et toi ? Tu passes du temps avec ton père ?

— Il travaille beaucoup à l'hôpital et puis, depuis la mort de ma mère, il n'est plus le même.

Sa voix n'était plus qu'un murmure quand il termina sa phrase. La tristesse que je lus dans son regard me toucha en plein cœur. Je posai ma main sur la sienne doucement en lui souriant.

— Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'en as pas envie.

— Je sais, mais... je voudrais essayer. J'aimerais qu'on apprenne à mieux se connaître.

— Moi aussi, mais... j'ai du mal à te parler de mon passé.

— Ce n'est pas simple. Je crois que nous avons besoin de temps.

— Tu n'as pas tort...

— En tous cas, je veux que tu saches que notre soirée n'était pas juste un coup d'un soir pour moi.

— Je... euh...

— C'est ce que je représente pour toi ?

— Non... mais...

— Mais quoi ?

— Je te l'ai dit, je suis complètement perdue. Je voudrais donner une chance à notre relation et en même temps... Je suis terrifiée.

Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant