III- Poison

Depuis le début
                                    

- Alors c'est bien toi qui a versé cette fiole dans mon plat... réalisais-je en reculant de quelques pas sous le choc de sa révélation.

    J'avais beau le savoir, son aveu me fait l'effet d'un coup de poignard en pleine poitrine. Tous nos moments d'amitié viennent de voler en éclats éparpillés aux quatre vents. Et je n'ai même pas la force de les retenir.

- Lucy je ne voulais pas mais ta mère elle... tente-t-elle de se justifier.

    Bien sûr ma mère est à l'origine de ce complot. Comment pourrait-il en être autrement ?

- Stop arrête on a toujours le choix, la coupais-je chamboulée en levant les mains en l'air pour la faire taire.

    Elle ouvre grand la bouche prête à se défendre mais aucun son n'en sort. Annabella se force à prendre une longue inspiration avant de changer de tactique. Elle ne plaide plus sa cause. Elle ne défend même plus son acte, non elle assume ce qu'elle aurait pu me faire. Peut-être même ce qu'elle voulait me faire. Attenter à ma vie.

- Tu peux parler tu n'as pas été en mesure de prendre de décisions, tu te contentes d'attendre une hypothétique délivrance.

- Mais je n'empoisonne pas mes amies moi au moins, arguais-je en fronçant les sourcils.

    Je ne la reconnais pas. Je ne me reconnais pas. Est-ce la vraie Annabella ? Sans le masque ? Et moi est-ce que je veux vraiment être cette personne qui inspire la crainte et qui ne recule devant rien pour rendre la monnaie de sa pièce à ceux qui me font souffrir ?

- Ne dramatise pas tu n'en serais pas morte. Et nous ne sommes pas amies ta mère est ma maîtresse, je ne suis qu'une servante.

- Tu veux savoir le pire ? rigolais-je faussement. Moi je ne te voyais pas juste comme une bonne, comme la fille qui doit trimer pour des gens qui ne veulent pas d'elle. Pour moi tu n'étais pas juste un foutu instrument mais tu viens de me prouver que j'avais tort. On te demande quelque chose et toi peut importe combien c'est horrible tu obtempères.

- Oh je t'en prie c'est si facile de m'accabler de reproches mais tu es née avec une cuillère en argent dans ta bouche et quoi ? rétorque jalousement Annabella. Mademoiselle ne cesse de se plaindre de son existence pathétique. Mais réveille toi tu as plus que la majorité des autres. Tu es riche mais tu n'es qu'une gamine pourrie gâtée qui ne connait pas la vraie vie ni le sens des mots devoir et travail.

- En attendant c'est grâce à moi que tu es là, lui rappelais-je sournoisement. Sans moi tu traînerais dehors probablement déjà enceinte de trois marmots et presque morte d'une de ces maladies alors peut être que tu as trimé toute ta vie et pas moi mais au moins je connais le sens du mot valeur.

- Ça te va bien de dire ça la seule valeur que tu connaisses c'est la lâcheté, hurle-t-elle en perdant son sang-froid. Ta sœur le sait mieux que personne, elle en a payé le prix.

    Hors de moi je m'avance vers elle en deux enjambées. Je fulmine. Comment ose-t-elle ? Elle est au courant pour mon passé. Elle sait que jamais je ne me pardonnerais ce qu'il s'est passé mais cela ne l'empêche pas de viser là où ça fait mal. Et le pire c'est qu'elle vient incontestablement de toucher la corde sensible. Volontairement. Ma mère n'est pas là pour la contraindre. Non il n'y a qu'elle et moi dans cette confrontation. Notre moment de vérité.

- Ne nous confond pas, la tançais-je d'un ton ferme. Peut-être que toi tu acceptes cette vie mais moi je la refuse on verra bien qui de nous deux est lâche. J'y parviendrais ma liberté je l'aurais mais toi tu n'as que ta langue vipère et tes petites manigances à la solde de ma mère. Et tu n'auras jamais rien d'autre alors j'espère que tu aimes ta vie parce que ce sera tout ce qu'elle t'offrira.

Sapphire ImmortalityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant