Chapitre 1

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 « La nuit dernière, la terreur a gagné un troupeau de brebis au nord de la forêt Astral en Pennsylvanie.

Roland Dudley, éleveur de bétail, a découvert au petit matin deux de ses bêtes égorgées ainsi qu'une vingtaine de blessées.

Pour le berger, il ne fait aucun doute que ce massacre ait été causé par un voire plusieurs loups, seuls prédateurs capables de faire de tels dégâts... »


🌑


La sonnerie de mon téléphone retentit, m'arrachant les yeux de la télévision.

— Coucou ma belle !

En entendant la voix familière à l'autre bout du fil, un léger sourire se dessina sur mon visage.

— Salut Lexi, maugréais-je entre deux bâillements.

— Ouh la, j'en connais une qui vient de se réveiller ! Allez, remue-toi, je suis là dans dix minutes.

J'étais effectivement accoudée à la table de la cuisine en pin, tenant une tasse de café fumante de ma main libre.

Je baissai les yeux sur mon pantalon de pyjama molletonné, mon t-shirt informe beaucoup trop large ainsi que sur mes pieds emmitouflés dans une paire de pantoufles fourrées. Ce n'était peut être pas sexy, mais très douillet. Je lâchai un soupir en passant la main dans mes cheveux hérissés. Un délai plus raisonnable pour m'apprêter était nécessaire. Mais j'eus beau protester et négocier, Lexi n'était pas prête à capituler si facilement.

— Regarde comme il fait beau dehors : un temps parfait pour une virée shopping entre copines, ne perdons pas une seconde !

J'abandonnai à contre-coeur mon café sur la table, me levai sans conviction et écartai de quelques centimètres le rideau en coton blanc qui habillait la fenêtre donnant sur le devant de la maison. Immédiatement, les rayons du soleil percèrent par la fente et m'aveuglèrent de leur vif éclat.

Je devais admettre qu'il faisait extrêmement beau pour un jour de février. Pourtant, à choisir, j'aurais volontiers opté pour un week end plongée dans un bon bouquin, loin de mon portable et de toute autre distraction, pour n'en ressortir que le lundi matin.

Non sans lâcher un gémissement plaintif, je ne pus qu'accepter devant l'enthousiasme de mon amie.


🌑


Précisément dix minutes plus tard, je perçus le vrombissement caractéristique de la Nissan Micra bleue fjord de Lexi.

Elle faisait preuve d'une ponctualité démesurée comme à son habitude. J'eus à peine eu le temps de me brosser les dents, de passer un peigne dans mes cheveux et d'enfiler la première tenue tombée sous la main. Je me ruai vers l'escalier, que je descendis quatre à quatre, et attrapai au vol une paire de baskets, une veste en cuir et mon inconditionnel sac en bandoulière noir.

Passé le pas de la porte d'entrée, une légère brise me chatouilla le visage malgré le soleil irradiant. De subtiles effluves résineuses embaumaient les alentours. Je pris une profonde inspiration, ce qui eut le don de m'apaiser. Cette émanation provenait de la forêt Astral, située à seulement dix minutes à pied de chez moi. Cette forêt était le joyau de Chestown, petite ville chaleureuse du Commonwealth de Pennsylvanie.

J'habitais à l'extrémité nord de Chestown et, à vrai dire, j'étais plus proche géographiquement de la forêt Astral que de tout commerce ou de toute autre construction. Il m'était donc impossible de me rendre au centre-ville à pied. Et je n'avais pas de voiture. J'avais bien mon permis, mais pas de voiture... Pour me déplacer, je devais donc constamment compter sur Lexi ou emprunter la voiture de ma mère, qui n'était pas souvent disponible. Pour me rendre au lycée de Chestown, j'étais contrainte à prendre le bus scolaire. Et j'avais de la chance qu'il desserve mon arrêt.

Les hurlements de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant