De l'autre côté du miroir

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-Mais comment aurais-je pu faire ça?! Bien sûr, j'aime ma sœur mais pas au point de tuer quelqu'un! En plus, je suis...enfin j'étais l'amant de Roger Pirex... Il était tout pour moi... Tout! Il éclata en sanglots devant un inspecteur médusé. 

-Et le bout de votre veston alors, que faisait-il là? 

-Quel bout de veston? 

-Nous avons retrouvé un bout de veston dans le bureau de la victime, accroché à un tiroir. 

Eren regarda son veston -il portait le même que la veille- et ne put que constater qu'il était déchiré. 

-Ce morceau est effectivement à moi. J'ai dû l'accrocher alors que je me déplaçais dans la pièce. 

-Huum... Bon, soit. Mais vous êtes quand même, selon la secrétaire, la dernière personne à avoir été vue sur les lieux du crime avant la mort de Mr Pirex. 

-Comment ça? Ma sœur est entrée dans le bureau pour déposer un dossier. Je les ai laissés pour qu'ils puissent en discuter et je suis parti. 

-Alors pourquoi la secrétaire n'a pas vu votre sœur en ressortir? 

-La secrétaire de Roger, Mme Pesquin va souvent aux distributeurs pour boire du café. Peut-être y était-elle? 

-Et comment puis-je le vérifier? Vous êtes marrant avec vos suppositions, vous! 

-Mais quel commissaire êtes-vous donc?! C'est trop dur de lever sa tête et de remarquer qu'il y a une caméra juste devant les distributeurs? 

Guérin se sentait sur le point de craquer. Il ne supportait pas qu'un gamin lui apprenne son métier. Il s'efforça cependant de garder son calme et demanda encore à Eren s'il y avait des caméras devant ou voire même dans le bureau de la victime. Celui-ci lui dit que non car Roger Pirex détestait être surveillé. Le chef de la police ordonna donc à un sous-officier de regarder les vidéos de surveillance. Celles-ci confirmèrent l'hypothèse du jeune homme. 

Alors qu'il allait partir du poste de police, il s'arrêta soudainement et dit à Guérin: 

-Je ne suis pas sûr mais... Ma sœur n'a jamais vraiment accepté notre relation alors il est possible que... Mais ce ne serait pas de sa faute! Enfin... Tout ce que je peux vous dire pour vous aider c'est d'aller voir notre médecin familial. 

Et il partit sur ces mots plutôt intrigants.  

Le commissaire se rendit donc cher Mr Journesol, le médecin de la famille Fillon. 

Les dires du docteur lui révélèrent la clef de l'énigme. 

Pendant ce temps, Élisabeth se réveillait sur le sol de son salon. Elle se demanda ce qu'elle faisait là alors que ses derniers souvenirs remontaient au moment où son goujat de policier l'avait laissée en plan sur le bord de la route, emmenant son précieux frère avec lui. Rien qu'en pensant au fait que quelqu'un avait osé lui arracher son Eren, elle sentit la colère lui monter à la tête. Toute son irritation s'en alla cependant quand ses yeux bruns se posèrent sur un petit corps avachi sur le tapis blanc. Blanc? Non, pas que. Il y avait également des taches rouges de différentes tailles sur les poils autrefois soyeux de la carpette. Intriguée et pourtant persuadée que sa moquette avait toujours été de la couleur de la neige, elle décida d'appeler le paresseux qui s'y trouvait. 

-Levi~? Levi, viens me voir, mon chaton!

Il ne daigna même pas lever sa tête. Élisabeth soupira et s'approcha du félin. Elle s'apprêtait à le secouer quand elle vit que son chat était aussi couvert de sang. Prise d'une soudaine panique, elle souleva le corps et dût se rendre à l'évidence: Levi, le chat qu'Eren lui avait offert pour son anniversaire était mort. Mort. Son petit corps fut bientôt mouillé par les pleurs désespérés de sa maîtresse. 

Élisabeth se retourna et aperçut un poignard couvert de sang. Délaissant le défunt, elle s'approcha de l'arme et constata qu'il y avait sur sa lame du sang légèrement humide et du sang sec. Elle fut prise d'une légère suspicion. Et si cette dague avait non seulement tué Levi mais également Roger Pirex? Mais qui aurait fait ça? Elle habitait avec son frère dans un village paumé et avait pour voisins des vieillards séniles. Elle ne connaissait personne pour faire ça.

-Personne, vraiment? 

Élisabeth sursauta à cette voix autant connue que crainte. "Elle"? Elle essaya de se calmer et sa raisonna. 

-"Elle"? Non, ce n'est pas possible. "Elle" n'est pas revenue depuis longtemps. 

-Pourtant, je suis là. Il a bien fallu que je fasse quelque chose! Laisser cet homme plus longtemps avec notre frère était impossible pour moi, pour nous. 

-Arrête. Même si c'est loin d'être notre cas, Eren l'aime et nous le savons bien. Et puis... 

Élisabeth s'arrêta subitement, se rappelant ce que le médecin lui avait dit tant de fois. Ne pas "lui" parler. Faire comme si "elle" n'existait pas. Inspirer, expirer calmement. Parfait, elle avait disparu. 

C'est à ce moment que son frère et le commissaire Guérin entrèrent dans la pièce. L'officier vit immédiatement le corps ensanglanté du chat, le poignard et la jeune fille incrédule. 

Il embarqua sans ménagement la demoiselle et l'arme blanche, délaissant le chaton. Alors qu'il partait, il lança un <<La prison ou l'asile, telle est la question!>> à Eren qui assistait, impuissant, à la scène qui se déroulait sous ses yeux. 

Peu après, le téléphone sonna et il décrocha, plus par habitude que par envie. 

-Allô? Ici le docteur Journesol. Juste pour vous dire que j'ai parlé au commissaire Guérin des problèmes de schizophrénie de votre sœur. Je me le suis permis car il disait venir de votre part. Cela ne vous dérange pas, j'espère?! 

FIN. 




De l'autre côté du miroirWhere stories live. Discover now