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Je souffle bruyamment en regardant mon lycée qui se trouve juste en face de moi. J'ai passé le reste du weekend à me cacher dans ma chambre, dans le noir, sans parler à personne. Kian, impossible à joindre. Je ne sais pas s'il est sorti de garde à vue... enfin, probablement à cette heure-ci mais j'ose espérer qu'il m'a ignoré parce qu'il n'avait pas son portable avec lui. Il ne m'a toujours pas rappeler depuis et j'ai vraiment peur d'avoir détruite notre amitié.

Mais le pire reste à venir. Je ne suis toujours pas rentré à l'intérieur du lycée et j'ai vraiment peur. Pas comme lorsque je n'avais pas révisé pour un contrôle ou bien parce que je n'ai pas fait une heure de colle. Là, ça touche mon entourage et non ma scolarité. Je ne sais pas si c'est plus grave, mais c'est tout aussi important pour moi. J'essaie vraiment de ne pas faire attention à ce que les gens peuvent dire sur moi mais c'est dur. À présent, la difficulté a doublé puisque c'est tout le lycée qui est contre moi. Mais je l'ai bien cherché après tout. Les gens ont toujours une raison de détester les autres, ils ne sont pas stupides et cette fois, ils en ont une bien bonne.

Je prends mon courage à demain et m'avance jusqu'au parking. Pleins de voiture occupent déjà des places et les propriétaires restent devant, à frimer ou bien à parler avec leurs amis. Cette fois encore, c'est différent puisque quand je m'approche, ils détournent presque tous leur regard sur moi. Et je déteste ça. Je déteste avoir toute l'attention sur moi.

— Regarde, c'est elle que je te parlais hier soir, chuchote une fille à son amie, sans aucune discrétion.

— C'est elle ?! cette dernière écarquille les yeux et me jette un coup d'œil tandis que je baisse la tête.

La journée s'annonce très mal, je le sens.

Et c'est ainsi jusqu'à ce que je passe les grillages. J'avais l'impression d'être une malheureuse petite chèvre entourée de lions prêts à sauter sur leur proie. Ils me regardent tous, certains avec du mépris, d'autres avec indifférence ou bien avec de la pitié.

Je m'avance au plus vite vers les casiers, tentant d'échapper à leur regard rempli de reproche. Mon casier ouvert, je dépose mes affaires de l'après-midi. En rangeant mon premier livre, Cameron fait son entrée. Il tient les deux bandoulières de son sac à dos. Il affiche un visage ferme et sérieux, et mon cœur bat vite à cette image. Pas comme on pourrait le croire, mais avec une appréhension. À cet instant, j'ai vraiment peur qu'il me bondisse au visage pour me frapper encore et encore. Mais à la place, il me jette un regard noir. Meurtrier. Et ce, durant de longues secondes. Il ne décolle pas ses yeux de moi et continue d'avancer, ignorant ses amis qui se trouvent à ses côtés. Tout ça avant qu'il ne détourne la tête.

— Hey, une faible voix me fait sortir de mes pensées, celle qui me fait fondre depuis des années et qui réussit à me donner le sourire, même dans les pires moments.

Je me tourne donc vers lui et lui souris.

— Salut, comment ça va ? je demande tout de même.

— Je vais bien, j'ai passé mon weekend à dormir mais ça va. Mais toi ? il grimace, comme s'il prend un risque de me poser cette question.

— Il le faut bien. Même si je suis épier toutes les trente secondes, dis-je en regardant un garçon qui lui me fixe déjà avant de détourner les yeux et de partir.

Je plonge mes yeux dans les siens et je peux entrevoir de la peine. J'ai beau l'aimer de tout mon cœur, je ne supporte pas qu'il me prenne en pitié. Je veux qu'il me pense plus forte que ça, que je n'ai pas besoin qu'on me réconforte pour que j'arrête de pleurer. J'ai fait une connerie, maintenant je l'assume jusqu'au bout.

Pull me CloserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant