Chapitre 3 - SOS Garçon en détresse

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Cela faisait bien dix minutes que j'avais mes fesses sur ce tabouret inconfortable et que je la regardais faire des allers-retours dans l'immense pièce un plateau à la main. Elle a le sourire, comme d'habitude, et s'arrête à chaque table, carnet à bout de bras.

Finalement, elle revient vers moi et s'affaire derrière le comptoir.

« - Tu es encore venu te plaindre Angus ? »

Alors théoriquement, je ne me « plains » pas. Non, je me lamente. C'est tellement plus fun de se lamenter sur son sort.

« - Et si je te disais que je venais pour la beauté de tes yeux ?

- Je ne te croirais pas. Tu ne viens là que quand tu veux me parler de Parker. Donc ? Qu'est-ce qu'il y a cette fois ? Qu'a-t-il fait ? »

Tout et rien en même temps. C'est hyper frustrant comme sentiment. On en veut à mort à une personne pour une raison qui n'existe théoriquement pas. On sait seulement qu'on lui en veut. On ne sait pas pourquoi, ni comment ce sentiment a débuté, mais on sait qu'on est en colère.

« - Rien. En fait, si. Il a tout fait. Mais genre, vraiment tout. Ce week-end il sort avec cette fille-là...Il ne la connait même pas !

- Justement, c'est peut-être pour apprendre à mieux la connaître ?

- Ça se trouve c'est une psychopathe, tueuse en série, croqueuse d'hommes !

- Ah bah oui ! C'est bien connu que toutes les femmes sont comme ça.

- Non, toi t'es différente Jo'. Toi, je t'aime bien.

- Oh, un compliment. C'est rare venant de toi.

- Je sais. »

J'aimais beaucoup Jo' malgré tout. Elle avait quelques années de plus que moi et c'était certainement ma confidente la plus intime. Cette jeune femme me servait un peu de « journal intime », mais en mieux. Et puis cerise sur le gâteau...Jo' était la sœur aînée de Parker donc parler de lui était devenu une routine entre nous.

Depuis que nous sommes petits, Jo' a toujours remarqué mon homosexualité. Elle avait même été la première à voir mes sentiments pour son frère, mais n'a jamais rien dit, bien au contraire. Elle m'encourageait à aller vers lui, à lui dire, sauf qu'à chaque occasion qui se présentait, aussi peu soient-elles, j'ai toujours fui, la queue entre les jambes. C'est le cas de le dire.

« - Sérieusement Angus, tu réfléchis trop. Si tu ne veux pas qu'il sorte avec quelqu'un d'autre...Dis-lui.

- Qui suis-je pour lui interdire de sortir ?

- Pas sa mère en tout cas. Mais si tu lui expliques...

- Ah oui ! Je me vois bien dire « Au fait Parker ! Je suis gay et je t'aime ! Voilà bonne soirée » ! Tellement cliché et j'imagine déjà sa réaction.

- Ça, tu n'en sais rien. Tu sais, il a beau être mon petit frère, il arrive quand même à m'étonner encore par moment. Cela ne veut rien dire. On ne connait jamais vraiment totalement une personne. C'est trop difficile. Je ne suis pas sûr moi de le connaître par cœur. Oui, je le vois venir et je peux t'aiguiller sur certaines situations, mais Parker a toujours été très secret sur ses sentiments et sa sexualité. »

En même temps, je ne pense pas que les frères et sœurs comptent dans les premières personnes à qui nous annonçons avec qui nous risquons de nous envoyer en l'air.

« - Donc ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas lui dire ou pas ?

- Honnêtement ? Je ne pense pas...Tu sais, des fois je me dis qu'il est bien avec Mona. Je veux dire...Je le vois sourire, je l'entends rire...Puis il semble être un « autre » Parker que celui que je connais.

- Et c'est ça qui te dérange non ? Le fait qu'il se montre sous un autre jour ?

- Peut-être...Je ne sais pas trop. Je suis heureux s'il est heureux. »

Je suis égoïste, mais je sais que je ne pourrais jamais apporter un tel bonheur à Parker. J'en suis conscient et je ne m'en cache pas. Pour ça, il faudrait déjà que l'on éprouve déjà tous les deux la même chose, ce qui n'est clairement pas à la page du jour.

« - Tu sais, je suis contente mine de rien qu'il t'ait dans sa vie...Mon petit frère. Il ne se rend pas compte, mais moi je le sais. Je suis contente que vous vous soyez trouvés tous les deux.

- C'est plutôt moi qui suis content de l'avoir. »

Parce que sans Parker dans ma vie, je me demande ce que je serais devenu. C'est triste à dire, mais je l'ai réalisé depuis un bon bout de temps déjà. Parker, mes sentiments à son égard, le fait que je me sois tant accroché à lui de la sorte, je pense que ça m'a un peu sauvé d'un certain côté. Sauvé d'une période pas facile.

Une période noire.

Il m'a sauvé sans en avoir conscience.

Il m'a aidé sans le vouloir.

Et puis, il m'a fait tomber dans tout ça.

Dans l'amour. Dans le bonheur.

Chaque jour c'était la même rengaine...Rien que de le voir suffisait à faire valser mon cœur.

Alors, lui parler, c'était...Tout ce que je n'aurais jamais imaginé.

C'était mon petit bonheur, ma petite joie. C'était mon tout.

C'est niais à en mourir, mais c'était comme ça. Je ne pouvais pas faire autrement et sans Parker, je me sentais vide. Comme une coquille sans escargot. J'avais besoin de lui. Terriblement besoin de lui.


Angus - (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant