Bonjour, bonsoir. Moi, je m'appelle Ludovic, mais appelez-moi Ludo.
Si vous lisez cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde. Malheureusement ou heureusement, à vous d'en décider.
Vous avez déjà entendu parler de toutes ces musiques pseudo-dépressives qui « incitent les gens à mourir et qui sont nocifs pour les jeunes », d'après les adultes ?
Ces musiques m'ont aidé, plus qu'eux. Ces musiques m'ont aidé plus qu'eux qui apprendront ma mort autour d'une bière, en riront bien, probablement. Eux qui ont vu que je n'allais pas bien, ils ont préféré me laisser mourir de l'intérieur plutôt que de m'aider.
Pas la peine de dire « Je suis désolé.e ». Je l'ai assez entendu. Cette phrase, ce regard de pitié et ce sourire d'hypocrite.
Pendant tellement d'années, j'avais cette épée de Damoclès juste au-dessus de moi. Pendant tellement de temps, j'ai pensé que quelqu'un allait la retirer, que quelqu'un allait me sauver.
Cette lettre commence par un bonjour alors qu'elle sert à dire au revoir. Je sais même pas si quelqu'un verra ce message, vu que personne ne m'a jamais vu.
J'essaye de pas pleurer, de pas salir le papier. Je suis heureux et triste à la fois. Je suis perdu mais je sais quel est le chemin qui mène vers la liberté, je sais où aller.
Je pensais pas dire ça un jour mais je sais ce que je fais. Rien à foutre de ce qu'on peut penser, dire de moi. Je suis déjà mort de toute façon.
J'ai pas toujours été comme ça. Je me souviens avoir été heureux, j'avais 16 ans. C'était y a 6 ans n'empêche. J'ai que des bons souvenirs de mes 16 à mes 20 ans. Je pensais que je pouvais être heureux, amoureux. Que la tristesse, la dépression, les idées noires et tout le reste, je pensais que tout ça c'était derrière moi. J'étais jeune. Jeune et con.
Je vais pas vous parler de lui, de nous. C'est notre secret. Nos moments d'amours, nos moments de bonheur. Nos moments à nous.
Si jamais tu lis cette lettre, sache que ce n'est pas de ta faute. Tu n'es pas obligé de venir à l'enterrement. Tu as une femme, des enfants. Notre histoire, c'est le passé.
Mais je crois que je m'y ferais jamais.
Si tu viens à l'enterrement, ramène moi un poster du " King ". Tu sais à quel point j'aimais ses musiques.
Sinon, monsieur, madame, les deux, aucun des deux peut-être, sache que je te remercie d'avoir été jusqu'au bout de la lettre. Je sais que je ne connais pas la personne qui lira cette lettre, mais sache que j'aurais aimé te connaître.
Finalement, cette lettre c'est un bonjour, un au revoir. Une rencontre qui n'aura jamais lieu et des adieux inévitables.
Bye, je te souhaite une longue vie.
- Ludo
