Un Destin Inoubliable-Première Partie

105 5 2
                                    

Bonjour je m'appelle Valinaz Tep, je suis née le 12 décembre 1951 au Cambodge, dans la capitale Phnom Penh. Je viens d'une famille de 20 enfants, dont deux sont morts à la naissance. Je suis métis, j'ai des origines françaises, vietnamiennes et cambodgiennes. Je n'ai jamais connu la misère lors de mon enfance, ma famille était très aisée. J'étais choyée, j'avais tout ce dont j'avais besoin. En grandissant je suis devenue une belle jeune femme assez mince avec de beaux cheveux noirs, j'étais de grandeur moyenne. Je me suis mariée à l'âge de 17 ans avec un Chinois qui avait déménagé avec sa famille alors qu'il était jeune au Cambodge, il se nommait Cham Nam Pit. Un an plus tard, je suis tombée enceinte d'un garçon qui est née le 5 novembre 1969. Nous étions heureux, nous vivions toujours dans la Capitale à ce moment.

 Nous étions heureux, nous vivions toujours dans la Capitale à ce moment

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Une guerre faisait rage dans le pays depuis 1967, mais en 1975 celle-ci se termina par la victoire des Khmers rouges

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Une guerre faisait rage dans le pays depuis 1967, mais en 1975 celle-ci se termina par la victoire des Khmers rouges. Ce groupe prit à ce moment le contrôle du pays et ils mirent un régime communiste en place, celui-ci sera un des plus sanglants qu'il y aura eu au 20e siècle.

Mon fils, Kuch a 6 ans quand le régime commence. Les Khmer rouges sont venu chez moi et ils ont tout pris, ils nous ont expulsés de notre propre maison, en nous laissant que ce que nous avions sur le dos. Tout le monde était obligé de partir de la Capitale, nous avons dû marcher quelque cinquante de kilomètres pour se rendre dans un petit village. Pieds nus, sans soulier, le sol était brûlant, mais nous devions nous rendre. 

Nous devions survivre qu'avec très peu de nourriture

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Nous devions survivre qu'avec très peu de nourriture. Nous étions tous affamés, nous mangions tout ce que nous pouvions trouver. Pour donner un exemple, nous mangions les feuilles de plantes et les racines. Cette diète nous faisait prendre d'énormes risques parce que des fois les plantes n'étaient pas comestibles, plusieurs sont mort en mangeant des plantes qu'ils ne connaissaient pas. Mais lorsque l'on a faim on ne pense pas à ce genre de détails, on ne pense qu'à manger. Je me suis mise à voler pour survivre, il fallait faire très attention car si on se faisait prendre, les Khmers rouges tuaient les gens sur place sans pitié. Cependant, ils laissaient parfois les enfants s'en tirer mais ils leur criaient tout de même dessus. C'est probablement une des raisons pour laquelle mon fils ne s'est pas fait tué dans ces années-là.

Puis une journée, les Khmers rouges sont venus me voir, ils voulaient avoir mon fils. Ils voulaient l'emmener avec eux je ne sais où, il n'avait que 6 ans. J'ai criée, je me suis battue, je leur ai supplié de ne pas prendre mon fils. Je leur dis que j'avais besoin de lui et qu'il était trop jeune. Ils ont finis par me laisser mon fils, encore aujourd'hui je ne comprends pas comment j'ai fait pour les convaincre.

Après un an de communisme au Cambodge, j'ai enfin eu une opportunité, celle-ci allait changer ma vie et sortir ma famille de la guerre et de la souffrance

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Après un an de communisme au Cambodge, j'ai enfin eu une opportunité, celle-ci allait changer ma vie et sortir ma famille de la guerre et de la souffrance. Un de mes amis vietnamiens était au Cambodge et il m'a proposé de m'aider à traverser moi et ma famille au Vietnam. Il y avait des gens là-bas qui pourraient nous amener par bateau illégalement en Chine, à Hong Kong. Je voulais me rendre là-bas, parce que j'avais de la famille en France, aux États-Unis, au Canada et j'espérais pouvoir faire une demande d'asile dans ces pays rendue en Chine. Bien sur, il y avait un prix à tout cela, mais mon mari et moi avions un plan.  

Traverser la frontière vietnamienne était très difficile, il y avait des gardes partout. Il fallait y aller la nuit, ne pas faire de bruit, c'était énormément risqué. Nous ne faisions pas de grandes distances à la fois pour ne pas attirer l'attention. Si les Vietnamiens nous avaient trouvés, ils nous auraient tous tués. Nous avons réussi à traverser et cela nous a pris 48 heures. Mon ami nous a trouvé un endroit où vivre. Rendue au Vietnam j'ai enfin pu contacter mon frère qui habitait, lui, en France. Durant environ un an, mon frère m'envoyait du tissu pour que je puisse en faire des vêtements et qu'ensuite je les vend. 

En 1977, je suis retombée enceinte. J'étais très maigre à ce moment et je ne voulais pas de cet enfant. J'étais sûr que l'enfant n'allait pas survivre et que j'allais en mourir. J'ai voulu m'en débarrasser, mais je ne connaissais pas de médecin au Vietnam. Je n'ai eu aucun autre choix que de porter l'enfant jusqu'à sa naissance.

Puis, un an après mon arrivée au Vietnam mon ami, celui qui nous avait amenés, me dit que je ne devrais pas aller sur les bateaux qui allaient en Chine. Il avait entendu par ses connaissances qu'il y avait des passeurs qui au milieu du trajet tuaient tous les passagers et revenaient en gardant l'argent que ses passagers leur avaient donné. Étant donné que cette possibilité faisait beaucoup de sens et que j'étais enceinte, mon mari et moi avons pris la décision de retourner au Cambodge. Rester au Vietnam ne faisait pas de sens pour nous car nous voulions faire une demande d'asile et cela nous était impossible au Vietnam.  

Alors, nous sommes revenus au Cambodge en décembre 1977 en traversant la frontière

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Alors, nous sommes revenus au Cambodge en décembre 1977 en traversant la frontière. Le 7 avril 1978 j'ai finalement accouché de ma fille, Srouch, un accouchement difficile qui a failli me tuer. Elle était vraiment belle et en santé contrairement à ce que j'aurais pensé. Mon fils s'occupait de sa sœur quand nous partions chercher de la nourriture. 

Mon mari et moi ne voulions pas rester au Cambodge car les choses que nous y avons vécu étaient trop fortes. Nous décidâmes de partir en Thaïlande illégalement pour pouvoir faire notre demande d'asile et quitter.

Un Destin InoubliableWhere stories live. Discover now