Croix

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Je ferme les yeux un instant,

tout me brûle, tout m'accable.


Etait-ce vraiment le seul chemin qui m'était destiné ? Est-ce que chaque pas doit être aussi douloureux.


Mes pieds... mes pauvres pieds sont usés.


Mes épaules me pèsent

et mes pieds hurlent leur maltraitance.


J'ouvre les yeux ; il me faut avancer.


La foule est présente.

Elle brode les ruelles, les pavés sont bouillant,

les visages m'accompagnent dans mon cheminement.


La croix me laboure l'épaule, je saigne, elle est ensanglantée.

Elle me semble si légère, si douce,

on me crache dessus, les insultes pleuvent

coulant en fleuve des bouches innocentes,

des lèvres aveuglées.


Il me faut avancer,

je tente tant bien que mal à lever le regard,

mais ma nuque me guide vers la terre d'Israël,

le soleil tape.


« Les cieux sont-ils encore au-dessus de moi ou ont-ils fuit ? » Il fait si chaud.


La foule me suit. J'y prête attention, espérant y découvrir mon salut.

Nos yeux se croisent.

Je redécouvre le monde dans un regard partagé.

Nous nous sommes vus.

Là, ils sont là. J'y trouve mes cieux, j'y reconnais les miens.

Mes amis, mes disciples, frères et soeurs,

Ceux-là pleurent, ceux-ci sont muets.

Ils semblent mourir avec moi. J'en suis désolé...


Je trébuche, je saigne, j'ai mal. Le sol m'accueille d'un coup. Je n'étais pas assez rapide...

Moi qui marche vers ma mort.

Je retiens mes larmes et j'ai mal.

Un soldat me lancine les côtes à coup de pic.

La foule le félicite,

les cris je les connais : l'écho des rameaux.


Une main me saisit le bras. Je suis surpris... le geste est si doux. Je découvre celui qui me relève. Il est jeune. Il y a un jeune à mes côtés. Il prend un peu de notre croix, elle est plus légère, nous marchons ensemble.

Suis-je vraiment en chemin ?

Il m'accompagne, je ferme les yeux. Nos joues sont mouillées.


La colline pointe à l'horizon, sortant d'une terre d'ocre, peignée dans un ciel rouge.

Nous y sommes. Je marche, il marche. Nous y sommes.

Entre ciel et terre,

accueilli par les ombres humaines, curieuses.


Je suis au pied de la colline, les grillons et bonnes odeurs, les plantes de mon pays, ne sont plus présents. Le ciel est vide de nuage, il n'y a que le voile rouge.


Le monde s'était fait silencieux. Il semblait m'attendre.

Je soupire.

Nous avons porté la croix.

Des cris d'espéranceTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon