Partie 5

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Cette nuit-là, mes rêves furent différents. Je ne saurais dire exactement en quoi : j'avais désormais la certitude qu'il les contrôlait, mais qu'il ne m'autorisait pas à en garder plus qu'une vague impression, et le lendemain matin, je m'éveillai... troublée.

Quels étaient mes sentiments pour Lucius ? Je ne sais pas. Il me terrifiait toujours autant, car je savais qu'il lui suffisait d'un mouvement pour me tuer ou pire, et qu'il était capable de faire ce mouvement. Il suffisait d'un mot, d'un geste pour le rendre fou de rage, et il ne se contrôlait plus. En même temps, j'avais envie d'être près de lui. J'avais envie de lui. J'avais besoin de lui. Je me sentais en sécurité là où je n'avais jamais été autant en danger.

POP.

— Le maître exige que vous le rejoigniez dans la bibliothèque, lorsque vous serez prête.

POP.

Je n'étais pas revenue dans la bibliothèque depuis le premier jour. En fait, je n'étais pas sortie de ma chambre, et cet enfermement commençait à me peser. Je ne passai que peu de temps dans la salle de bain. J'avais réellement progressé en magie sans baguette, et j'étais de plus en plus efficace dans mes préparatifs. Lorsque je revins dans la chambre, au lieu d'une robe, comme les autres jours, je ne trouvai sur le lit qu'un corset en dentelle noire et une paire d'escarpins à talons très hauts. Lorsque, ayant passé le corset, qui par enchantement se noua lui-même et se serra autour de mon corps jusqu'à m'étouffer, je regardai le résultat dans le miroir, je ne pus retenir un cri de stupeur. Mes seins avaient l'air de deux énormes globes prêts à jaillir de leur carcan de tissu, et ma taille extraordinairement fine contrastait avec mes hanches qui semblaient plus larges que d'habitude. Le bas du corset s'arrêtait au niveau de mes hanches et ne cachait rien de mon intimité ; j'étais particulièrement gênée d'être ainsi exposée, et troublée. C'était moi et, en même temps, je me sentais différente, beaucoup plus sensuelle, beaucoup plus... femelle. Je sentais déjà une chaleur humide entre mes jambes.

Les pas qui me menèrent à la bibliothèque étaient beaucoup plus assurés que le premier jour, malgré les très hauts talons que je ne maîtrisais pas encore parfaitement et qui me faisaient, tous les deux mètres, chanceler. Mais je n'avais pas peur : s'il me faisait mal, je savais désormais que je pouvais le supporter. Et mon désir pour lui était tel que si son intention était de me prendre, je serais tout à fait consentante.

Comme la première fois, les lourdes portes en chêne de la bibliothèque se refermèrent à mon passage, et comme la première fois, Lucius n'était visible nulle part. Sur la table, un in-folio visiblement très ancien était ouvert. Je m'approchai pour y jeter un œil, et compris que comme celui du premier jour il avait été placé là à mon intention : c'était un recueil de gravures érotiques comme je n'en avais jamais vu. J'avais déjà feuilleté de tels ouvrages dans les librairies moldues, mais pas chez Fleury et Bott, et comme il s'agissait d'un ouvrage magique, évidemment, les images étaient... animées. Cela était déjà plus que troublant, d'autant que la jeune femme sur les gravures me ressemblait étrangement et que l'homme avait de longs cheveux blonds. Mais cela le fut encore plus lorsque j'effleurai une des images du bout des doigts : je ressentis une violente décharge de plaisir et de douleur mêlés comme je n'en avais jamais connue. Je ressentais exactement ce que ressentais la jeune femme représentée sur la gravure. Elle était debout, penchée en avant, les mains appuyée sur ce qui devait être un mur, et un homme au sexe gigantesque lui tenait les hanches et allait et venait en elle, la déchirant et la comblant. C'était comme si j'étais aspirée par le livre, et que je devenais elle.

— Intéressant, n'est-ce pas ?

Je ne l'avais pas entendu arriver, et je sursautai, m'extrayant du même coup de l'image. Il était très près de moi, je pouvais sentir son parfum, son souffle chaud sur ma nuque et l'étoffe luxueuse de sa chemise qui effleurait mes épaules. Mais lui-même ne me touchait pas, alors que j'aurais tout donné pour qu'il le fasse. Le livre se referma.

