La politique est dure, complexe. Elle ne permet pas des égarements pareils. Alors ils le cachaient, mentaient à leur femme, au président de la République lui même.
Un amour interdit au sein de la gauche, voilà ce que cachaient Macron et Valls.
Quelques jours plus tard, Macron Valls et Hollande se réunirent dans une des grandes salles de l'Élysée, le Jardin d'hiver. Ils y étaient pour discuter.
Et ils y discutèrent de nombreuses choses, mais en vérité, ils parlèrent peu travail... On pourrait dire que, tout cela n'est pas sérieux, que les grandes têtes du gouvernement ne foutent rien, mais tout ce que souhaitaient ces hommes en costumes trois pièces par moment était s'aérer l'esprit, parler ballades, camping, famille, femmes et enfants... et en ce jour, c'était précisement ce qu'ils faisaient, avachis dans quelques fauteuils posés dans la salle pour l'occasion à la place de l'habituelle table officielle.
- Alors Manuel, demanda Hollande en tournant la tête vers son premier ministre brun, comment va Anne?
- Oh, répondit Manuel un peu gêné, ne sachant que dire, eh bien... Ça dépend, on va dire. Et toi François tu...?
- Je rien du tout. Célibataire, je me sens bien, et les médias s'en mêlaient trop de toutes façons.
Manuel le regarda avec un sourire un peu triste. Il savait bien qu'en janvier de cette année 2014, il s'était fait quitté par sa femme. Un énorme scandal avait éclaté à cause de sa liaison avec une certaine Julie... Un grand moment de la Ve République, et Valls avait toujours eu un peu pitié de son Président sur ce point. Mais comment pouvait-il en parler si simplement? Comme on parlerait de la pluie et du beau temps ou d'un manque de petits biscuits dans son tiroir? Penser à des biscuits et Hollande en même temps... S'il était seul, Manuel aurait sûrement rit comme un abruti, mais en face du Président, il se contenta de souffler du nez.
- Oui les medias... commenta Macron, un peu à l'écart.
Le brun se tourna vers le jeune ministre qu'il avait eut peur de fixer jusqu'ici. En fait, il avait peur de croiser son regard, ce regard qui lui donnait terriblement chaud, ce regard qui le pénétrait. Malheureusement pour lui, Emmanuel tourna la tête vers ses yeux noisettes au même moment et les deux hommes se fixèrent quelques secondes avant de détourner rapidement le regard, Manuel le cœur battant. Horrible sensation, il se sentait mal d'avoir ce genre de réactions infondées.
- Et toi heu... Emmanuel, demanda Hollande en le jugeant légèrement du regard, comment les choses se passent avec ta femme?
Étonné de se faire tutoyer pour la première fois par le Président de la République, Macron se tortilla légèrement, se préparant sûrement à l'appeller à son tour "Tu", du moins c'est ce que la forme de ses lèvres laissait penser.
- Tu... Je trouve que ... (il tourna sa tête vers Valls) que ça dépend.
Emmanuel croisa de nouveau son regard et s'empressa de regarder le lustre au plafond, ce qui lui donnait un air affreusement suspect.
- Mais ne vous... ne t'inquiètes pas pour ça, continua Macron en regardant Hollande de nouveau, nous avons des choses plus importantes que des histoires d'amour à penser...
- Oh non, coupa Hollande agacé, tu ne commences pas à parler travail, là on se détend Emmanuel. Tu comprends ce mot? D-é-t-e-n-d-r-e.
- Oui mais, financièrement la situation du pays est...
- Très bien comme ça, on s'en sort très bien, dit Hollande sur un ton sans réplique.
Résigné, Emmanuel se tut. Dans la grande salle aux nombreuses vitres, la lumière rentrait doucement. Les trois hommes s'étaient donnés rendez-vous à l'aube, pour être plus tranquille. Mais Emmanuel lui n'avait pas l'air tranquille, au contraire, il semblait affreusement stressé et se tordait les doigts.
- Alors Macron, notre jeune ministre hein? fit Hollande comme s'il s'adressait à son fils. Tu as un rêve?
Emmanuel, choqué par cette question inattendue, sembla réfléchir quelques instants puis déclara d'une voix un peu cassante:
- Je voudrais faire mon propre parti politique.
Le Président se mit alors à rire, un rire aiguë, en se pliant dans son fauteil. Macron fronça les sourcils et Valls le regarda avec interêt. Le jeune ministre avait de l'ambition, ça oui, et même si Hollande n'y croyait pas, lui il était sûr qu'il arriverait à faire de grande chose. À cette pensée, Valls sourit.
Son rire se transformant en toux, le Président se leva pour mieux respirer et sorti de la pièce en répétant à voix basse 《Non mais franchement, un parti politique...》. Les deux ministres se retrouvèrent alors seuls dans la pièce.
- Je pense que vous pouvez y arriver, Macron, dit Valls plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
- Merci Mr.Valls, fit timidement Emmanuel.
- Et même, poursuivit-il en regardant la tapisserie murale, je vous y aiderai peut-être.
Macron l'observa avec un large sourire, visiblement touché. Peut-être allait-il trouver un partenaire?
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