VAGABONDS ON THE ROAD

Chapitre 2

Le réveil sonne. J'ouvre lentement les yeux et regarde l'heure affichée sur l'origine de l'horrible bruit strident qui traverse mes tympans. 6h00. C'est le grand jour, le jour du départ pour ma nouvelle vie. Je m'habille et coiffe rapidement mes boucles brunes rebelles puis prend l'énorme sac contenant des vêtements, quelques produits de soin, de la nourriture et de la weed sur mon dos. Je n'oublies pas ma gratte protégée dans son étui, puis je sors et ferme lentement la porte de ma chambre. En arrivant dans la cuisine, je remarque une assiette remplie de petits muffins au chocolat que j'engloutis en quelques minutes. Je sors, excité d'enfin quitter ce village qui me retient depuis mon enfance, et m'apprête à commencer à vivre.

Tout en marchant pour aller chercher Jo chez lui, je me roule un joint pur de Sensi skunk et le fume lentement, appréciant chaque bouffée et chaque dose de THC s'imprégnant dans mon organisme et me rendant plus calme et moins stressé.

Avant même d'arriver chez Jo, je le vois courir vers moi tel un boulet de canon. Ses dread se soulèvent à chaque fois que ses pieds touchent le sol, et l'énorme sac vert qu'il a derrière le dos fait les mêmes mouvements. Il ressemble à une tortue qui essaie d'aller trop vite.

Jo est hyperactif depuis son enfance et il a commencé à fumer pour se soulager. C'est donc tout naturellement que je lui passe la fin de mon joint avant même de le saluer d'une accolade afin de calmer son trop plein d'excitation.

- J'arrive pas à me rendre compte qu'on va vivre notre rêve, me dit-il en expirant de la fumée précédemment ingérée.

- Moi non plus, je te rassure.

Il termine le joint et écrase le tonc restant au sol.

- Bon allez, j'ai préparé ça pour que ça soit plus facile pour nous, me dit-il en souriant en sortant quelque chose de son sac.

Après une lutte acharnée avec une pile d'affaires rangées en bordel, il sort un carton et le déplie. Dessus est écrit : PEU IMPORTE, NOUS ALLONS OÙ VOUS ALLEZ!

- Haha bien joué, mais tu pense que des gens vont s'arrêter pour prendre en voiture avec eux deux gros tarés? Lui dis-je soucieux.

- Nan t'inquiètes gros, je l'ai déjà fait pour aller en teuf, m'assure t-il.

- Ok, je te suis. Mais je propose qu'on aille se poser prêt de l'entrée de l'autoroute pour qu'il y ait des gens qui aillent plus loin qu'au travail ? Proposais-je.

- Ouais, allons-y.

Nous avons longtemps marché avant d'arriver près de l'entrée d'autoroute et sommes arrivés vers 8 heures. Nous avons mangé quelques biscuits sucrés et refumé un joint, puis nous avons tendus tour à tour notre pancarte. Plus les voitures passaient, plus nous nous découragions. Les gens passaient, sans même nous regarder. Mais Jo ne perdait pas patience et se tortillait au bord de la route bougeant au rythme de Techno Toujours Pareil de Salut c'est cool.

Quelques musiques et minutes plus tard, une vieille Chevrolet bleu ciel s'arrête devant nous. Son conducteur est un vieux monsieur barbu qui fume une roulée.

- Bah les jeunes, qu'est ce que vous faites ici? Nous demande t-il gentillement.

- On pars pour un road trip à travers le monde, lui répond Jo.

- Montez les jeunes, montez ! Je vais chez mon fils en Alsace, ça vous dit ? Nous dit-il enthousiaste.

- Bien sûr! Merci beaucoup monsieur, lui réponds Jo.

C'est ainsi que notre road trip commence. De la country passe à la radio et résonne dans la voiture. Le soleil est déjà bien levé, il tape contre les vitres de la petite voiture. Le vieux monsieur et son accent alsacien nous propose une clope chacun, que nous acceptons. Nous enfumons tous les trois la voiture.

Cette odeur que je connaît tant, la musique d'arrière plan et les balancements de la voiture me font m'endormir lentement.

C'est avec les cris de Jo que je me réveille. Il me secoue le bras en criant :

- Man, regarde par la fenêtre !

Je tourne lentement la tête, encore légèrement sonné, et aperçois que nous sommes dans une petite rue pavée, entourée de maisons bardées de bois. C'est magnifique. Les maisons et les rues sont fleuries, les gens se promènent en souriant.

- Les jeunes, vous avez un endroit où passer la nuit ? Mon fils a une très grande maison, je pense qu'il pourra vous héberger une nuit ou deux.

- Ce serait génial qu'il nous héberge, nous serions ravis, lui réponds Jo.

- Nous arrivons bientôt, on verra avec lui, nous dit-il en souriant.

La voiture continue d'avancer dans les rues pavées et s'arrête devant une énorme maison possédant une façade rose incrustée de bois autour des fenêtres. Le vieux monsieur qui s'appelait en fait Michel sors de la voiture et claque la porte. Nous l'imitons et sortons de la voiture avec nos sacs et ma gratte.

Michel toque à la porte et un homme d'environ la trentaine lui ouvre en souriant.

- Salut papa! La petite t'attendait !

- Salut Fred! Je voulais savoir... J'ai pris deux jeunes en auto-stop qui partent voyager dans le monde, tu pourrais les héberger cette nuit? Demande notre chauffeur d'un air soucieux.

- Bah tu me connais, aucun problème ! Lui réponds son fils.
Venez les gars! Nous crie t-il.

Nous avançons et le suivant tant bien que mal en portant sur le dos nos énormes sacs à l'intérieur de sa maison puis traversons un grand couloir blanc avant d'arriver dans une petite cuisine. L'intérieur sens une agréable odeur de tomate qui fait frémir mes papilles.

- J'imagine que vous avez faim les gars ? En attendant de manger vous pouvez fouiller dans le frigo et aller dans le salon boire une bière ? Nous dit-il.

- Merci beaucoup, vous ne voulez pas d'aide? Lui répondais-je.

- De un, tutoyez moi, de deux, non installez vous, vous êtes mes invités ! Assure t-il souriant.

Jo pose son sac dans un coin de la cuisine et je l'imite, puis il ouvre le frigo dans lequel je sors deux bières que je décapsule d'un simple coup de dent. Nous prenons la porte à notre droite et tombons sur un joli salon aux murs briques. Nous tombons tous les deux dans le canapé rouge et buvons tranquillement notre bière.

Alors que je sirote lentement ma boisson, une petite fille blonde apparait dans le salon. Elle nous regarde d'un air gêné et nous bredouille :

- Hummm... Mon papa... Il dit qu'on mange...

- On arrive ! Lui réponds Jo en souriant. Mais dis moi, tu t'appelles comment toi? Moi c'est Jo, et lui c'est JC!

- Je m'appelle Marie, dit-elle timidement.

- C'est très joli comme prénom! Allez on va manger ? Propose Jo.

- Oui! Réponds la petite un peu plus sûre d'elle.

Nous entrons dans la cuisine dans laquelle l'odeur de sauce tomate est plus qu'appétissante. Fred est assis avec son père et sers de l'eau à la table pendant que nous nous asseyons.

Nous mangeons et buvons, parlons puis allons tous nous coucher.

Je me demande de quoi demain sera fait, ce qu'il nous arrivera, qui nous rencontrerons et où irons nous. C'est en se posant ces questions que je m'endors heureux.