»Tu as grandis comme un vrai petit garçon, tu jouais et tu apprenais. Tu n'allais pas à l'école car ils avaient peur que leur « sujet » se blesse mais tu vivais bien. Tu étais heureux jusqu'à l'accident... Nous étions ici, sur cette île, et tes parents ont décidé de faire une balade en barque. Je les ai accompagnés et nous nous amusions bien. Mais les vagues nous ont faites presque basculer par-dessus bord et ta mère est tombée à l'eau... Son côté hybride avait une réaction extrême à l'eau, et sa panique nous a empêché de la remonter... Ton père a sauté à l'eau pour la sauver tandis que j'essayais d'immobiliser notre embarcation. Seulement, une vague plus puissante que les autres l'a renversée... J'ai perdu connaissance et, quand j'ai rouvert les yeux, j'étais à l'hôpital. J'ai appris que j'avais failli mourir noyé mais que j'avais miraculeusement survécu, contrairement à tes parents...

»Hors de la protection de ta mère, les fous tentèrent de t'utiliser de plus en plus, surtout pour tenter de faire ressortir la marque de ta mutation. Heureusement j'étais là.

»Quand tu avais un an, une de nos scientifiques était enceinte. Cela n'a fait qu'attiser leur folie et ils ont implanté au fœtus un peu de ton ADN... A la naissance, le bébé ne vivait presque plus car son organisme avait rejeté en partie ce corps étrange, le privant d'une partie de ses cellules et endommageant certains organes. Encore une fois, j'étais là, et j'avais étudié l'éventualité. J'avais réussi pendant ces neuf mois à recréer certaines parties du corps en version robotisée. Nous avons donc pu in-extremis remplacer tout ce qui manquait, et l'association de ces trois types de gène différents l'a miraculeusement maintenu en vie. Nous ne savons toujours pas comment ça a réussi et nous ne le saurons jamais car il nous était impossible de le quitter des yeux cinq minutes, il ne se laissait pas faire. Nous ne pouvions que constater les effets visibles comme sa grande force et son intelligence hors-pair. Deux de nos scientifiques ont alors créé un boîtier générant des ondes capable de le maîtriser, mais cela pouvait être mortel à haute dose.

»En constant que vous deveniez ami, j'ai décidé d'abandonner mon yacht à leurs mains et de me cacher ici en surveillant discrètement toutes leurs activités. Ainsi, quand j'aurais récupérer suffisamment d'information, je pourrais les dénoncer à la police, car ces expériences ne sont pas les seules choses qu'ils font sur ce bateau. J'ai emporté avec moi toutes mes découvertes et travaux importants pour éviter qu'ils ne s'en servent. Je savais que tu serai en sécurité même si j'ai eu un pincement au cœur quand je mis en place ma disparition... Ils t'ont toujours dit que je m'étais enfui lâchement, mais pour eux je suis mort. J'entends tout ce qu'il se passe sur ce bateau, j'en suis plus que sûr. J'ai changé d'apparence, de style vestimentaire, et j'ai pris l'identité de Seb', gérant de bar sur la Barbade depuis plus de trente ans. Tout était parfait, personne ne connaissait mon secret... Sauf vous maintenant.

Il s'arrêta dans son monologue, nous regarda longuement les uns après les autres. Moi, j'étais complètement abasourdi. Et dire que je pensais avoir vu et entendu le pire sur le bateau... Ce que je venais d'écouter m'avait atteint en plein cœur... Je tournais la tête vers Fuka et constatais qu'il pleurait en silence, ça fait mal à voir en sachant qu'il avait vécu tout ça sans vraiment le savoir. Bboy avait une expression indéchiffrable peinte sur le visage. Il semblait être en plein questionnement intérieur, comme absent, fixant un point inexistant sur le sol. Soudain, le rouquin se leva et prit son oncle dans les bras en pleurant et dit entre deux sanglots :

-J'ai toujours cru que tu étais mort... Je les ai entendu parler... Mais tu étais là...

Jack le serra à son tour et le rassura à son tour puis ils se séparèrent. L'adulte nous regarda tous trois avant de dire :

-Je vais m'occuper de Azenet maintenant. Vous pouvez sortir si vous voulez mais surtout restez ensemble. Vous avez pu sortir du bateau une fois mais vous ne pourrez pas tromper leur vigilance une seconde fois. Ce soir, revenez ici, j'aurais fini de réparer ses organes vitaux donc il devrait être réveillé d'ici là.

Sur ces sages recommandations, il ouvrit une porte autre que celle que nous avons empruntée et qui menait sur un sas puis directement dehors. Il nous demanda de repasser par ici quand on reviendra et nous sortîmes ensemble tandis que la porte se referma sur un secret lourd de conséquence.

On marcha en silence un moment, jusqu'à atteindre la plage où on descendit avant de s'asseoir sur le sable fin. Le bruit des vagues nous parvint, empêchant le silence de s'installer entre nos trois esprits confus, et les mouettes exprimèrent leur joie en groupe. Une douce brise soufflait, faisant voleter quelques petits grains de sable qui se glissèrent dans nos chaussures et sous nos vêtements. Parfois, j'aimerais être un oiseau, pouvoir m'envoler loin de tout ces soucis librement... Ou bien un de ses grains microscopique qui me grattait les jambes pour n'avoir rien à faire, juste se laisser porter par les envies du vent... Puis je me dis que si j'étais une de ses deux choses je n'aurais jamais pu faire certaines rencontres merveilleuses, comme la personne se situant à mes côtés qui occupe une grande place dans mon cœur.

Au fond, une question trottait en boucle dans ma tête comme le ferai un sportif en entraînement, t'as beau ne pas vouloir y faire attention tu reste fixé dessus. Jusqu'où tout cela va nous mener ? Jusqu'où ces personnes malhonnêtes sont prêtes à aller pour s'enrichir ? Et que ferions-nous s'ils y arrivaient, s'ils échappait totalement à tout contrôle ? Tant de questions qui en amenaient à chaque fois dix autres, et si peu de réponses encore... Il nous faut savoir, maintenant que nous sommes concernés nous devons agir pour les empêcher d'arriver à leur fin, parole de Zerator !!

Cela faisait maintenant une bonne heure que nous regardions le soleil grimpant les échelons invisibles du ciel pour rejoindre sa place. Bboy se leva et se tourna vers nous en disant :

-Bon, je vous laisse en amoureux, je vais retourner voir Seb'... 'Fin, Jack plutôt. Je suis sûr que vous saurez vous défendre sans moi !

Il nous fit un petit signe de la main et remonta sur la digue. Intérieurement, je riais car je savais pertinemment que ce n'était qu'une excuse pour être aux côté de Aze quand il se réveillera enfin. Mon sourire en coin m'attira un regard interrogateur de la part de Fuka, alors je lui expliquai laconiquement :

-Tu verras, mais surtout ne sois pas surpris !

Il secoua doucement la tête, l'air de dire « Mais quel gamin ! », puis il me fixa les yeux dans les yeux avant de souffler :

-Je pense que je peux t'expliquer ce qu'il s'est passé sur le bateau maintenant que j'ai retrouvé mes souvenirs...

{Zerano}  Au cœur du traficOn viuen les histories. Descobreix ara