Chapitre 4 : Une fête des plus agréables...

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J'ignorais totalement de quelle manière interpréter cela. Tout ce dont j'étais sûre, c'était que je n'en pouvais plus de cette soirée, et que je souhaitais déguerpir.

Je brisai la conversation silencieuse entre moi et Bert et lui dis :

« Vraiment désolée de t'avoir entraîné dedans, c'est chiant à mourir... Si je reste une minute de plus ici, je vais choper une migraine. Je préfère donc m'en aller. Tu fais quoi, toi ? »

Mais Bert, qui devait s'ennuyer encore davantage que moi, s'était endormi sur son pouf, laissant son verre lui couler sur les genoux. Mon sentiment de culpabilité s'en retrouvait renforcé. Je me sentais bien idiote de l'avoir amené avec moi, alors qu'il s'embêtait si facilement. Mais puisqu'il était toujours un défi de le réveiller, je décidai de le laisser ici, me disant qu'il ne risquait de toute manière pas grand-chose.

Je pris mon manteau, me rendis jusqu'à la porte du salon, et fis face à la fraicheur et à la noirceur extérieures. J'avançais jusqu'au portail lorsque j'entendis deux voix masculines discuter :

« -Bon Tony, on se les caille. Je sais que ta fête t'emmerde, mais je nous vois mal rester là toute la nuit !

-Mais ils foutent tous un boucan pas possible... Et je ne sais même plus pourquoi je les ai invités. Je ne suis dans ce lycée que depuis quelques semaines, je ne connais quasiment personne parmi les gens qui sont là. Je ne connais même pas les prénoms de la plupart d'entre eux.

Intriguée par leur conversation, je m'immobilisais devant le portail, me fondant dans le noir. Avec difficulté, je pouvais discerner Tony assis quelques mètres plus loin sur une pierre de son jardin, dans une position qui me tournait le dos, en compagnie d'un autre garçon, également assis. J'avais entendu dire qu'un ami de son ancien lycée faisait partie des convives, ce devait être lui.

-Ouais m'enfin, et ta copine alors ? Si tu sors avec elle, je crois comprendre que tu la connais. Tu peux au moins lui parler à elle.

-Ah oui, Agathe... Mais le truc...

Il passa sa main dans ses cheveux, d'un air drôlement gêné :

-... Je crois que je n'ai plus envie de sortir avec elle. J'aimerais bien lui demander à ce qu'on arrête.

En entendant cela, mon cœur manqua un battement. Je dus me faire violence pour ne pas sursauter.

-Quoi ? Tu te fous de ma gueule, rassure-moi ? Ca fait quoi, deux semaines que vous sortez ensemble ?

-Je me rends compte que je me suis mis avec elle super vite. Je ne la connaissais pas si bien que ça, juste que je la trouvais jolie et qu'elle avait l'air marrante. Mais en fait, elle est tellement superficielle que ça en est presque affolant. Et elle n'a pas beaucoup de personnalité, elle se contente de faire comme tout le monde. On n'a aucune passion en commun, on ne sait jamais de quoi discuter quand on est ensembles...

-En même temps, si t'arrêtais de vouloir toujours être proche de tout le monde, ça arrangerait certainement les choses. Tu comptes rompre avec elle dès ce soir ?

-Oh non, pas ce soir. J'ai pas envie de casser l'ambiance. Dans une semaine, c'est les vacances d'été. Elle partira aussitôt chez sa grand-mère. Je préfère lui annoncer notre rupture avant son départ, ça lui fera peut-être moins mal de digérer la nouvelle loin de moi... Bon, c'est peut-être lâche comme décision, je serais sûre qu'elle n'aura pas le temps de s'énerver sur moi, mais... Bref, quoi qu'il en soit, tu peux comprendre que je ne sois pas très motivé à lui parler.

-Ok, je vois. Mais tu peux quand même faire l'effort de te fondre un peu dans la masse des invités. »

Cette dernière phrase sembla motiver Tony, qui se leva. Son ami fit de même et ils marchèrent en direction de l'allée reliant la porte de la maison au portail. Encore perturbée par ce que je venais d'entendre, je n'avais pas songé au fait qu'il valait mieux que je me cache. Avant que je ne puisse ouvrir le portail (ce qui, de toute manière, aurait provoqué un traître grincement) les deux garçons me virent. En se retrouvant à deux mètres de moi, Tony sursauta.

« -A... Agathe, c'est toi ?

-Euh... Je... Euh... Non. C'est sa sœur, Marion, répondis-je, troublée.

-Ah...Tu... Tu nous as entendus ?

-Entendu quoi ? fis-je en prenant le ton le plus convaincant possible. Je viens juste de sortir.

Il était difficile de savoir si les expressions faciales du jeune homme laissaient deviner un soulagement, mais le son de sa voix paraissait plus détendu :

-Ah, d'accord ! Oublie alors, c'est rien. Tu fais quoi au juste, tu t'en vas ?

-Euh... oui. Cette invitation était fort sympathique, mais... je suis fatiguée. Tu expliqueras ça à Agathe si tu la croises. Pareil pour Bert.

-Ok, ça marche. Bonne nuit. »

Sur ce, je laissai les deux garçons et marchai sur la route noire, en direction de mon habitat. La conversation du blondinet et de son ami tournait dans ma tête. Tout cela était fort peinant pour ma sœur. Elle qui semblait si heureuse avec son premier petit copain, voilà que ce dernier s'apprêtait à rompre après seulement deux semaines de relation.

« Si je pouvais sauver leur couple, peut-être que cela permettrait à Agathe et moi de nous rapprocher... » telle était ma principale pensée.

Puis, une idée frappa mon esprit.

«... Je pourrais la remplacer, non ? Je pourrais devenir elle, et me comporter avec lui d'une façon géniale, afin qu'il n'ait finalement plus envie de rompre. »

Ce plan pouvait tout à fait fonctionner. Il comptait rompre pile au moment où ma jumelle devait s'en aller. Il faudrait donc faire en sorte qu'ils n'aient pas l'occasion de se voir avant, et durant toute la période où Agathe sera loin, ce serait moi Agathe. Cette dernière allait passer tout un mois chez Mamie Yvette, cela me donnait une période suffisamment longue pour qu'« Agathe » donne le meilleur d'elle-même en présence de son petit copain. En sachant que le réseau était totalement mort là où vivait ma grand-mère, ma sœur et son copain ne risquaient pas d'avoir de contact malencontreux. De plus, Tony l'avait dit lui-même : il ne connaissait pas mon aînée si bien que ça, il pouvait tout à fait la redécouvrir. Et puis surtout : il avait prouvé tout à l'heure qu'il nous confondait. Même si cela risquait de ne pas être aisé, tout semblait me pousser à exécuter cette folie. Je n'étais pas du genre à concevoir de tels plans, mais pourtant cette idée me mettait dans un curieux état d'excitation. Ce fut d'un pas sautillant que je rentrai chez moi. 

Je suis ma jumelleМесто, где живут истории. Откройте их для себя