<<Show Must Go On>>

<<Chapitre quatre>>

Quelqu'un me bouscule et je grogne, ce qui arrache un rire à Ady.
-"Toujours aussi agréable ma chère Athena " lâche t'elle dans un éclat de rire.
Il faut dire que je suis d'une humeur de chien; je n'ai pas cessé de m'impatienter, de m'énerver puis d'insulter les gens autour de nous. Heureusement, cela a le dont de rendre le sourire à ma meilleure amie .
Nous sommes tous réunis, les ado de l'Aigue Marine, dans l'Auditorium. Je croise des regards que je pensais avoir oubliés , tant de visages avec lesquels j'ai passé les treize premières années de ma vie sans jamais tenter de tisser le moindre lien, pour éviter, à eux comme à moi, d'avoir à souffrir lors du Show. Ce moment est arrivé. Je me suis attachée à Adèle . Elle s'est attachée à moi. Et nous souffrirons toutes les deux. Car nous savons aussi bien l'une que l'autre qu'il n'y en aura qu'une qui survivra au final. Et c'est celle qui remportera toutes les Battles, et qui intégrera l'elite, ce truc que tout le monde nous sort à tort et à travers , à toutes les sauces, nous y promettant le paradis sur Terre. Sauf qu'il n'y a que les imbéciles pour y croire: quiconque ayant subi les Shows ne peut être heureux. Il ne l'est, dans les meilleurs cas, que partiellement. Ce qui contredit complètement le terme de "Paradis".
-"Habitants Aigue-marine " clame la voix monocorde de la directrice de l'orphelinat, Madame A.
Nous passons tous en un instant à l'état de bruyants à celui de silencieux. Non pas que nous la respections, mais plutôt parce que le stress de la Sélection nous consume entièrement. Serons nous sélectionnés ? Ou destinés à subir la misérable vie des Nourriciers? Je préfère encore me confronter aux Shows. Là au moins nous avons une chance de vivre vraiment. Même si ce n'est que pour un court instant.
La au moins, nous possédons un pouvoir: celui de s'exprimer, de rester en vie, et surtout, on a une dernière chance d'emmerder la société , en leur balançant toutes nos idées.
C'est le seul endroit où nous sommes maîtres de notre vie. De notre destin.

Nous patientons depuis dix-sept ans, attendant dans la crainte cet instant où l'écran va s'allumer et où nous pourrons suivre le dépouillage et la sélection . Et maintenant que nous y sommes, nous ne le réalisons à peine .

Je sens la main moite de ma meilleure amie s'accrocher à la mienne . Je me tourne vers elle, son visage rongé par l'angoisse dirigé vers l'écran blanc qui s'allume alors, et je me promets de mettre en œuvre tous les moyens que je possède pour la faire accéder au statut de Jeune Talent. Elle serre ma main encore plus fort et me regarde. Je lis en elle comme un livre ouvert, et je sais qu'elle pense la même chose que moi. Sauf qu'il est hors de question que ça soit moi. C'est comme ça , cela serait vain de toute manière . C'est la seule que je ne lui ai jamais dite. Elle le saura en temps voulu . Je suis la seule au courant et je compte bien le rester.
Nous redirigeons nos yeux vers le grand écran . Les premières notes de notre hymne national emplissent la salle, et nous nous levons , comme il est de coutume. Celui là se termine sur le même La mineur que celui sur lequel il a débuté.
L'image de dix hommes en costume deux pièces ,chacun de la couleur de la pierre qu'ils représentent, situés devant chacun une urne ,remplit l'écran. C'est l'Homme en rouge , représentant des Rubis qui entame la cérémonie. Suivi par le représentant des Saphirs, puis celui des Diamants et des Émeraudes .
Je m'ennuie sérieusement et Ady semble au bord de la crise cardiaque . J'ai envie de les étrangler et d'ouvrir moi même cette maudite urne rien que pour ça.
-" Candidats Aigue-Marine"
Je prends une grande inspiration et presse la main d'Adèle.
L'Homme en bleu reprend:
- " Tous les noms que j'appellerai seront priés de s'asseoir sur les sièges de la Rangée des Candidats, située sur leur gauche . Merci.
Ambre, Amandine, Adam, Aline, Andreas, Amaury, Adeline, Angèle, Anne, Alexis, Arthur, Arnica, Adèle ...
Adèle . Mon amie est sélectionnée pour les Shows. Elle me lance un regard emplit d'un désespoir que je souhaite ne plus jamais revoir dans ses yeux noisettes. Elle se lève et rejoint le siège sur lequel son nom vient de s'afficher en lettres marine.
L'Homme en bleu continue.
-" Andromède, Artemis, Aurore, Appollon, ...
"Prononce mon nom, vas y, dis le.. Je t'en prie.. " le temps passe et ce con ne m'a toujours pas appelée . De plus en plus de noms sont prononcés et il ne reste que quatre sièges vides. Non, non, non... Appelle moi je t'en prie...
-" Amina, Antoine, Athena...
Je sourie presque. Je vais pouvoir aider mon amie et être auprès d'elle. Je vais pouvoir vivre un peu. Je suis l'avant dernière, le suivant portant le nom d' Achille. Il se trouve être mon voisin de droite et nous nous adressons le même sourire, entre le soulagement et la crainte. Je me souviens de lui lorsque nous étions à l'orphelinat. Il a beaucoup changé , ses fins cheveux châtains autrefois court, presque inexistants (comme l'indique le protocole de l'orphelinat dans l'article stipulant la coiffure obligatoire) sont plus longs et ébouriffés . Ses yeux verts ont cependant gardé leur intensité. Nous nous asseyons sur nos sièges attitrés , également côte à côte, suivant la l'ordre de la liste. Je sens le regard d'Adèle sur moi et je lui sourie . Elle me lance un regard interrogateur, ses yeux alternant entre Achille et moi. Je soupire, faisant mine d'être agacée, et ma tête s'oriente vers tous ceux qui restent . Tous ceux là qui devront à compter d'aujourd'hui vouer leur vie à leur travail. Leur statut de parents Nourriciers. Ils n'auront plus de vie. Obéiront aux ordres. Puis mourront. Point et fin de l'histoire. De même que tous les autres, sélectionnés en tant que Candidat. Ils gagneront ou perdront. Puis mourrons. Et il n'y aura personne pour se souvenir d'eux, de la façon qu'ils avaient de rire, de ce qu'ils ont vécu , ni même de leur nom. Ils sont trop dans ce cas. Certains on échangés leur expression sereine contre les larmes.
Ça y est, les Shows ont commencés . Je vous y souhaite la bienvenue; de toute manière, il n'y a aucune porte de sortie.