01 - IL est revenu

Magsimula sa umpisa
                                    

Je reculais la tête, je fixais mes yeux dans les siens.

Soudain je compris qu'il aurait pu être blessé.

La trouille que j'aurais pu ressentir s'il était venu me dire au revoir au moment de son départ, je la ressentais en ce moment-là.

Je me mis à trembler, sans rien pouvoir contrôler.


- Je vais bien, Madame. Regardez... en pleine forme et même pas blessé.

- Pourquoi Adam ? Pourquoi es-tu parti ?

- Vous le savez.

- Tu aurais pu donner des nouvelles, au moins de temps en temps. Cela fait combien d'années ?

- 5 ans, Madame.

- Oh arrête avec tes « Madame » ! Tu me tutoyais, ça faisait assez enrager ton père d'ailleurs ! Tu te souviens... tu te permettais des visites surprises qui me faisaient toujours plaisir et qui gênaient ton papa.

- Il était vert, oui ! Il aurait voulu venir lui à ma place et ne supportait pas que je m'y autorise.

- Ne dis pas de sottises ! dis-je en rougissant.


Son regard changea, il devint intense, brûlant, étincelant. Son visage me frôlait, ses yeux m'hypnotisaient, sa bouche m'effrayait.

Je réalisai soudain que ce n'était plus le jeune adolescent qui venait boire un cacao pour le goûter alors que ses parents se déchiraient dans d'innombrables disputes.

Je n'avais plus le droit de le materner comme j'aimais le faire. Il ne cherchait plus cette gentillesse de ma part.

En une seconde, je pris conscience de son envie, de son attente et cela me gêna.

Je relâchai la pression de mes mains. Il me posa au sol, sans me quitter du regard. J'en fus intimidée, et tentai de m'éloigner.


- Ne me repoussez pas, pas aujourd'hui, pas maintenant.

- Les choses ont changé, Adam.

- Justement... je ne suis plus un ado amoureux de la mère de son pote ! Je suis un homme attiré par une femme.


Je déglutis. Même si j'avais fini par m'apercevoir de son attachement pour moi, je pensais vraiment qu'il se trompait. Qu'il fabulait ces sentiments. Qu'en un sens, ça le rassurait. Qu'au fond, il attendait de moi, le comportement d'une mère. Une protectrice, un exemple à suivre, du moins à écouter.

Jamais nous n'avons eu un geste ou une parole déplacée.

Sa mère, mon amie m'en était reconnaissante. Elle était fatiguée d'un mariage sans relief, d'une vie trop prévisible. Elle était retombée sous le charme de son amour d'enfance et avait fini par écouter son cœur de femme en oubliant un peu celui de maman.

Sans lui faire de reproches, elle le savait, c'était inutile de le lui rappeler, je m'étais faite la confidente de son fils, lui rapportant de temps en temps, de ses nouvelles pour qu'elle puisse même de loin, savoir que son enfant allait mieux que ce qu'il voulait bien lui montrer. Depuis le jour de son départ, Adam avait refusé tout contact avec sa maman. Rejetant la responsabilité de la destruction de sa famille sur ses frêles épaules.

Loin des siens, il parvint à se construire, apprit un métier, réussit à se débrouiller dans la vie pour aujourd'hui... revenir sur les traces de son enfance avec le sourire et le regard bienveillant.

Mais jamais jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à cette minute, il ne m'avait avoué ses sentiments. Jamais il n'avait osé prononcer ses mots.

J'en fus émue, gênée, intimidée. Je tentai de sourire pour lui répondre une boutade comme il nous arrivait souvent de s'en faire, l'un l'autre...


- L'attirance Adam, ce n'est pas...

- Taisez-vous !


Et sans réellement me laisser le choix, il colla ses lèvres chaudes, humides, charnues sur les miennes. Mes bras se balançant autour de nous, mon visage tenu par ses mains, caressant mon cou, mes joues. Sa langue me cherchant, me cajolant chaque interstice, son corps me collant et finalement mes mains retrouvant enfin sa nuque.

Je me hissai sur la pointe des pieds et me laissai envahir par son baiser. Je me laissai enivrée par son attirance longtemps refoulée. Je participais également à cet échange et je le sentis se détendre, se lover encore contre moi. Ce baiser il en avait longtemps rêvé. Il l'avait sans doute idéalisé...

Un conte pour une rencontreTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon