☆LORIE : CHAPITRE 1☆

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          Je suis assise sur le canapé en face de la fenêtre de cette chambre que j'occupe maintenant depuis un petit moment. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, et en vrai, je m'en fiche un peu. J'attends pour attendre et puis c'est tout. Aujourd'hui j'ai un rendez-vous avec le psy du centre, et puisque je n'ai pas pris la peine de me déplacer lors des premières séances, Docteur Will Collins a décidé que c'était lui qui allait venir à moi. Il perd clairement son temps. Je ne veux pas retourner sur ce qui s'est passé. Je veux juste rentrer chez moi, ce n'est pas si compliqué que ça, si ? Docteur Collins frappe deux fois à la porte avant d'entrer pendant que mon regard est toujours scotché à la vue devant moi. C'est le seul avantage à être ici. Le doc trouve que ma - soi-disant - chambre est froide et terne. Il m'avait conseillé de la décorer, d'en faire ce que je voulais parce que visiblement j'allais y passer un assez long moment, mais vu que j'ai perdu toute notion du temps, je m'en contrefiche royalement. Collins prend place près de moi, toujours aussi impeccable dans sa blouse blanche, ses cheveux plaqués vers l'arrière et ses lunettes au bout du nez. Il tient un carnet sur ses genoux et un stylo du centre entre ses doigts.

- « Bonjour Lorie. Comment te sens-tu aujourd'hui ? »

          Je le regarde quelques secondes avant de retourner à la vue devant moi. C'est une très belle vue l'ais-je déjà dit ? Paradisiaque et digne d'une photographie ou d'un tableau d'un grand artiste.

          Je hausse des épaules en posant à nouveau mon regard sur lui. Vais-je bien ? Non, évidemment que non. Je ne suis plus chez moi, entourée de ma famille. Alors c'est sûr que je ne vais pas bien. Et puis, me retrouver seule avec mes pensées, ce n'est pas le top. Je me mets à regretter mes actes et je n'aime pas avoir de regrets. Alors en parler ... encore moins.

- « Voudrais-tu m'accompagner à l'extérieur, histoire de ... prendre l'air dans le jardin ? »

          Je soupire et hoche la tête. Je ne suis descendu en bas que de rares fois. Je pourrais même les compter sur le bout des doigts d'une seule main. La première, c'était pour la visite du centre avec mes parents. La seconde, c'était parce que les infirmières m'y avaient obligées, jugeant que je finirai folle à rester enfermée toute seule toute la journée dans cette chambre, et puis cette fois-ci qui fait donc office de la troisième fois. Ça me ferait du bien de sortir un peu, histoire de ne plus me perturber l'esprit avec des "et si ceci" ou "et si cela". Il me sourit et je force un sourire pour le lui rendre. Nous sortons donc de ma chambre et je suis le doc qui me traîne dans les couloirs du centre. Mes parents ont pensé que c'était le meilleur endroit pour ma convalescence alors ... bon. À moins de les contrarier et les décevoir plus qu'ils ne l'étaient déjà, je n'avais pas trop le choix.

          Quand nous arrivons en bas mes bras et mes jambes gelés se réchauffent immédiatement au soleil. C'est rare d'en avoir à Londres, alors tout le monde en profite quand il y en a. Pourtant moi, ce n'est pas ce que je préfère. J'aime la pluie, j'aime le froid, j'aime être couverte de trois tonnes de vêtements. Cependant, je sais apprécier la douceur du soleil sur ma peau. Ça change de tous les jours. Le doc Collins continue à marcher et je le suis. Il ralentit le pas lorsqu'il n'y a plus beaucoup de gens autour de nous et soupire de plaisir sous l'effet bénéfique des rayons de soleil sur sa peau. J'essaie de l'imiter et de me détendre, me vider l'esprit mais je n'y arrive pas. À chaque fois que je ferme les yeux, le magnifique regard sournois et empreint de malveillance de Nathaniel me traverse l'esprit et me transperce de plein fouet. Je soupire ce qui fait tourner le regard du doc vers moi.

- « Lorie ? »

          Je tourne mon regard vers lui.

