ALBAGHIA

Un bain au Jasmin

  Heureusement qu'il était stéril, j'aurais vécu un autre drame.
  Deux années s'étaient envolées séchement, sans perturbations, sans nouvelle farce, en fait la précédente s'était déjà intégrée dans mon quotidien, dans mon esprit et dans mon âme.
Cela me suffisait.
  Toute ma journée s'enfuit entre la cuisine et l'écurie, entre les vaches et les moutons, les montagnes et les arbres, comme un animal stupide. Je mène une vie fade et plate. La monotonie et mortelle.
Le démon m'harcèle souvent.. je suis restée discrète pour ne pas détruire le foyer que ma  mère avait construit, et même si j'avoue on ne me croira point. Je reste toujours seule perdante.
  Par une matinée printanière et humide, je me lève et je respire, je prends de la nature une aire propre, ronde et onctueuse, je me dirige vers l'écurie, il y avait un bassin, je le remplie d'une eau fraîche et je le parfume à l'œil de Jasmin.
  Je me déshabille, je suis grande, j'obtiens un corps mature, j'ai une peau blême, des veines bleues et marquées, des mains rosâtres, et des seins volumineux comme des pêches. J'eus une taille féminine, je m'apprécie.
  Je plonge.
Le temps s'arrête quelques instants, Il faisait sombre, sauf qu'un rayon jaune et chaud pénétrait par un carreau.
  Mes pensées trouvèrent leur liberté de nouveau, je rêvais mais je savais que se n'était qu'une soif à ne jamais accomplir .
Comme c'est cruel!
  Après une longue promenade, je naquis de nouveau, toute nue.
  Je me lève et je respire, je mets ma serviette torchonée et je reviens à ma chambre.
Je fixe le miroire, je me fixe.
Comme je suis belle! Je mets du Kehul dans mes yeux, ce qui leur offre un regard rude et sevère comme des émeraudes polies, je peigne ma chevelure odorante, je mets une couronne de Jasmin puis je pince mes joues et je rie, je rie du fond . Je suis encore vierge, je le suis .