chapitre 23

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- Putain, maman ! m'exclamai-je en fouillant dans la pharmacie. Elles sont où les aspirines ?

C'était probablement l'un des pires réveils de ma vie. J'avais très peu dormi cette nuit - comme toutes les nuits depuis un peu moins d'une semaine d'ailleurs - mais cette fois-ci, c'était différent. Je n'avais jamais eu une migraine pareille, et pendant quelques minutes, j'avais même hésité à sortir de mon lit pour me rendre en cours, avant de finalement abdiquer. Pour être honnête, je savais très bien que si je ne sortais pas de ma chambre aujourd'hui, je n'en ressortirai plus pendant des jours, parce qu'après tout, je crevais d'envie de rester cachée dans mon lit. Tout y étais beaucoup mieux.
Cela faisait bien cinq minutes qu'après m'être lentement sortie du lit, j'avais commencé à fouiller dans la pharmacie de la salle de bain, à la recherche des aspirines. Je fus un peu étonnée de ne pas trouver le tube de la dernière fois, celui dont le nom m'avait beaucoup intrigué. Celui-ci, et celui d'aspirine semblait avoir disparu. De plus, ma mère ne me répondait pas. Peut-être dormait-elle encore.
Je me faufilais jusqu'à sa chambre, et je fus alors surprise de la trouver vide. Ce ne fût qu'à la cuisine que je trouvais un post-it, m'indiquant qu'elle était sortie, sans même préciser où, ni même avec qui. Quelque chose tilta alors dans mon esprit. Ma mère était souvent sujette aux migraines comme celle que j'avais à cet instant précis, peut-être avait-elle dont laissé la boîte dans sa chambre ? Je retournais dans cette pièce. C'était étrange de la voir vide, et surtout si bien rangée, puisqu'il fallait avouer que ces derniers mois, ma mère s'était bien laissée aller. Je m'approchai du lit fait, et j'ouvris le tiroir de la table de chevet. Ce que j'y trouvais alors me glaça le sang, puisque ce n'était pas la boîte d'aspirine, mais bien le tube jaunâtre de la dernière fois. Vide. Il était accompagné de deux autres boîtes d'antidépresseurs, l'une vide, et l'autre à moitié pleine. Bordel,que se passait-t-il ici ? Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour voir que les tubes étaient tous de la même marque, et qu'ils avaient surtout la même date de prescription. Quelque chose clochait vraiment.
Je refermais doucement le tiroir, et je sortis de la chambre sans avoir trouvé ce que je cherchais. J'étais complètement perdue, mais quand mes yeux se posèrent sur l'horloge dans la cuisine, je compris de suite que je n'avais pas le temps d'y réfléchir. Je pris une rapide douche, et, après avoir avalé la moitié de mon petit-déjeuner, je me brossai rapidement les dents, et j'enfilais un jean basique avec un pull à capuche. Je ne pris pas la peine de me maquiller, puisque même le meilleur correcteur au monde ne pourrait pas cacher les cernes qui s'étiraient doucement sous mes yeux. Je relevai rapidement mes cheveux, et, après avoir enfilé une paire de basket et attrapé mon sac à main, je quittai l'appartement au pas de course.
Je ne me permis de repenser à ma trouvaille, qu'une fois que je fus belle et bien installée dans le métro, mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles. Je ne savais plus quoi penser de ma mère et de son comportement. Ses humeurs étaient changeantes - un peu plus que d'habitude , sois elle ne sortait pas de sa chambre, sois elle disparaissait tôt le matin. Quelque chose clochait, et c'était bien plus alarmant qu'avant mon départ en Californie. Il allait falloir que j'appelle Chiara, pour lui en parler. Peut-être que ça la fera réagir, soupira ma conscience, fatiguée de l'inactivité de ma sœur quant aux problèmes de notre mère. En attendant ma pause de midi, je tentais de me sortir cette histoire de la tête, mais ce fût compliquée. Autant dans le métro, en écoutant de la musique, que sur la route de ma fac, les mains plongées dans les poches de mon pull pour éviter de geler sur place à cause de l'air frais parisien.
J'adorais l'automne. J'aimais ses couleurs, j'aimais son ambiance. J'adorais me balader dans des parcs durant cette saison, pour capturer de jolis moments, que ce soit en contact direct avec des êtres humains, ou bien avec la nature. Je pouvais même passer mes journées à ça, et, si j'avais été douée dans le dessin, j'aurais adoré pouvoir m'inspirer de tels paysages, qui, à mes yeux étaient idylliques - moins que les plages de Californie je devais l'admettre.

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