- « J'aimerai te montrer un endroit et te présenter à quelqu'un. Tu me suis ? »

          Je hoche la tête et le suis. Je n'ai envie de faire la connaissance de personne mais il a tellement l'air de tenir à me présenter à ce ... quelqu'un que je ne peux qu'accepter. Et puis je n'ai trop rien à perdre. Il me traîne entre les arbres et dans des petits chemins sinueux pour finalement s'arrêter aux pieds d'un grand portail en fer forgé. Il me lance un regard par-dessus son épaule et sort une clé de sa poche qu'il insère dans la serrure avant d'ouvrir cet énorme portail très imposant. Il y pénètre et m'invite à le suivre. Je ne me fais pas prier et lui emboîte le pas. Il referme la porte derrière nous pendant que je m'aventure un peu dans ce qui s'approche d'un jardin secret. Un peu plus loin du portail, je distingue une balançoire accrochée aux branches de deux arbres parallèles. De l'autres côté, je peux voir un coin d'eau avec, sur sa rive, un banc un peu rouillé à l'ombre d'un arbre aux étranges pétales roses pâles. C'est, d'ailleurs, le seul arbre de ce genre dans tout le jardin. Ce dernier n'est pas très grand mais assez quand même. C'est beau ici. J'y passerai bien toutes mes journées avec mes bouquins. Aux pieds du fameux arbre aux pétales roses, je vois un garçon brun, il a la tête baissée vers ses genoux où loge un livre ou un cahier, je ne sais pas trop. Il faut dire que de là où je me trouve, je ne distingue pas grand-chose. Le doc vient à mes côtés, me sortant de ma contemplation.

- « Vous êtes les deux seuls pensionnaires à avoir désormais le droit de venir ici. Lui c'est Harry et ça fait déjà un moment que je lui ai donné l'accès à mon jardin privé. C'était celui de ma femme avant qu'elle ne meurt, et maintenant, j'en fait bon usage en y invitant les personnes qui en ont le plus besoin."

          Je fronce des sourcils et croise mes bras sous ma poitrine.

- « Ça veut dire quoi : qui en ont le plus besoin ? »

          Il sourit et secoue la tête les yeux fermés.

- « Qui ont le plus besoin de calme et d'isolement. Entre tous les pensionnaires du centre, bien qu'il n'y en a pas beaucoup, vous êtes les seuls à être resté dans vos chambres aussi longtemps. Vous avez besoin d'isolement, ce que je peux comprendre. Mais ça ne veut pas non plus dire que vous devez rester cloitrés dans vos chambres. Ici, au moins, vous avez non seulement l'isolement dont vous avez besoin mais aussi l'air frais et une superbe vue. »

          Il hausse des sourcils et j'avoue qu'il a un peu raison sur ce coup. Nous avançons donc vers ce fameux Harry qui relève la tête vers nous avant de se lever, un petit sourire aux lèvres.

- « Depuis que je lui ai laissé l'accès au jardin, il y passe tout son temps. »

          Harry secoue légèrement la tête de gauche à droite et enlace le doc rapidement avant de se tourné vers moi. Il me lance un petit salut et je force un sourire pour toute réponse. C'est un beau brun avec une dense chevelure bouclée couleur chocolat qui lui arrive aux épaules. Il a de beaux sourcils tout bien tracés qui ornent de magnifiques yeux émeraude étincelants en amande. Il a une bouche pulpeuse encadrée de deux petites fossettes qui se creusent lorsqu'il sourit et de belles dents bien alignées. Il a un visage d'ange et un corps du feu de dieu à en faire fantasmer une sainte. Il est habillé en total look black et je remarque plusieurs tatouages qui apparaissent en dessous des manches de son tee-shirt noir. Une ancre sur son poignet, une croix sur le dos de sa main entre le pouce et l'index, une magnifique rose ainsi qu'une sirène dévêtue sur son avant-bras et un bateau sur son biceps. Le paquebot n'apparaît qu'à moitié, caché son la manche courte du vêtement de Harry. Je ne distingue aucun lien entre ses tatouages. On dirait qu'il a pris son bras pour une maudite feuille de brouillon. Harry me fixe tout comme je le fait depuis un moment déjà, ne prêtant plus aucune attention au doc. Puis d'un coup, il détourne son regard de moi. Wow. C'était ... violent. Bon. Je fais de même et me reconcentre sur le doc qui n'en finit pas avec son monologue.

- « ...Et puis vous pourriez traîné un peu ensemble histoire de ... »

          Hein ? Quoi ? Haha très drôle. Je l'interromps en secouant la tête et le défiant du regard.

- « Oui, alors, écoutez-moi bien Dr Collins. Je ne suis pas là pour me faire des amis et encore moins pour trouver le Prince charmant. Je suis là contre mon gré. Mes parents ont eu l'intelligence de se dire que puisque la petite Lorie ne sait pas se sevrer toute seule comme elle a su se droguer, on va la foutre en désintox, ça nous fera des vacances ! Je suis ici pour faire ce que j'ai à faire et me tiré de là pour retrouver un semblant de normalité. Alors maintenant si vous permettez messieurs. »

          Je mime une révérence et me tire de ce jardin à la con qui ne me paraît plus si charmant que ça désormais.

I need help { HARRY STYLES }Where stories live. Discover now