- Okay. Je vois, a-t-il dit d'un air grave.

J'ai tourné les talons avant de me raviser et de lui jeter un dernier regard.

- Jure-moi de ne rien dire à personne. S'il te plaît.

Il a haussé les épaules.

-Ouais, t'inquiète. Je t'aime bien quand même, même si tu es froide et peu loquace. Je veux pas te gâcher la vie.

- Merci.

On s'est dévisagé quelques instants.

- Tu es étrange Fly, ai-je murmuré.

- Ne le sommes nous pas tous ? a-t-il ri.

Il m'a fait un clin d'oeil et s'est éloigné en sifflotant.

Au moins, ça n'avait pas trop l'air de l'attrister. Il était comme ça, Fly. Si ça marchait pas, tant pis et si oui, tant mieux.

Mon téléphone a vibré dans ma poche.

Appel entrant de Dana Cavalletto.

J'ai décroché :
- Allô ?

- Hey. Juste, je vais pas pouvoir venir chez toi, ce soir, a-t-elle fait, d'une voix désolée.

- Oh... ai-je dit, un peu déçue. Pourquoi ?

- Ma tante a accouché, je vais lui rendre visite ! s'est-elle exclamée, avec enthousiasme.

Je pouvais presque la voir, pendue au téléphone, les joues rosies de joie et un grand sourire aux lèvres. J'ai souri :

– C'est une fille ou un garçon ?

– Un petit garçon, il s'appelle Massimo.

– Adorable, ai-je soufflé.

- Oui, je suis trop contente pour eux, ça faisait longtemps qu'ils voulaient un enfant. Ils avaient même pensé à adopter mais un jour, alors qu'ils s'y attendaient plus, c'est arrivé !

J'ai fixée l'ombre de Fly qui tournait derrière les arbres. Je sais pas pourquoi, j'ai repensé à ce film, là, Juno.

Je l'avais vu avec Dana, un jour.

Je m'étais à moitié endormie devant. Mais je pouvais pas m'empêcher d'avoir cette image, cette gamine de seize ans avec ce ventre énorme. Je me souvenais pas à quel moment elle réalisait qu'elle était enceinte.

C'était quoi les signes déjà ? Vomissement ? Arrêt des règles ? Ou rien de tout ça ?

J'ai dégluti. Lentement.

– Génial, ai-je dit, d'une voix un brin forcée. Bon, écoute...Euh, je dois te laisser, Juan m'attend.

–A toute !

Il y a eu un silence :

– Je t'aime, a-t-elle ajouté doucement.

– Moi aussi, ai-je murmuré en raccrochant.

J'ai parcouru quelques mètres, le coeur battant, les joues en feu. Puis, j'ai couru.
Je ne pouvais plus m'arrêter, je ne savais pas où aller ni quoi faire avant d' échouer devant une pharmacie.

J'y suis entrée en trombe.

Le pharmacien et ses clients m'ont fixé avec des yeux réprobateurs. J'ai respiré un grand coup et j'ai attrapé le test de grossesse sur le présentoir.

Une femme avec son chien m'a regardé de travers.

J'ai eu un petit sourire confus, comme pour me justifier de quelque chose, alors qu'il n'y avait aucune raison qu'elle me juge.

Le test en poche, je me suis précipité chez moi, dans ma salle de bain.

J'ai regardé la notice.

Il fallait faire le matin.

Alors, j'ai attendu.

Je me suis couchée dans mon lit, et j'ai fermé les yeux, tentant d'oublier cet emballage rose débile, ce test débile, cette probabilité débile, Fly ce débile, mes bêtises débiles.

J'ai fini par m'endormir, je crois, me réveillant environ toutes les demi-heure pour jeter un coup d'oeil à l'heure.

A sept heure moins une minute, je me suis levée d'un bon et je me suis ruée dans la salle de bain. J'ai souri avec amertume.

J'ai toujours trouvé un peu ridicule de devoir pisser sur un bout de bois qui ressemblait à un bâtonnet de glace.

Ça enlève tout charme à la découverte de la vie. Remarque, j'ai dû mal à trouver la situation charmante.

J'ai fixé le petit smiley sur le test.

Je n'ai pas bougé, durant quelques instants.

Et puis, les yeux rivés sur ce petit smiley souriant, je me suis effondrée par terre.

« Merde », ai-je murmuré.

Chacha disait toujours que nos mensonges nous rattrapaient.

Dans mon cas, ils avaient été rapides.

Et cette fois-ci, pas moyen de fuir.

« Entretien nº4.

– Vous ne vous étiez pas protégée ? Durant votre rapport ?

– On est vraiment obligé de parler de ça ?

– Il n'y a aucune honte à parler de ça.

– Oui, ai-je murmuré en rougissant. Vous avez remarqué que tout le monde fait des blagues la-dessus mais quand il faut vraiment en parler, il y a plus personne.

Il a souri.

– C'est vrai.

– C'est vraiment débile. Mais en fait, je crois qu'il y avait du sperme sur la capote. Enfin, il l'a mis du mauvais côté et après l'a retourné. Fly me l'a dit, après. Il pensait pas que c'était grave parce qu'apparemment ce type n'est pas capable de suivre un cours correctement, même pas le cours d'éducation sexuel. Bon.
Et puis, je crois qu'il était sensiblement bourré. Et euh..Voilà.

Il hoche la tête.

–Et qu'avez-vous fait après ?

– Je crois que j'ai vaguement parlé à Riad. Il m'a demandé de partir de la salle de bain parce qu'il devait se laver les dents. Puis, je me souviens qu'il s'est moqué de moi, parce que « je passais toute ma vue couchée par terre » et il m'a demandé si c'était une tradition ou quelque chose comme ça. J'ai dû l'insulter. Et je suis allée dans mon lit faire la morte.

–C'est-à-dire ?

–J'ai séché toute la journée. Je me suis avachie dans mon lit. J'ai attendu que ça passe. Mais comme vous pouvez vous en douter, ce n'est pas passé, souris-je avec amertume »

Note :
Voilà ! J'espère que ce chapitre vous plaît. Je l'ai écris tellement de fois pour qu'il soir exactement comment je voulais qu'il soit !
Un commentaire, un vote = un bisous de Fly !
Merci à tous pour vos retours, c'est très encourageant d'avoir des commentaires sur cette histoire.
C'est un peu un chapitre de basculement. A partir de là, les choses ne seront plus pareilles. Comment agiriez vous à la place d'Héloïse ?
Je vous embrasse fort,
BlueCalifornie

Sous extasyWhere stories live. Discover now