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          L'obscurité, c'était la seule chose qu'il y avait tout autour de lui. Il ignorait la manière de son arrivée à cet endroit inconnu ainsi que la raison, mais il y était. La première chose qui lui vint à l'esprit fut de chercher une source de lumière alors le brun plongea directement sa main dans la poche de son jean et en sortit son téléphone. Sa faible lueur ne pût éclairer grand-chose, mais lui montra la route de pierre sur laquelle il se tenait.

           Il voulut avancer cependant, ses pieds refusaient d'obéir. Ils restèrent à la même place, comme s'ils étaient ligotés par des cordes invisibles. Soudain, il sentit une douleur au niveau de son cœur et tomba agenouillé. La lumière du smartphone augmenta étrangement et lui permit de voir trois cobras noirs, à la peau brillante, devant lui. Deux d'entre eux avaient l'air féroces et le fixaient tel un prédateur ayant fixé sa proie. Une voix, à leur gauche, attira leur attention. Il fixa la jeune fille qui lui tendait la main, lui disant de la tenir, et l'allongea. Mais les serpents s'attaquèrent à lui, l'un lui collant à l'avant et l'autre à l'arrière; leurs crochets pénétrèrent profondément dans sa peau, atteignant directement son cœur. Pendant qu'ils se nourrissaient, celui qui restait rampant vers lui et les enroula comme une corde.

           Il ouvrit ses yeux au contact d'une lumière avec ses paupières; ce n'étaient que les rayons solaires s'infiltrant par les stores. Il regarda chaque recoin de la pièce avant de reconnaître la chambre d'hôpital. Il soupira, redressa le lit et contempla les différentes machines auxquelles il était relié.

     –Nick.

           Il tourna sa tête vers l'entrée et, avant même qu'il eût le temps d'ouvrir sa bouche, sa mère le prit dans ses bras. Il évitait toujours ses parents parce qu'il percevait dans leurs yeux une sorte de pitié et il détestait ça. Il savait que c'était sa maladie qui les incitait à être gentils avec lui, eux et tous les autres. Lorsque sa mère le laissa, elle serra ses mains, comme pour l'annoncer une mauvaise nouvelle. Il le comprit et tourna sa tête vers son père, qui garda le silence.

     –C'est pour quand? demanda-t-il, difficilement, la gorge lui faisant mal tout d'un coup.

     –Ce n'est pas ça, mon fils.

     –Quoi de pire que la mort?

     –Nick... Le médecin t'a diagnostiqué une nouvelle fois et... il a décelé une tumeur.

          Il ferma automatiquement ses yeux, montrant sa déception, et reprit ses mains de celles de sa mère.

     –Il dit que c'est un cas très étrange, vu que t'en présentes dans les deux ventricules et...

     –Papa, s'il te plaît. Je veux être seul.

          Il n'insista pas et amena sa femme hors de la chambre. Nick leva les yeux au plafond, essayant d'empêcher ses larmes. Il ne s'attendait pas à ça. Certes, il s'était habitué aux différentes maladies cardiaques que les médecins avaient trouvées en lui, mais il ne s'attendait pas à avoir une tumeur.

          Après un instant, il arracha tous les tuyaux qui étaient fixés sur lui et se changea. Les médecins ne pouvaient rien pour lui alors que faisait-il encore là? Le seul chemin qu'il pouvait prendre était par la fenêtre. Malgré la douleur qu'il ressentait dans son cœur au moment de faire des efforts, il réussit à s'échapper, sans avoir la moindre idée de sa destination. Une chose était sûre : il ne se rendrait pas chez lui.         

           Cachées sous la fenêtre du Hall de l'Assemblée, un immense château au beau milieu de la ville de Sanguitis, entre Hell City et Fireworld, deux jeunes filles étaient en train d'écouter la conversation du maire de la ville avec les deux Chefs des deux quartiers. En réalité, Hell City et Fireworld étaient ennemis depuis toujours et les habitants évitaient toujours de se croiser. Néanmoins, cela amusait les jeunes de la ville et ils ne rataient jamais l'occasion de s'espionner ou provoquer des bagarres, raison de l'organisation des réunions.

           Les deux jeunes filles, de Hell City, s'étaient rendues à Fireworld pour confirmer la rumeur qui parcourait leur monde. Selon des garçons de Fireworld, le sage de la ville aurait eu un rêve à propos de l'arrivée d'un intrus dans leur monde. Voilà qu'elles n'avaient pas été prudentes et avaient été découvertes par Tiger, le chef de Fireworld.

     –Vous pouvez entrer, jeunes demoiselles, ordonna le maire, de sa voix aiguë.

     –Encore elles?! s'exclama Tiger, lorsqu'elles entrèrent, la tête baissée.

          Les trois adultes les fixèrent par-dessus leurs lunettes. La maire, une courte femme, à l'allure d'une femme de cinquante ans, se leva et s'avança vers les deux intéressées. Elle les observa une bonne minute avant de prendre parole.

     –Pourquoi étiez-vous là-bas?

     –C'était important, madame, répondit l'aînée des deux.

     –Quoi de si important?

     –Maëlan, révéla la seconde.

     –Thaïs!!

     –Laisse-moi parler, Eleonor.

     –Maëlan ne vous concerne en rien.

     –Si, madame. Nous sommes tous de la même espèce, chacun d'entre nous, jeunes ou vieux, et si tous les adultes de Dead End World sont au courant de son existence pourquoi pas les jeunes? N'importe lequel d'entre nous peut le mordre et...

     –Maëlan n'est qu'une légende, interrompit Tiger.

     –C'est une réalité.

     –Supposons que tel est le cas, Mainworld est vaste. Pourquoi tombera-t-on forcément sur lui?

     –Il a raison, soutint le chef de Hell City. Mainworld est assez vaste. Nous nous y rendons pour de quoi nous nourrir et nous protéger du soleil, je ne vois pas comment on peut tomber sur quelqu'un dont on ignore l'identité.

     Thaïs soupira et sortit du Hall, en colère. Ils savaient tous les trois que la jeune fille était têtue et rebelle et pour avoir ce qu'elle voulait, elle était prête à courir tous les risques du monde. La dame fit signe de la tête à Eleonor de la suivre et elle exécuta.

     Nick avait la tête collée aux vitres du métro. Il réfléchissait à la meilleure façon de se suicider; il ne pouvait plus supporter ces douleurs et ces maladies. Tout l'espoir qu'il avait s'était envolé lorsque son père l'avait annoncé la tumeur. Le vibreur de son téléphone le sortit de ses pensées; c'était encore une fois son père. Il ne voulait pas discuter avec qui que ce soit alors, il éteignit le téléphone et le laissa sur le siège avant de se déplacer.

      Quelques minutes plus tard, un adolescent le rejoignit. Il lui sourit et tendit son téléphone, disant qu'il l'avait oublié. Nick le regarda étonné avant de le prendre de ses mains et l'adresser un sourire forcé. Le jeune s'assit à côté de lui et le dévisagea.

     –Vous avez un problème?

     –Non, mentit-il. C'est le stress du boulot.

     –Je vois! Vous êtes professeur?

     –Oui.

       Lui mentir ne lui coûterait rien. Peu importe qui il était, ça n'avait aucune importance, plus maintenant. Le métro s'arrêta bientôt et il se leva pour sortir. Cependant, l'adolescent le suivit, un étrange éclair démoniaque dans ses yeux. Il lui disait qu'il avait quelques questions, qu'en tant que professeur il pourrait l'aider. Nick soupira et se tourna vers lui, lui demandant ce que c'était. Il sourit et l'entraîna loin des autres; lorsque Nick l'interrogea sur leur destination, il lui répondit que c'était un raccourci.

       Ils marchaient dans le tunnel ferroviaire jusqu'à une porte. L'adolescent laissa Nick entrer avant de refermer la porte. C'était comme une chambre de torture et il fut étonné en voyant cela. Néanmoins, il n'eut pas le temps de le demander quoi que ce soit vu qu'il venait de l'assommer. Fier de sa chasse, il laissa apparaître ses crocs et s'apprêta à le mordre.

À CROCS [TOME 1] Mords-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant