LE BABY-SITTER

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Bonne lecture 


« Mais maman ! Je ne suis plus un gosse, j'ai dix-huit ans ! M'exclamais-je.

-  Elliot ne commences pas, on en a déjà parlé, dit-elle sans quitter son reflet du miroir. 

- Mais pourquoi ?! Nathan peut bien rester seul lui ! Tous les adolescents de cette planète le peuvent alors pourquoi pas moi ? Qu'ai-je fait ?

- Elliot, ce n'est pas parce que Nathan peut le faire que tu le peux toi aussi. Et puis tu ne vas pas être déçu ce n'est pas la voisine qui te garde.

- Ne me dis pas que c'est mamie ?! »

Elle pouffe un petit rire tout enfilant son manteau beige avant de se couvrir d'une énième couche de parfum. Quelle belle femme pensais-je malgré la situation, même un aveugle le verrait qu'elle est splendide.
Il y a deux choses qui m'énervent plus que tout dans ce monde. La première étant les hommes sans principes qui lui courent après et la seconde le fait qu'elle me traite encore comme un enfant, c'est barbant à la fin.

« Non, ce n'est pas mamie. C'est un garçon, un très beau garçon même. » Me dit-elle avec un regard malicieux et les lèvres colorées d'un rouge éclatant étirées jusqu'aux oreilles.

Un soupir las m'échappe, j'en viens à me demander si cela était véritablement une bonne idée de lui avoir parlé de mon homosexualité. Enfin, elle s'en doutait donc elle aurait forcément fini par le découvrir, autant que ce soit de moi qu'elle l'apprenne. C'est ce que je m'étais dit, mais je commence tout de même à me remettre en doute.

« Et qui est ce « très beau garçon » ? Rétorquais-je, les bras croisés sur mon torse.

- Aha ! C'est une surprise. Dit-elle en haussant les sourcils. 

- Maman !

- D'accord d'accord ! C'est Théo, le fils ainé de Carole. Tu t'en souviens ? Il venait toujours à la maison et vous passiez des heures ensemble. Tu m'avais même fait une crise car tu ne voulais pas le quitter une fois.

- Je ne vois pas du tout de qui tu parles. Et puis même, tu vas vraiment me faire garder par un baby-sitter, à mon âge ? »

Elle lève les yeux au ciel et attrape son sac à main après avoir enfilé ses talons d'une bonne dizaine de centimètres.

« Enfin bref, ce n'est que pour une semaine de toute façon. 

- Encore heureux ! »

Je la suis jusqu'à la porte d'entrée, trainant du pieds tout en me triturant le cerveau à la recherche d'une énième excuse, comme si on m'emmenait à l'abattoir. Mais en vain, c'est qu'elle est robuste sa carapace. Un sourire se peint alors discrètement sur mon visage, j'ai connu bien pire comme situation. Ce n'est pas un fichu baby-sitter qui m'empêchera de profiter de cette semaine que j'ai tant attendu.

« Pas de pizza, pas de copains à part Eva-

- Pas de sortis. Je sais... dis-je en la coupant.

- Ne m'en veux pas mon chéri, et puis je suis certaine que vous allez vous éclater comme au bon vieux temps, vous étiez inséparables ! 

- Si tu le dis.

- Allé, je t'aime mon ange.

- Moi aussi m'man. »

Ce n'est qu'une fois la porte refermée que je m'autorise un juron. Aussitôt, la sonnerie de mon portable retentit. J'en connais une qui sera tout aussi déçue, voire plus, que moi. On va devoir re-planifier toute cette semaine, notre merveilleuse organisation coule à l'eau.

A DUST OF LUSTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant