Vert et Or

2.

" Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant."

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Assise sur le rebord de son lit, Hermione triturait nerveusement sa baguette. Elle avait enchanté trois oiseaux de papiers qui virevoltaient au-dessus de sa tête. Elle aimait beaucoup ce sort, cela lui rappelait Poudlard, Harry, Ron et Ginny. L'époque où Voldemort était encore une ombre malveillante, le temps où elle n'avait pas croisé la mort à tant de reprises.

Ses oiseaux piquaient en flèche vers le sol, se redressant in-extremis avant de reprendre leur vol et de répéter une nouvelle acrobatie. Elle tentait de les fixer du regard, de ne pas perdre une miette de leurs pirouettes, tout en espérant ne penser à rien d'autres que ses origamis enchantés. Mais ses pensées dérivaient,inlassablement.

Ron. Harry l'avait-il aussi contacté ? Elle secoua la tête à cette idée, bien sûr qu'il avait dû le faire ! Ron devait rentrer de son voyage la semaine suivante et ils avaient tous rendez-vous au Terrier pour l'occasion. Il suivrait forcément Harry dans cette nouvelle aventure.

Une pointe de culpabilité émergea dans son fort intérieur, grandissant un peu plus à chaque battement de son cœur, qui se fit lourd contre sa poitrine. Elle se leva brusquement, les oiseaux s'écrasèrent au sol un à un, ne laissant plus qu'un amas de papier déchiré sur le parquet de la chambre.

La lune était presque pleine dans le ciel étoilé de cette nuit d'été. Elle diffusait un faible halo lumineux qui se reflétait dans la fontaine au milieu de la place. Les rues étaient désertes, tout était très calme. Trop calme, pensa-t-elle, une pointe de suspicion dans un coin de son esprit.

Elle ne pouvait pas participer à une nouvelle guerre. Elle se sentait encore brisée par la précédente, pas parce que Bellatrix l'avait torturée et marquée à vie, mais parce qu'elle avait tant perdu.Elle avait elle-même effacé la mémoire de ses parents. Elle était devenue orpheline, inexistante à leur yeux alors qu'ils faisaient encore tellement partie de sa vie. Comment pourrait-elle oublier, elle ? Les liens du sang avec ceux pour qui elle avait préféré disparaître à jamais plutôt que de les voir torturer. Une larme roula sur sa joue alors qu'elle se revit, debout derrière le canapé,la baguette brandie sur la nuque de son père et sa mère. Elle l'essuya d'un revers de la main.

Dumbledore, Fred, Remus, Tonks, Lavande, Parvati, Colins... leurs corps sans vie reposant sur le sol froid de la grande salle lui sauta aux yeux et elle s'efforça de chasser bien vite ces souvenirs funestes. Blessée. Elle se sentait toujours blessée, comme si la culpabilité avait ouvert une plaie béante, contre son cœur, qu'elle s'employait à refermer, mais qui toujours, finissait par se rouvrir, laissant s'échapper un filet de sang glacé dans ses veines, gelant ses muscles, brisant ses os. Comme si tous, étaient morts à cause d'elle.

Elle ne pouvait pas aider Harry, elle était trop faible pour se battre.Elle ne supporterait pas le poids d'autres morts sur sa conscience.Et puis, cela faisait deux ans qu'elle vivait recluse du monde, se cachant, agissant dans l'ombre pour surveiller qu'un autre puissant sorcier ne tourne pas aussi mal que le Seigneur de ténèbres avait tourné. Elle n'avait pas entendu parlé d'une nouvelle organisation,fondée pour achever la tâche de Jedusor. Il y avait bien sûr eu quelques disparitions inexpliquées, mais rien de bien alarmant. En tout cas, rien qu'Harry et les Aurors ne puissent gérer seuls,pensa-t-elle.

Sur ces pensées rassurantes, elle s'allongea et remonta la fine couverture sur elle pour s'endormir. Elle avait besoin de repos.

Elle fut réveillée quelques heures plus tard par un bruit sourd semblant provenir du rez-de-chaussée. D'un bond elle attrapa sa baguette et se précipita hors de son lit. Depuis ses années à Poudlard, à être amie de Ron et Harry, elle avait gardée cette habitude d'être en alerte à chaque bruit suspect, baguette en main.