Troisième cellule.

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      Il était las de tout. Il n'avait plus aucune passion, plus qu'un sentiment de mort interne. Des bulles. Des bulles partout, à en vomir. Les objet était fait de bulles, dans des pastels immondes quand il n'y avait rien pour contrebalancer le tout. Il était là depuis si longtemps qu'il ne vomissait plus à chaque fois qu'il posait les yeux sur autre chose que ses mains.

      Avant, il était violent. Il enchaînait crise de rage sur crise de rage. Le côté indestructible de son univers l'avait lassé, il ne trouvait aucun plaisir à tout saccager, quand rien ne se fêlait, ou même ne se fissurait légèrement. Ses poings rebondissaient contre les bulles, ses dents ne les perçaient pas, ses pieds ne réussissaient à fracturer. Il ne savait pas d'où lui était venu un tel flot de rage, à l'époque.

      Il a toujours connu les bulles pastelles. Il avait toujours vécu seul. Personne ne vivait dans cette univers, pourtant, il recevait régulièrement à manger et à boire. Il avait voyagé partout, et n'avait trouvé nulle autre chose que ces insupportables bulles. Il s'était donc trouvé un coin, et s'y était installé.

      Ce jour-là, il était confortablement installé sur le dos, regardant les bulles voltiger au-dessus de lui. Un bruit inhabituel lui parvint, et son corps fut en alerte. Un mouvement capté du coin de l'œil le fit se replier sur lui même, et attendre. Rien ne bougeait, ici, à part les bulles et lui. Quand il vit à quoi il avait à faire, il tomba sur le derrière, ébahi. Il avait face à lui un autre être humain. Celui-ci lui tendit la main, en souriant. Il fixa cette main sans esquisser un mouvement vers elle.

« Je ne vais pas te manger, tu sais, dit l'inconnu. »

      Il ne put produire qu'un râle en réponse, n'ayant plus l'usage de la parole. La voix de l'autre lui blessait les oreilles.

« Excuse-moi, murmura-t-il. Ta peine arrive presque à son terme. »

      Il le regarda avec incompréhension. Il ne voyait pas de quoi voulait parler cet énergumène.

« Tu ne t'es jamais dit qu'il te manquait quelque chose ? Tu ne t'es jamais demandé pourquoi tu étais si hargneux ? demanda l'autre d'une voix douce. C'était ta peine, ajouta-t-elle après que 'autre eut acquiescé. Maintenant, tu vas pouvoir te venger de tous ces imbéciles qui t'ont fait enfermer. Ou non, selon ton choix. »

      Il se redressa et sourit, en signe d'assentiment. Il se sentit revivre. L'autre lui retendit la main, et cette fois-ci, il s'en saisit. Il le suivit ensuite à travers une porte qui n'existait pas, quelques minutes plus tôt. Ils arrivèrent dans une prairie déserte.

« Non, ce n'est pas ton monde, répondit l'autre à sa question silencieuse. Tu retrouveras ton passé après une dernière épreuve.Suis-moi. »

      Il se fit entraîner le long d'un chemin visible qu'à l'œil de son guide. Ils se retrouvèrent à escalader des montagnes, traverser des déserts sous un soleil de plomb, affronter des tempêtes de neiges, franchir à la nage des mers. A chaque fois qu'il avait l'impression d'arriver à ses limites, il se découvrait de nouvelles forces, jusqu'alors inconnues.

      Son guide avait atteint son but, il pouvait tenir sans difficulté un rythme soutenu, tout en restant alerte. Même après une marche épuisante, il arrivait à repérer les dangers. Son guide en était plus que satisfait. Tant qu'à garder des gens, autant s'amuser un peu en les rendant plus fort. A son arrivé, le pauvre n'aurait pas tenue une journée de ces longs mois.

      Quand il décida que le moment était venu, il accompagna son espèce de disciple jusqu'à une autre porte.

« A partir de maintenant, tu devras de débrouiller seul, chuchota-t-il. Tu rencontreras différentes personnes. A toi de choisir si tu veux faire une alliance avec eux ou non. Si tel est le cas, reste dans le coin pendant une semaine. Ca pourra toujours t'être utile. Sur ce, bonne chance, ajouta-t-il en l'embrassant. »

      L'homme était surpris, mais décida d'attendre le temps que l'autre lui avait indiqué. Une fois la porte franchie, il fouilla les alentours, pour trouver le meilleur endroit pour dormir.

      Son guide referma la porte, et afficha un sourire satisfait. Il en avait marre de ne devoir qu'enfermer les gens. Celui-ci ferait un combattant exemplaire, maintenant que sa rage avait totalement disparu. Il était fier de lui. Il rencontra le regard d'un loup, et hocha la tête pour le saluer. Il ouvrit une autre porte pour retourner dans une autre cellule, s'occuper d'un autre de ses prisonniers, dans un autre monde, un autre temps.

Une prison à éternité variable.Kde žijí příběhy. Začni objevovat