l'obligation de créer le club

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Monsieur le président, nous entendons parler de club, club de Rome, club de Paris, club de partout

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Monsieur le président, nous entendons parler de club, club de Rome, club de Paris, club de partout. Nous entendons parler du groupe des cinq, du groupe des sept, du groupe des dix peut être du groupe des cent et que sais-je encore.
Il est normal que nous créions notre club et notre groupe faisant en sorte que dès aujourd’hui Addis-Abeba devienne également le siège, le centre d’où partira le souffle nouveau: le club d’Addis-Abeba.
Nous avons le devoir aujourd’hui de créer le front uni d’Addis-Abeba contre la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pouvons dire aux autres qu’en refusant de payer la dette nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, c’est dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est.
Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe; Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis-Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être payée.
Et quand nous disons que la dette ne saurait être payée ce n’est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Parce que nous estimons que nous n’avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n’y a pas la même morale. La bible, le coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité; Il faudrait alors qu’il y ait deux éditions de la bible et deux éditions du coran.

Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne payeraient pas

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Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne payeraient pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal aujourd’hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne commet qu’un larcin ou une peccadille tout juste pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples.
Monsieur le président, ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle, je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée? Celui qui ne le souhaite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la banque mondiale payer! Tous nous le souhaitons!
Je ne voudrais pas que l’on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité et sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l’on pense qu’il n’y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l’on admette que c’est simplement l’objectivité et l’obligation et je peux citer dans les exemples de ceux qui ont dit de ne pas payer la dette des révolutionnaires comme des non révolutionnaires, des jeunes comme des vieux.
Monsieur le Président, ce n’est donc pas de la provocation. Je voudrais que, très sagement, vous nous votiez des solutions. Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette, non pas dans un esprit belliqueux, belliciste, ceci pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner.
Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence.
Par contre, avec le soutien de tous, dont j’ai besoin, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer, nous pourrons (contribuer) à notre développement.
Et je voudrais terminer en disant que chaque fois qu’un pays africain a une arme, c’est contre un Africain. Ce n’est pas contre un Européen. Ce n’est pas contre un Asiatique. C’est contre un Africain.
Par conséquent, nous devons également, dans la lancée de la résolution de la question de la dette, trouver une solution au problème de l’armement. Je suis militaire et je porte une arme.

Mais, monsieur le Président, je voudrais que nous nous désarmions; parce que moi, je porte l’unique arme que je possède, et d’autres ont camouflé les armes qu’ils ont!Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous

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Mais, monsieur le Président, je voudrais que nous nous désarmions; parce que moi, je porte l’unique arme que je possède, et d’autres ont camouflé les armes qu’ils ont!
Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser ces immenses potentialités pour développer l’Afrique, parce que notre sol, notre sous-sol, sont riches; nous avons suffisamment de bras, et nous avons un marché immense, très vaste — du nord au sud, de l’est à l’ouest. Nous avons suffisamment de capacités intellectuelles pour créer, ou tout au moins prendre la technologie et la science partout où nous pouvons les trouver.
Monsieur le Président, faisons en sorte que nous mettions au point ce front uni d’Addis-Abeba contre la dette. Faisons en sorte que ce soit à partir d’Addis-Abeba que nous décidions de limiter la course aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et les coutelas que nous achetons sont inutiles.

#Karballa le

Thomas sankaraWhere stories live. Discover now