Risibles amours.

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7 avril 2016, 09:45, Calabasas, Suga.

Je soupire en m'apercevant que je me suis endormie pendant notre discussion hier soir. Ken dort à poings fermés à côté de moi, je ne peux pas m'empêcher de le détailler, bien que je connaisse chaque parcelle de son visage par coeur. Je m'extrais du lit et traîne des pieds jusque la salle de bain. Je souffle du nez en voyant mon reflet blafard dans le miroir, je détache le piètre chignon qui soutenait ma  chevelure et passe mes doigts entre quelques mèches rebelles. Je passe de l'eau sur mon visage et en profite pour me brosser les dents, j'attrape le tube de dentifrice et l'étale avec les moyens du bord; mon doigt. Je défais la fermeture de ma robe et soupire de soulagement, elle était beaucoup trop serrée mais je n'avais pas eu le temps d'acheter quelque chose de plus ample étant donné que mon ventre a pris le double de son volume initiale en à peine deux jours. J'attrape le t-shirt accroché à la porte et regagne le lit, Ken est réveillé cette fois.

-J'pensais que tu t'étais tirée, il enfouit sa tête dans mon cou.
-J'ai pas oublié ce que je t'ai dit hier soir, j'attrape sa main.
-Tu veux faire quoi aujourd'hui ?

-Franchement j'ai la flemme, je soupire, on peut pas juste rester ici, regarder des émissions de merde à la télé, faire l'amour et dévaliser le room service ?

-C'est pas mal comme idée, encore plus si tu zappes l'étape de regarder la télé et de graille l'hôtel entier.
-Hors de question, j'ai trop la dalle, j'ai faim pour deux t'vois ?
-Faim pour deux, mon cul, il marmonne.

-Ou on peut bouger un peu, genre faire tout ce qu'on a toujours voulu faire ensemble ?
-Il me semblait que t'avais la flemme.
-Ouais, j'avais la flemme jusqu'à ce que tu m'interdises de dévaliser les cuisines, je râle.

Il se met à rire avant de se lever, il enfile son jogging qui traînait au sol et ouvre les tentures, la pièce s'illumine à m'en faire plisser les yeux.

-Tu veux que j'aille te chercher des fringues ?
-File moi un jog, j'y vais moi.

Il me lance un jogging que j'enfile, je quitte sa chambre en catimini pour ne pas que l'un des gars ne me voit et prend l'ascenseur pour accéder à la mienne, j'essaye de marcher le plus silencieusement possible une fois entrée pour ne pas réveiller Megan qui dort comme un bébé, mais ma tentative semble échouer.

-T'étais où encore cette nuit, elle grogne.
-Avec Ken.
-Vous êtes de nouveau ensemble ?

J'hoche la tête.

-Jusqu'à quand ? Elle soupire.
-Ta gueule.
-Fais gaffe, n'oublie pas que je détiens ton visage entre mes mains.

Je roule des yeux en esquissant un sourire, j'attrape un short de sport et un vieux t-shirt que j'enfile à la hâte, je coiffe mes cheveux en deux-deux. Je rejoins Ken dans le hall de l'hôtel et nous nous mettons à marcher.

-Tu te sens comment ?
-J'dois dire que pour le moment ça s'est calmé.
-J'veux pas faire le canard mais ça te va tellement bien d'être enceinte.
-Je trouve que tu t'améliores dans tes compliments.
-J'ai pas envie de gâcher ce moment en te dévoilant mes réelles pensées, il sourit en coin.

On approche de la digue, le vent s'acharne contre ma peau et je regrette tout de suite de ne pas avoir pris ne serait-ce qu'une veste, on longe la plage silencieusement, sa main dans la mienne.

-C'est beaucoup trop cliché pour nous, je me met à rire.
-Viens on va graille, il me tire le bras jusque un café.

-Ah ouais, maintenant ça veut bien manger, je croise mes bras sur ma poitrine.
-Pardon, je vais faire en sorte de ne plus avoir d'estomac.

Je souris malgré moi et le suis à l'intérieur, on s'installe dans un coin reculé avec nos deux boissons et nos pancakes préalablement commandés. Je sirote mon breuvage citroné tout en observant le garçon assis en face de moi.

-Suga t'es flippante, il pose sa tasse.
-Je t'aime.
-Tu vas bien ? Il sourit.
-Oh ça va ! Comme si j'te le disais jamais !
-Rarement la première.
-Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, ça te convient ?

Il me fixe, son sourire m'arrache le mien, j'aimerais le regarder sourire infiniment.

On quitte le café sur les coups de onze heures trente, la ville est déjà bondée, j'insiste pour rentrer à l'hôtel, Ken cède à ma requête et nous repartons en sens inverse.

7 avril 2016, 23:30, Calabasas, Ken.

Nos corps se mêlent, ses lèvres caressent tantôt les miennes, tantôt ma peau. Ses cheveux me titillent les narines, ils sentent bon, un mélange de shampoing à la pomme et de son parfum, ses mains réchauffent mon corps tout entier. Je l'attrape par la taille pour nous faire allonger, son souffle contre mon cou me fait frissonner crescendo. Mes mains glissent le long de son dos et remontent, son t-shirt entre mes doigts. Je jette un rapide coup d'œil à sa poitrine que je connais par coeur avant d'approfondir notre baiser.

Je sens ses mains sous mon sweat, elle se détache de moi pour l'envoyer valser, nos peaux se rencontrent, elle se cambre pour me donner libre accès à sa poitrine, je détache son soutient gorge qui finit par retrouver nos hauts sur le sol.

Elle soupire quand je descend mes lèvres le long de son cou et sur ses seins. Mes yeux croisent son regard, ses yeux pétillants sont remplis d'impatience. Je glisse son short et sa culotte, elle me renverse et s'occupe d'enlever mon pantalon et mon boxer par la même occasion.

Je reprend le contrôle en la renversant à mon tour. J'approfondis chaque caresse, chaque baiser, j'aime tellement la voir sous mon emprise. Ses ongles se plantent dans mon dos quand j'entre en elle.

Nos corps entrent en parfaite osmose, j'ai l'impression que plus rien n'existe autour de nous, ses soupirs occupent toute mon attention.

Ses joues roses, ses yeux remplis de désir, ses lèvres entrouvertes, putain, elle est magnifique.

Mes muscles se crispent, je sens quelques gouttes perler sur mon visage, j'agrippe un peu plus ses hanches, elle s'abandonne, et moi avec, nos noms s'entrechoquent.

Je m'allonge à côté d'elle, il est minuit pile.

On a fait notre dernière fois.

Ironiquement, on ne parle que de la première fois, comme si il n'en existait pas une dernière.

Elle m'a dit qu'un jour on se lierait, puis qu'une nuit on se quitterait, alors je l'ai embrassée une dernière fois, puis on s'est quittés.