— Comme beaucoup d'ouvrages de cette bibliothèque, c'est un exemplaire unique. Un de mes ancêtres l'avait... créé pour l'instruction de sa jeune épouse. Mais, nous n'en sommes pas encore tout à fait là.

Il se recula.

— Ce corset est absolument parfait. Quel effet cela vous fait-il d'être... exposée de la sorte ? Vous avez conscience que votre tenue est encore plus indécente que si vous étiez nue ?

— Je...

Je ne pouvais pas lui dire que j'étais plus excitée que je ne l'avais jamais été.

— Tournez-vous.

J'obéis, mais j'étais absolument incapable de le regarder.

— Levez les yeux.

A nouveau, je fus obligée d'obéir. Son regard était sévère et un rictus moqueur apparut sur son visage.

— Vous êtes gênée. Vous rougissez. C'est charmant. Mais je crois qu'il n'y a pas que ça.

Il se rapprocha, assez près pour me toucher. Sa large main chaude remonta le long de ma cuisse et... oh... il glissa un doigt en moi. Je tressaillis. Mais il le retira aussitôt pour le porter à ses lèvres et le lécher voluptueusement. Je ne pus m'empêcher de gémir de frustration, ce qui le fit à nouveau sourire.

— Que voulez-vous, petite sorcière ?

Je baissai à nouveau les yeux, et ne répondis pas. Je ne pouvais pas lui répondre.

— Lorsque je pose une question, j'exige une réponse. Et je vous ai déjà donné l'ordre de me regarder. Alors, que voulez-vous ?

— Vous ?

— Je ne comprends pas. Qu'est-ce que vous voulez de moi, petite sorcière ?

Oh par Merlin non non non, je ne peux pas. Mais il a posé une question. Je dois répondre sinon il va se mettre en colère et ça sera pire.

— Je veux... que vous me preniez ?

A nouveau, il eut un petit rictus moqueur.

— Je vais accepter cette réponse pour cette fois, mais il faudra que vous appreniez à exprimer vos désirs de manière beaucoup plus... claire.

A nouveau, je sens sa main entre mes cuisses. C'est bon, c'est tellement bon. Son pouce caresse mon point sensible, m'arrachant un gémissement. Je veux le toucher, je veux le caresser, alors je tends ma main pour glisser mes doigts dans ses longs cheveux blonds. J'en rêve depuis le premier jour. De toute façon, toutes les sorcières du pays, même celles qui le haïssent de toute leur âme, rêvent de glisser leurs doigts dans la crinière soyeuse de Lucius Malefoy.

Mais je reçois une gifle.

— Ne me touche-pas ! Siffle-t-il entre ses dents.

Les larmes me montent aux yeux, je sais que cela va le mettre en colère mais je ne peux pas les empêcher.

Et soudain la douleur à nouveau, atroce. Du mercure en fusion coule dans mes veines et ça fait mal, bon sang que ça fait mal. J'ai l'impression que cela dure une éternité et que mes cordes vocales vont se casser à force de hurler. J'ai l'impression que jamais je n'ai eu aussi mal.

Et puis, enfin, ça s'arrête, et nous restons un long moment à nous observer en silence. Encore une fois, je n'arrive pas à déchiffrer son expression, s'il est furieux ou simplement pervers, ou les deux. Et à nouveau je suis terrifiée. J'essaie de fermer mon esprit mais il est un bien meilleur legilimens que je ne suis douée en occlumancie.

— Vous ne comprenez pas, n'est-ce pas ?

Je secoue la tête et à nouveau je sens les larmes me monter aux yeux et je voudrais tout faire pour les empêcher de couler mais je ne vais pas y arriver et il va me punir à nouveau. Alors je me mets à trembler de terreur, et un éclair de fureur passe dans son regard. Mais il se contente de me gifler, et de me congédier d'un ton sec et glacial.

— Revenez dans votre chambre. Nous reprendrons demain.

Les cinq leçons de Lucius MalefoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant