déchirez-moi le ciel

dial.1

   - Je comprends pas le principe. Donc vous, homme dont je n'avais pas la certitude de l'existence avant d'avoir franchi cette porte, pouvez m'aider.

- Hym, tu as essayé de te suicider. me répond celui qui prétend au métier de psychiatre avec patience.

- Sans blague? je demande avec sarcasme.

   - Écoute, je sais que tu penses que je suis incapable de t'aider, mais crois-moi, c'est mon métier. À ton âge, c'est normal d'avoir des doutes, des insécurités et des peurs. Mais le suicide n'est pas la solution.

   - Croyez-moi, je ne considère pas mourir comme une solution à quoique ce soit. C'est juste un choix.

   - Pourquoi ce choix, Hym?

   - En quoi vous concerne-t-il? je rétorque.

   - En rien. admet l'homme en replaçant ses lunettes rectangulaires correctement sur son nez.

   - Nous voilà sur la même longueur d'onde! je déclare en me relevant du siège dans lequel je m'étais affalé.

   - Je sais que tu me penses incapable de te comprendre.

   - Et vous avez bien raison.

   - Et toi tu as tort.

   - Pourquoi? Parce que j'ai essayé de me tuer?

   - Non. Parce que tu penses être le seul à te comprendre. Il a beaucoup de gens dans ton cas, tu sais.

   - Je rêve ou vous essayez de me proposer de rejoindre un groupe de soutien? Ma parole, pour un psy vous êtes long à la détente! je m'exclame. Je ne suis pas comme ces gens dépressifs, à court de solutions ou que sais-je. Je suis pas un ado à qui on a brisé les rêves ou les espoirs. Je vous ai dit avoir fait un choix et je ne le regrette pas.

   - Très bien.

   - Vous ne pourrez jamais comprendre.

   - Alors explique-moi, Hym.

   - Non. C'est une perte de temps.

   - Rien n'est occupé de se perdre. La séance se terminera dans vingt minutes. On a tout notre temps.

   - Et bien, si vous me le permettez, j'aimerais passer ces vingt minutes sans vous entendre me rabâcher les oreilles à propos de cette tentative ratée. Vous ne pourrez pas m'empêcher de me donner la mort. Je l'ai ratée de peu. Et croyez-moi, la prochaine fois, j'ai intérêt à réussir ou alors j'envoie quelqu'un saluer la Faucheuse à ma place.

   - Asseyons-nous donc dans le silence. conclut l'homme.