Huitième semaine (3/3)

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— Mais ce n'est pas correct. Pourquoi me le dis-tu d'ailleurs ?

— Je ne veux pas que tu te sentes coupable d'avoir mal fait ton travail.

Je réfléchis un instant et finit par déclarer.

— Je ne peux pas accepter Gérard.

Fichue honnêteté. Alors que je ne rêve que de mon lit.

— Pourquoi cela t'importe-t-il tant que ça ? je reprends. On sait tous comment est Patrice. Ta résistance ne sert à rien. Pourquoi ne veux-tu tout simplement pas partir avec une compensation financière et profiter de la vie ?

Un silence, puis il me répond enfin.

— Quelle vie Candice ? Il ne me reste rien qui vaille la peine.

Je n'aime pas son ton désespéré.

— Comment ça ? Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est à propos d'Alice ?

Gérard soupire, puis finit par me dire.

— Elle va intégrer une école d'agronomie à la rentrée. Toutes ses vacances seront consacrées à des stages. Elle n'aura plus le temps de venir me voir.

Je comprends pourquoi il est si triste. Ça et son travail, c'est beaucoup d'un coup. J'essaie de le réconforter.

— Mais maintenant que tu ne vas plus travailler, tu pourrais aller plus souvent là-bas ? Voire même t'y installer définitivement.

— Je ne peux pas. Je n'arrive pas à monter dans un avion. C'est plus fort que moi.

Je laisse passer un long moment de silence.

— Alors que fait-on maintenant ?

— On fait comme j'ai dit.

Mais je me fâche.

— Non, je refuse de participer à cette mascarade.

— Et moi je refuse que Ergolax décroche ce contrat.

Nous ne sommes pas plus avancés. Je suis en train de perdre tous les acquis de cette journée. Je ne sais plus quoi dire. J'ai envie de tout laisser tomber, passer les portes et rentrer directement chez moi. Mais je suis totalement tributaire des adultes. Il n'y a plus de bus sur la ligne qui passe par ici. Je tente une dernière approche.

— Gérard ! Tu as pensé à tous les emplois créés par ce nouveau contrat ? La société va grandir et va devoir recruter. Des jeunes diplômés qui galèrent vont enfin pouvoir décrocher un CDI.

— Comme Amaury ! Sous-payé et exploité ! C'est vrai qu'il n'a pas eu trop le choix le pauvre.

Qu'est-ce qu'Amaury vient faire dans la discussion ? Même absent, il ne cesse de rôder dans beaucoup trop d'esprits à mon goût. Y compris le mien. Mais je relève à peine son commentaire, maintenant que je connais l'histoire.

— Et bien il suffit de rajouter une clause sur un salaire minimum.

Cela ne devrait pas plaire à Patrice. Heureusement qu'il n'est pas là pour m'entendre plomber encore plus ses arrangements.

Gérard n'a pas protesté, c'est qu'il doit y réfléchir. Je décide de pousser mon avantage.

— Que penserait Alice de ton attitude ? Préfères-tu lui dire que tu t'es vengé de ton patron ou que tu as aidé les jeunes actifs à obtenir un salaire correct ?

J'espère qu'Alice n'est pas une petite écervelée égocentrique. Je ne le pense pas mais je ne lui ai parlé que quelques minutes.

— C'est bon tu as gagné, commence Gérard d'un ton résigné. Rajoute cette clause et va rapporter notre accord à Patrice. Je signerai le contrat, je te le promets.

Panique à l'informatique - TERMINEWhere stories live. Discover now