[Eldarya][Valkyon][Terminée] La Prophétie

Chapitre 9

Je marchais seule dans les alentours du camp de fortune qu'on avait installé. J'avais besoin d'être un peu seule pour digérer les dernières révélations de la veille, j'étais l'élue. Et s'ils se trompaient ? Je sentais le poids d'une trop lourde responsabilité pesait sur mes épaules. Je ne serais jamais à la hauteur, je n'ai jamais été à la hauteur de quoi que ce soit. Ce monde m'était inconnu, je ne connaissais rien aux peuples qui vivaient ici, aux coutumes, aux légendes et à l'histoire de ces terres et on me demandait de les sauver ? L'anneau autour de mon doigt me semblait à présent maudit, m'enfermant dans des obligations que je ne voulais pas.

J'entendis des pas venir dans ma direction et me retournais pour voir Valkyon approcher. Son sang tachait encore ses vêtements et la fatigue et le chagrin se lisaient sur ses traits.

- Je sais que ce doit être dur pour toi. Commença-t-il. Mais tu n'es pas seule.

- Jamais je ne serais jamais à la hauteur de tout ce que vous attendez... Ne fondez pas tous vos espoirs sur moi.

- Et pourtant on a tous besoin de toi... J'ai besoin de toi.

Je levais les yeux vers lui et son regard me fit rougir. Avait-il vraiment dit ça ? A quel moment avions-nous passé le stade de la simple amitié ? Je me détournais pour cacher ma gêne mais le sentiment étrange qui m'avait envahi la poitrine ne m'aidait pas à réfléchir.

- Je ne pourrais pas rester de toute façon. Je veux bien vous aider à libérer Eldarya, mais une fois que ce sera terminé, je devrais retourner sur Terre. Je n'appartiens pas à ce monde.

Je sentis un pincement au cœur quand je prononçais ses mots. Quitter mes amis et quitter Valkyon sera difficile, mais je ne peux pas abandonner ma grand-mère et mes parents, même s'ils ne s'intéressaient pas plus que ça de moi. La différence dans l'écoulement du temps jouait en ma faveur, je pouvais rester ici un moment, mais pas éternellement.

- Tel est ton choix... Répondit le guerrier après une seconde de silence. Nous levons le camp demain matin à la première heure.

Le lendemain comme prévu, la petite troupe, dirigée par Keroshane se prépara à partir. Les tentes étaient démontées, les feux éteins et les chevaux scellés. La rumeur de la prophétie s'était propagée parmi les nains, brownies et semi-humains de la bande et leur regard tantôt perplexe tantôt teinté d'espoir me fixaient peu importe où j'allais.

- Nous nous rendons encore plus au nord, vers Westoria, le royaume nain. Les orques ne se sont pas engagés au-delà des Quatres monts.

- Et à l'est ? Demanda le vampire.

- Le bois du Pré-vert a été épargné et plus à l'est encore, les landes ne les intéressent pas.

- Les nains se lieront à notre cause ? Demandai-je à Keroshane.

- Oui et non... Il faudra les convaincre. Répondit-il grave.

Nous avions marché plusieurs jours pour atteindre les Terres des Nains. La température diminuait au fur et à mesure que l'on grimpait le long des chemins verdoyants sillonnant les montagnes. La suite de chevaux progressait lentement entre les conifères proliférant le long de la route. La troupe était silencieuse pendant le voyage et les rares pauses l'étaient tout aussi.

- Nous approchons de l'entrée de Westoria. Nous avertit un homme de petite taille à la barbe fournie.

En effet, moins d'une heure après, nous rencontrâmes une statue de pierre imposante nous barrant la route. Keroshane descendit de sa monture et lut à haute voix l'inscription ornant le bas de la statue, à moitié dissimulée par la brume.