Chapitre I ~partie 1~

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                                          10 jours plus tôt.

Je rentre dans la salle d'attente, et me dirige vers la seule chaise vide que je trouve. Je ne prends même pas la peine de lancer un ''bonjour'' aux personnes présentes dans la pièce.

Je suis assise dans un coin, assez loin des autres. Je vais pouvoir lire en paix.

Je tire mes lunettes, et commence ma lecture. J'ai déjà lu ce livre, deux ou trois fois. Je le trouve passionant. Je n'ai jamais eu l'occasion de me battre, ou de mener une guerre, ni même une simple révolte.

J'aurais aimer pouvoir le faire, en avoir la force et les capacités. Je ne me plains pas de ma vie, elle est calme et paisible. J'ai des amis, des parents qui m'aiment, et je suis rentrée à l'université un an en avance. Sauf que je ne sais pas, des fois, j'ai l'impression qu'il y a vide. Qu'il manque quelque chose pour qu'elle soit vraiment parfaite, à mon goût. Comme dans mon livre. Oui. C'est pour cela que je m'y suis tant attachée, parce que je n'arrête pas de me voir dans la peau de ce personnage.

Les minutes passent, des gens sortent, et d'autres entrent. J'entends du bruit, pas loin d'où je suis, mais je n'arrive pas à détourner les yeux de cette page.

Une odeur masculine, particulièrement délicieuse, me chatouille les narines et m'empêche de lire correctement. Je ne cède pas. Je ne vais pas m'arrêter au milieu d'un chapitre seulement parce qu'une personne sent bon. Ou terriblement bon.

J'arrive finalement à calmer ma curiosité et arrive enfin au bout de mon chapitre.

Il y a beaucoup de bruit dans la pièce, je ferme donc les yeux avec pour but de me détendre.

J'ai l'impression que quelqu'un me regarde. Non, j'en suis certaine. Mes joues chauffent et je serais prête à parier qu'elles aient changé de teinte. N'étant pas de nature timide, je fronce les sourcils. Je ne veux pas rougir. Je ne veux pas être observée.

J'avale ma salive et attarde mon regard sur une page, que je ne lis pas pour autant.

On appelle mon nom, je me lève et suis l'assistante. Je ne sais toujours pas qui sentait aussi bien, et qui me regardait.

Je me trouve à l'instant dans le cabinet d'un psychologue. Je ne viens pas le voir pour des raisons personnelles, mais parce que la loi en veut ainsi.

Toutes les personnes ayant atteint l'âge de dix-sept ans doivent suivre des séances quotidiennes chez un psy. Ce-dernier doit nous initier à la vie adulte, nous aider à régler nos problèmes d'adolescents et nous expliquer l'importance de la loi. C'est ça, son rôle.

Je me suis habituée à lui parler, de tout et de rien, pendant une heure chaque samedi. Et chaque samedi, il me pose la même question. Il me demande si je n'ai pas vécu une expérience bizarre. Et chaque samedi, je lui réponds que non, que ma semaine s'était passée le plus normalement possible. Mais au fond, j'aimerais vivre cette expérience bizarre.

J'aimerais goûter au mystère et même au danger. Mais ça ne veut pas arriver. Et je dois faire avec.

Tout le monde sait qui je suis. Je suis Faye Kingston. Ma famille est une sorte de famille royale, elle établit les lois depuis des millénaires. Il n'y a jamais de guerre, ici, ni de manifestations. Rien. La paix règne. L'ennui également. 

Mon dix-huitième anniversaire approche à grands pas. Mère m'a dit que j'aurais un cadeau différent des précédents, elle dit qu'il me plaira. Je m'imagine déjà trouver une autre robe que je devrais porter à un autre banquet. La robe serait différente, cette fois. Bleue, peut-être. Je ne mets jamais de bleu, Mère dit que trop de personnes portent cette couleur. 

Le psychologue est en train de me lire l'article IV de la Constitution, comme à chaque début de séance. Je n'ai jamais compris cet article, je n'ai pas le droit de demander à quelqu'un ce qu'il veut dire, je n'ai d'ailleurs pas le droit de parler de mes séances en dehors du cabinet. 

Je n'ai rien à dire, aujourd'hui, vu que je ne peux pas lui dire que je veux que ma vie change. J'en ai marre de n'avoir personne à qui me confier. J'en ai marre de toutes ces lois. J'en ai marre d'avoir la vie parfaite d'une princesse de conte de fées. 

Mais dans un conte de fées, il y a toujours un élément déclencheur. Il y a toujours un changement, quelque chose de nouveau. Il y a ce prince charmant qui sauve la jeune fille et la libère de sa tour. Et puis dès qu'il la regarde dans les yeux, c'est le coup de foudre, ils se marient, vivent heureux et ont beaucoup d'enfants. Je ne crois pas à l'amour, c'est stupide. 

Alors que je sors de la pièce, un homme y entre. Je reconnais le parfum, mais je n'ai pas le temps de voir son visage. Avant qu'il ne referme la porte, j'entends le psy lui dire ''Bonjour, Monsieur Malik. Comment s'est passée votre semaine ?''.

****

                                                                        Day 1

Je ne vois rien. Mes yeux sont recouverts d'un voile; sombre. Je marche. Je traverse ce long chemin, sur mes deux pieds, en attendant que l'on me dise de m'arrêter. J'ai enfin dix-huit ans. 

Ma robe est trop longue, j'ai peur de tomber. J'entends des bruits autour de moi. Des voix de femmes, d'enfants, et d'hommes. Je sais que c'est de moi qu'ils parlent. Je sais aussi qu'ils me regardent, je le sens.

Sauf que personne ne sait que je suis libre, désormais. Personne ne sait que c'était ça, mon cadeau. La liberté.

Une voix autoritaire me prie de m'arrêter. Nous sommes arrivés. Je suis arrivée.

 Ces quelques mètres m'ont paru si longs!

Jamais je ne retoucherai ce sol.  Je sais que je devrais mon réjouir, que j'attends ça depuis des mois, mais je ne pourrais décrire ce que je ressens en ce moment-même.

Je suis née ici. J'ai grandi ici. J'ai vécu ici...

Je me tiens debout, stoique; on me prendrait facilement pour une statue.

Mes accompagnateurs commencent à s'impatienter. Je suis impatiente. Je veux vivre, aller à l'aventure. 

Je me tourne une dernière fois et lève mon voile. Je sens mes lèvres s'étirer, je souris. Je souris à cet endroit, qui dans quelques instants, ne sera plus que mon passé. Je me sens plus forte que jamais. 

Je veux tout voir, analyser les moindres détails, pour en faire un souvenir précis et inoubliable.

Je me demande ce qu'on a raconté aux gens; Mère m'a dit que je ne devais pas m'inquiéter, que tout était réglé. Je n'ai donc pas à m'en préoccuper.

J'inspire un bon coup, et monte dans la voiture noire qui est en face de moi. Je ferme les yeux, et souris, pensant à ma nouvelle vie. Je m'endors rapidement.

                                                                                 ***

J'entends des voix autour de moi, j'ouvre les yeux, et regarde autour de moi. Je suis dans une chambre, semblable à celles du palais. Je suis seule, il n'y a personne ici. Les voix s'intensifient, j'entends un nom. Un nom que j'ai déjà entendu quelque part, mais où ?

Où ai-je déjà entendu ce nom ?

Malik. Malik. Malik. Où ? 

Où suis-je ? Qui est-ce ?

Soulmates -Zayn MalikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant