Septième semaine

Depuis le début
                                    

Mes derniers espoirs d'un projet de stage réussi se brisent dans un claquement de portières.

Le lendemain, c'est tout timidement que Simone me demande si je veux bien lui donner un coup de main. En plus des appels téléphoniques, Patrice l'a chargée de faire du rangement dans les dossiers. Mais aujourd'hui, elle est sans cesse dérangée par le téléphone. A croire que tout le pays veut joindre son patron.

J'accepte bien volontiers, même si cela ne m'emballe pas. Je n'ai de toute façon rien de mieux à faire. Je la suis dans son bureau, que je ne connais pas encore. Il est vaste... et très rempli. En voyant le nombre d'armoires qui tapissent les murs, je me demande pourquoi j'ai dit oui.

Nous travaillons dans le silence, seulement rompu par mes différentes questions sur le classement. Je me tâte à lui proposer un peu de musique. Cela serait plus gai. Je suis sûre qu'Amaury pourrait exceptionnellement nous débloquer l'accès au site de la radio. Mais là le téléphone sonne, et en la voyant répondre, je me dis que cela ferait désordre d'avoir de la variété en bruit de fond.

Une fois qu'elle a raccroché, j'essaie d'engager la conversation.

— Il t'en demande beaucoup quand même Patrice. Ranger tous ces dossiers toute seule. C'est au moins le boulot de trois personnes, non ?

— C'est sûr. Mais il faut bien que quelqu'un s'en charge. Comment Patrice pourrait-il s'en sortir sans moi ? Heureusement que tu me donnes un coup de main, ça me permettra sûrement de partir avant 20h.

Je suis horrifiée, mais je ne sais pas quoi dire de plus. Simone a l'air d'assumer pleinement son rôle de victime plus que consentante. Je ne peux quand même pas critiquer ouvertement le grand patron devant elle.

A midi, Gérard et Amaury viennent nous chercher, obligeant Simone à faire une vraie pause. Ils décident de braver mon interdiction de sortie en nous emmenant toutes les deux au restaurant chinois. Je dois dire que je suis soulagée. La cantine commence à me sortir par les yeux. Avec le peu d'effectif dans le bâtiment, il y a encore moins de choix que d'habitude.

Le garage lui ayant enfin rendu sa voiture, c'est tout fier qu'Amaury la prend pour nous conduire tous. C'est vrai qu'elle est belle. Un modèle pas trop coûteux mais une couleur incroyable qui brille au soleil, dévoilant des reflets d'une couleur opposée sur le cercle chromatique. J'ai peur de la salir en montant dedans. Et il y a la climatisation. Je suis presque tentée de lui demander de me ramener chez moi ce soir. Seule la pensée de ce que Mme Tamaris pourrait raconter à mes parents me fait préférer me taire. Tant pis, j'aurai chaud dans le bus.

Pendant le repas, c'est surtout Amaury qui parle, racontant à qui veut l'entendre (y compris nos voisins de table) ses projets de vacances pour la semaine prochaine. Avec des potes, ils ont prévu de descendre dans le sud, mais ils ne savent pas trop où encore. Ils verront sur place où planter leur tente. Partir à l'aventure, c'est leur truc. Cela finit toujours par des vacances démentes.

Tous ces projets de vacances me donnent le vague à l'âme. Même mes parents sont partis. Je n'en aurai pas cette année, et je n'aurai même pas la satisfaction d'un rapport de stage réussi. Je n'ai pas le moral aujourd'hui. Mais trier des vieux dossiers toute la journée avec un soleil aussi radieux donnerait le cafard à n'importe qui.

Le lendemain, nous continuons le tri avec Simone. Je suis impressionnée de tout ce qu'elle a fait après mon départ. Elle me confie, mais sous le sceau du secret, qu'elle ne décroche plus le téléphone passé 17h30, ce qui lui permet d'avancer beaucoup plus vite. Ouf, tout n'est pas perdu pour elle, une étincelle de rébellion brille encore quelque part dans son esprit.

Je me dirige vers une nouvelle armoire pour m'attaquer à son contenu. Quand j'ouvre les portes, un document s'en échappe et plane jusqu'à mes pieds. Je le ramasse et demande à Simone.

Panique à l'informatique - TERMINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant