Je vais m'adosser contre une poutre en face d'elle, mais ma rose est tellement concentré sur son lancé qu'elle ne me voit pas.
Les quatre hommes autour d'elle et les deux femmes l'encouragent en braillant comme des demeurés.

Lorsqu'elle rate son coup, tout le monde crie victoire avant de lui demander de boire cul sec un shot de liqueur.
Elle s'exécute en rigolant, et je vois rouge en réalisant qu'elle est déjà complètement bourrée.

Au même moment, un type lui demande d'enlever son haut en guise de gage, et dans l'euphorie ambiante il pose ses mains sur le bas de sa chemise pour l'aider à la retirer.

Je ne vois plus rouge, mais noir.

Je bondis sur le gars en le poussant à terre, avant de saisir violemment les mains de Léna qui s'apprêtaient à retirer sa chemise.

—Arrête ! T'as assez bu comme ça !

—Mais oooooh, râle-t-elle d'une voix trop joyeuse. Je m'amusais bien ici moooooaa !

—Laisse-la jouer si elle veut encore jouer, peste une dinde.

Je pivote vers elle pour la fusiller du regard.
Je l'ai déjà baisée, et son vieux corps moisi n'arrivait même pas à garder les jambes écartées.

—On rentre, dis-je d'un ton glacial à l'ensemble du groupe. Continuez votre jeu sans elle.

Heureusement pour eux, ils n'insistent pas, et j'entraîne ma belle complètement bourrée qui n'arrête pas de trébucher.
Ma voix fulmine :

—T'as bu combien de verres ?

Elle éclate de rire et je comprends que c'est plus que la norme.

Agacé qu'elle n'arrive plus à marcher droit, je la soulève pour la balancer par dessus mon épaule.

—Aaaaah ! crie-t-elle. Decsend moi ! J'ai le tournis !

—Tu descendras quand on sera à la voiture.

—Mais je veux faire pipi ! hurle-t-elle en faisant éclater mes tympans avec sa voix stridente.

—Tu te fou de ma gueule ?

—Non, mime-t-elle l'innocente. M'en fou, je vais faire sur toi.

Je la redépose brutalement sur le sol, et tente d'interpréter son regard.
Peine perdue, il est complètement à l'ouest.

Elle répète en braillant qu'elle veut aller aux toilettes, et la rage au ventre, je l'y emmène.

                                       ***

—T'étais où ? me demande-t-elle assise sur la cuvette.

Je lui réponds sèchement en croisant les bras.

—Avec Auguste.

—Et t'as fait quoooooaa ?

Son sourire bourré, me fait fondre.
J'adouci ma voix pour la hâter :

—Allez dépêche-toi. On va pas y passer la nuit.

Elle râle un petit coup, termine ses besoins, puis se redresse pour remonter son jean mais n'y arrive pas.

Je ne sais pas comment elle s'y prends mais ses mains ne sont plus en adéquation avec son corps.
Je soupire encore et encore en l'aidant, puis une fois correctement rhabillée, je l'entraîne vers le lavabo pour se laver les mains.

Cette folle me balance de l'eau en pleine figure, et part dans un fou rire incontrôlable.
Elle ne sait peut-être plus mettre un pantalon, mais elle sait très bien viser.
Pris dans son jeu, je lui jette aussi de l'eau sur le visage, mais elle l'esquive et reçoit tout sur sa chemise.

—Ah ben je suis toute mouillée ! fait-elle comme une petite fille.

D'un geste rapide et fluide, elle retire sa chemise.
J'en reste bouche béé.

—Moon, qu'est-ce que tu fais ? Remets-la !

—Elle est mouillée ! peste-elle sur un ton évident.

En moins de deux secondes, elle se retrouve collée à moi.
Je ne comprends pas comment elle fait ça, mais ses mains glissent sous mon pull pour me l'enlever.

—J'ai envie de toi Jad, m'implore-t-elle avec ses petits yeux verts très brillants.

—Ici ?

Elle parvient à retirer mon pull, et s'attaque à mon pantalon, mais je l'en empêche.

—Arrête Moon. Tu fais n'importe quoi.

Ses yeux s'ancrent dans les miens, mon cœur se trouble.

—Mais je me suis tenue à carreau comme tu le voulais ! Tu me dois bien ça !

Touché par la sincérité de sa voix, je la serre dans mes bras pour l'embrasser sur le front.

—Pas ici, Moon. On verra ça à l'appart.

Elle me repousse brusquement en clamant :

—Tu ne m'aimes pas !

—Quoi ?

—Tu ne m'aimes pas, répète-t-elle d'une voix chantante.

—Arrête putain. Tu confonds tout.

—Je confonds quoi ?

—Sexe et sentiments.

—Moi je veux que le sexe ! Les sentiments sont beurk !

Son corps s'affaisse sur le sol comme une marionnette.
Je la vois me fixer avec ses magnifiques yeux verts, quelques mèches noires sont tombées sur son beau visage.

Elle cache un secret, j'en suis sûr.
Un secret qui l'a brisée et qui l'a plongée dans un monde sombre et froid.
J'hésite à profiter de cet instant où toutes ses barrières sont ouvertes, où toutes ses défenses sont tombées à cause de l'alcool qui coule dans son sang.

Je la contemple en silence en me torturant l'esprit de savoir si je lui pose la question ou pas.
Est-ce qu'elle s'en souviendra ?
Est-ce qu'elle m'en voudra ?

D'un geste nerveux, je passe mes mains dans mes cheveux pour essayer de me contrôler. Je ne suis plus ce gars-là.
Je ne profite plus des jeunes filles innocentes et vierges.
Je ne suis plus mon père.

À ce mot, mon coeur s'affole et mes yeux s'ouvrent brusquement.

J'ai dis "mon père"?

Je frise l'apnée. Je revois la vieille bique m'astiquer le sexe, puis moi la prendre par derrière.
Je manque de vomir.
J'accoure vers le lavabo, et ma bouche grande ouverte déverse des litres de liquide jaunâtre.

Il faut qu'on parte d'ici.

Je laisse mon estomac cracher toute sa haine, pendant que je me motive mentalement à laisser mes anciens démons de côté.

Au bout de quelques minutes, je parviens à me ressaisir.
Je me tourne vers une Léna à moitié consciente qui me fixe avec les yeux grands ouverts.
Je la rassure par le regard, avant de la soulever pour la porter dans mes bras.

Elle passe les siens autour de mon cou, et je sors ma rose de l'enfer dans lequel j'ai baigné pendant onze ans.


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Quitte moi si tu peux  [Terminé ]Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu