La politique est dure, complexe. Elle ne permet pas des égarements pareils. Alors ils le cachaient, mentaient à leur femme, au président de la République lui même.
Un amour interdit au sein de la gauche, voilà ce que cachaient Macron et Valls.
Au nom de Macron, le cœur de Manuel fit un bond. Assis sur un des canapés de son appartement, il regardait la déclaration qui passait aux informations sur la composition de son nouveau gouvernement: le gouvernement Valls 2.
Il ne compris pas sa réaction, Macron n'avait rien de particulier, il n'était rien d'autre pour lui que son ministre de l'économie. Le stress pensa-t-il alors, juste le stress...
Anne, sa femme, fit irruption dans le salon, portant une belle robe surmontée d'un tablier de cuisine et un plateau de petit-fours dans ses mains. Elle regarda son mari avachi dans le fauteil, costard à demi-enlevé, cravate desserré de travers, les mains jointes sur son torse tremblantes.
-Ça va mon chéri? lui demanda-t-elle soucieuse. -Oh oui, je vais bien... répondit Emmanuel la voix légèrement tremblante. -Tu travailles trop, lui dit sa femme presque d'un ton de reproches, il faut que tu te calmes, ça m'inquiète.
Elle s'assit près de son mari et posa son plateau sur la table basse. Avec un geste presque gracieux, elle retira sa cravate et tendrement, elle lui caressa la joue. Anne s'approcha doucement de ses lèvres pour l'embrasser comme elle faisait toujours chaque soir où il rentrait. Emmanuel se laissa faire mais... Il ressenti une gêne. Une gêne qui n'avait rien d'habituelle face à sa femme. Pourquoi son baiser lui paraissait-il si... fade? Anne lui adressa un regard malicieux puis glissa sa main sur lui, jusqu'à...
-Non, soupira Manuel en éloignant sa main de son bas, je suis désolé chérie j'ai eu une dure journée et je... -Bien. Je comprends, le coupa froidement sa femme.
D'un bond elle se leva, déplissa sa robe beige de quelques revers de la main, et sortie du salon par la même porte d'où elle était entrée, quelques instants auparavent, avec des petits-fours et la ferme intention de faire plaisir à son homme tout juste rentré du boulot.
Manuel ne vit pas son visage mais pensa sans hésiter qu'il ne reflettait pas une expression d'intense joie. La porte menant au salon claqua en un bruit sec et il soupira: combien de fois encore aillait-il lui refuser tout ça? Combien de fois avait-il déjà refusé? Il aimait sa femme, normalement, enfin... il pensait? Impossible d'être sûr en vérité, ce sentiment, comme tous les autres, n'était pas palpable.
Manuel prit un petit-four, encore chaud comme tout juste cuit, et l'enfourna dans sa bouche. Ce qui était sûr en tout cas, c'est que de sa femme, il aimait beaucoup la cuisine...
Il ferma les yeux, repensant à sa journée, sa dure journée... Il avait avec Hollande discuté de ses décisions sur la composition des ministres de son nouveau gouvernement et lui avait demandé son avis (sans en tenir vraiment compte) sur ce qu'il pensait, entre autres, du tout jeune ministre Emmanuel Macron. Celui-ci lui avait répondu qu'il était ambicieux, un peu trop même, et qu'il allait peut-être leur faire de l'ombre... De plus il était très jeune et sa montée fulgurente l'agaçait, Valls le savait bien. Lui était plutôt admiratif de ce personnage, Macron lui inspirait beaucoup de témérité. S'imposer ainsi à son âge, quel tacte, quelle force...
Manuel sorti de ses rêveries en entendant un jinggle provenir de la TV. Il l'éteignit rapidement et se déshabilla, histoire de se détendre et d'oublier toutes ses responsabilités qui lui collaient à la peau dès qu'il se parait de son costume de politicien. Et puis, il n'avait pas la moindre envie d'entendre un journaliste lui raconter sa propre journée.
Manuel se mit en direction de sa chambre; fermée à clé. Avec amertume, il pensa que, ce soir, il allait devoir dormir sur le canapé...
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