PART ONE: ─ S W E E T H E A R T

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- Combien t'en veux?

- Hein ?

- Je t'ai demandé combien tu veux de barrettes. Une, deux? Quatre? On les vend jusqu'à des paquets de cinq. Si tu as de quoi payer, évidemment.

- Oh. Je sais pas. N'importe quoi de suffisant pour ne plus rien avoir dans la tête.

...

- Petit, traîne pas là, t'as encore beaucoup à faire avant de te foirer comme ça.

                                                                                   ***

Sullivan, Sullivan, Sullivan...

Raccourci, ça donne Sully.

Ca sonne comme 'Sally'.

Sullivan, t'es une fille ou un garçon ?

                                                                                   ***

- Mamaaaaan ...

- Timothy pose ce cendrier sur la table, s'il te plaît!

- Mamaaaaaaan ...

- Laurette, arrête de jouer avec la porte du frigo, je te dis que tu vas finir par la casser! Et mets la table, c'est la quatrième fois que je te le dis... LAURETTE!

- Maman, est-ce que - ...

- Pas tout de suite Sullivan, je suis occupée, tu vois bien? Qu'est-ce que fait Jan, encore... JAN JE NE VEUX PAS DE CHIEN DANS CETTE CUISINE !

- Maman, tu peux m'attraper les assiettes, j'arrive paaaaas.

- Tiens ma puce, et ne fais rien tomber, tu as eu assez de points du suture comme ça, la dernière fois.

- J'ai pas fait exprès!

- Je sais mais il vaut mieux prévenir que guérir, d'accord?

- Mamaaaaan, pitié, c'est juste pour savoir - ...

- DEUX SECONDES, Sullivan. J'arrive. Surveille le feu, je vais chercher Petra, elle doit être réveillée à cette heure-ci.

- Mais...

- Regarde la casserole! Tu m'appelles si le minuteur sonne.

Dans la cuisine des Morpeth, c'est une joyeuse débandade qui règne, un peu comme tous les soirs. Encore plus quand c'est samedi, que les enfants ont eu de quoi s'exciter toute la journée, et que Félix - le chef de famille - n'a d'autre choix que de laisser Elora, sa femme, s'occuper à elle seule de leurs cinq petits. Parce que samedi, c'est séminaire. Il y a des fois où il se demande franchement ce qui a pu se passer dans leur tête pour qu'ils s'autorisent à donner la vie à autant de mini chimpanzés, inévitablement prêts en toute circonstance à exploiter leur énergie de parents à travers un maximum de casse et de cris.

Mais bon, ils les aiment. Tout le monde s'aime, dans cette famille; et un peu de bruit, c'est aussi un peu plus de vie. Et ils n'échangeraient ça pour rien au monde, alors ça va. En plus, le système est bien rôdé, chacun avec sa place et ses responsabilités attribuées. Enfin presque. Presque. A sept plus un dans un appartement perdu au dix-neuvième étage d'un gratte-ciel de Chicago, on fait surtout gaffe à ne permettre à rien ni personne de passer par la fenêtre, ni à trop cogner contre les murs - si prompts à distribuer des bleus - en allant d'une pièce à une autre.

Les partitions éparsesWhere stories live. Discover now