Assy : les caprices du destin (8)

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- Assy qu'est ce que ça veut dire ? murmura Omar encore, incapable de détacher ses yeux du bébé
Elle tira son bras violemment
- mais lâches-moi...
Elle se retourna pour se diriger vers la voiture de Patrick, Rama sur ses talons.
- Assy, je te parle...cria presque Omar
- Oui, mais elle ne te cause pas...tu n'as pas remarqué, lança Rama sur un ton moqueur
Il lança un regard meurtrier à Rama qui semblait le narguer.
- Rama est ce que je t'ai parlé ? Murmura t-il entre ses dents
- tu oses ? répondit-elle en le toisant.
Assy observait la scène et avait peut que ça ne dégénèrent. Il confia Seydina à Patrick et se dirigea vers eux
- Rama c'est bon. Viens
Elle l'aida à tirer son chariot et ne put s'empêcher de jeter un rapide coup d'œil à Omar. Il serrait les points et semblait se contenir.
- Assy, je peux te parler.
Assy ne disait rien et tirait le chariot nerveusement passant devant lui, suivie par Rama
- Assy...
- il ya un souci ? demanda Patrick qui s'était approché.
- Non ca va, répondit Assy en essayant de sourire. Rama je te présente Patrick. Un collègue.
- et chauffeur à l'occasion, rajouta t-il
Ils se firent la bise et discutèrent un peu pendant que ce dernier mettait les valises dans la malle de sa voiture.
Omar s'était approché à nouveau d'eux, cette fois accompagné de son ami Jean. Assy avait repris Seydina et ce dernier jouait avec sa chaine.
- Assy, je veux te parler, dit Omar en se mettant en face d'elle.
- Omar c'est bon. Je n'ai pas envie de me donner en spectacle. Ce n'est ni le lieu, ni le moment.
- tu ne penses pas que tu as des explications à me donner, dit-il, énervé
Jean aussi avait le regard fixé sur Seydina et souriait bêtement.
- Salut Assy...dit-il finalement.
Elle le regarda sans répondre. Depuis les problèmes qu'elle avait avec Omar personne ne l'avait appelé, ni pris de ses nouvelles. Jamais.
Elle tourna les talons pour entrer dans la voiture quand Omar la prit par le bras. Elle se dégagea brusquement et entra dans la voiture, ou était déjà installée Rama et Jean démarra lentement.

- c'est mon fils...c'est mon fils, murmurait-il en regardant Jean sans vraiment le voir.
- je crois qu'il n'y a pas beaucoup de doute là-dessus, lui répondit ce dernier. Mais tu m'avais dit qu'elle...
Il hésita
- enfin tu m'avais dit beaucoup de choses, mais je...
- je ne savais pas Jean. Ma mère m'avait dit qu'elle était enceinte de trois mois. Alors que ça faisait 6 mois qu'on ne s'était pas vu. Je l'ai appelé pour la traiter de...Mon Dieu. C'est mon fils...
- je crois qu'il vaut mieux que tu parles à ta mère.
Jean réussit à le faire monter dans la voiture. Il était toujours sous le choc et l'image du petit garçon ne quittait sa tête. Seydina Omar. Rama l'avait appelé comme cela. Avec Assy, il disait toujours que son fils ainé s'appellerait comme cela. Et Assy. Pourquoi lui avait-il caché qu'elle était enceinte ? pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Et sa mère.
Il avait trop de questions qui lui trottaient dans la tête. Et une rage sourde bouillait en lui. il essaya de le réprimer. Arrivé chez lui, il préféra passer par la porte de derrière pour ne pas voir sa famille, voulant se calmer d'abord. Jean l'aida à monter ses bagages et évitait de lui parler. Il le savait en colère et ne voulait pas envenimer les choses.
- merci Jean, dit-il au moment ou ce dernier partait
- je t'en prie. Mais Grand, un conseil. Réfléchis bien à tout ce que tu feras. Ne soit pas trop impulsif
Omar lui tapota l'épaule et le rassura
- t'inquiète. Ça ira.

Il prit son temps, et se doucha. Il prit ensuite son téléphone et essaya d'appeler Assy. Mais elle ne décrocha pas. Il s'était assis dans le noir au salon, tout seul, complètement abattu, le cœur gros, quand il entendit sonner à sa porte. C'était sa mère, accompagné d'Awa.
- Mon fils, depuis tout à l'heure j'entends du bruit ici. Pourquoi tu n'es pas passé dire bonjour. J'ai appelé Jean et c'est lui qui m'a dit qu'il t'avait déposé. Khana tu es malade ?
- Non...grommela t-il en retournant s'assoir
- lou Khew ? demanda sa mère inquiète en allumant la lampe du salon et en se mettant face à lui.
Il soupira et la regarda un moment. Serait-ce possible. Sa mère était-elle au courant et ne voulait rien lui dire. Elle avait toujours détesté Assy. Mais au point de lui cacher qu'elle attendait son enfant. De lui mentir sur cela.
- maman, Assy était enceinte de combien de mois quand sa mère t'a appelé.
Elle parut troublée et bafouilla. A côté, il vit Awa gémir sourdement et reculer imperceptiblement comme si elle voulait partir. Il comprit. Malheureusement.
- Saly...elle m'a dit qu'Assy était enceinte de 3 mois. Pourquoi tu me pose cette question ? dit-elle la voix tremblante.
Il baissa la tête et ne répondit pas.
- Elles voulaient te faire porter le chapeau. La preuve quand je leur ai parlé, elles ont arrêté d'appeler. Elles...
- ARRETE MAMAN...
Il avait crié. Et s'était levé pour lui faire face
- C'EST MON FILS. MON FILS. SAMA DOME.
Il y eut un petit silence ou on entendait la respiration sourde d'Omar. Enervé. On aurait pu voir sortir de la fumée de ses narines. Il n'a jamais été aussi énervé de sa vie. Les mines de sa mère et de sa sœur lui confirmèrent le fait qu'elles savaient. OUI, elles savaient. Awa. Il se tourna vers elle.
- toi tu savais tout. Un jour tu m'as posé des questions sur ça. TU SAVAIS
- heuu non. Je...
- personne ne savait mon fils. Assy t'a encore retourné la tête. Je suis sure qu'elle veux encore de l'argent.
Il regarda sa mère. Méchamment. Mais il se retenait
- tu ne m'as pas entendu maman. Je te dis que c'est mon fils. Je l'ai vu. De même propres yeux. Tu comprends.
Il essayait de parler calmement.
- je ne sais pas si tu te rends compte maman.
- c'est sa mère qui m'a dit.
Il prit rageusement son téléphone.
- attend on va appeler tata Saly pour voir ce qu'elle t'a dit. Je l'appelle.
Il vit la panique sur le visage de sa mère
- il est tard pour l'appeler.
Cette fois il ne se contint plus et leva la main, sur le point de frapper sa mère. Mais heureusement se retint. Elle avait couvert son visage en un geste protecteur. Il recula et se mit à crier. A tue tête.
- et tu appelles cela une bonne mère. Comment as-tu pu me faire cela maman. Comment ? Tout simplement parce que tu n'aimes pas Assy ? tu l'appelles sorcière, mais c'est toi la sorcière.
- Omar surveille ton langage avec moi. Je suis ta mère, dit-elle
- ma mère ? Une mère qui fait cela à son fils ? Quelle genre de mère es-tu ? Tu as tout fait pour nous séparer et je t'ai suivi. Pour ne pas te contrarier, alors que je l'aimais. Oui, je l'aimais et je l'aime toujours. Mais tu as réussi à nous séparer. Il criait de plus en plus fort, sortant des insanités sur sa famille qu'il traita tous d'hypocrites. Sa mère criait et pleurait et un moment tomba pour continuer son cinéma par terre en se roulant.
Mais Omar criait, ne se retenait plus, brisa un vase qui trainait, Son père et son petit frère accoururent. Son père demanda ce qui se passait en se penchant sur son épouse et en criant lui aussi.
- ce qui se passe papa. C'est que j'ai un fils. Ma mère le savait, ma sœur le savait, et elle me le cachait.
- un fils ? Quel fils ? demanda son père étonné
Il expliqua depuis le début, quand sa mère lui disait qu'Assy attendait un enfant d'un autre et la rencontre avec son enfant
- c'est moi papa. C'est mon fils. Il me ressemble comme deux gouttes d'eau.
A ce moment, il ne tint plus et éclata en sanglot et se réfugia dans sa chambre, laissant ce beau monde au salon. Il entendit des éclats de voix, mais il se sentait trop mal. Il ouvrit le tiroir et prit une photo d'Assy. C'était le jour de leur mariage. Elle était belle. Très belle. Même ce jour il avait été odieux avec elle. Il se demandait s'il la méritait. Non, elle ne méritait pas tout ce qu'il lui avait fait. Et ils avaient un enfant ensemble. Il essuya ses larmes. Pleurer. Il n'aimait pas les hommes qui pleuraient. Mais aujourd'hui il les comprenait. Il n'en pouvait plus.

Assy coucha Seydina. Il avait refusé de s'endormir, trop occupé à s'amuser avec les tonnes de jouets que lui avaient ramené Rama. Elle ne plaisantait pas quand elle disait que toute la valise appartenait à Seydina. Il y avait des habits, des tonnes d'habits, des jouets, des biberons. Assy traita Rama de folle, mais cette dernière s'en foutait royalement, disant que c'était son fils.
Patrick était resté un long moment avec elle à discuter. C'était la première fois qu'il venait chez Assy et il était à l'aise. Il parlait plus avec Rama car Assy n'était pas trop dans son assiette.
- il est gentil Patrick, lui dit Rama quand il la rejoignit dans le hall de l'appartement ou elle avait installé un petit salon et une télé.
- oui, il est gentil...répondit-elle sur le même ton.
- mais...
Elle regarda Rama bizarrement
- mais quoi ? Rama. Arrête voyons. Tu n'a pas vu l'erreur.
- non. Tout ce que j'ai vu c'est les regards qu'il te lançait.
Assy sourit.
- Rama, je suis divorcée, mes ex beaux parents me traitent de pute, j'ai un petit garçon de 6 mois, ma vie est assez compliquée et tu veux que j'ai une relation avec un autre. Non. et un blanc en plus....on va me massacrer.
- toujours à penser à ce qu'on va penser de toi?
Rama éclata de rire.
- tu a été absente toute la soirée ma puce. C'est à cause d'Omar.
Assy baissa la tête. Elle aurait voulu être plus forte. Elle avait espérer être plus sereine. Mais non. Elle était vraiment perturbée. Le fait de revoir Omar, le fait de l'avoir vu perturbé à la vue de son fils. Oui, il l'avait vu réellement perturbé. Et elle aussi l'était. Son cœur avait réagit. Malheureusement. La colère, la frustration, la déception, mais aussi l'amour. Il avait un peu maigri, mais avait toujours cette allure, ce charme fou. Et en le revoyant, il ne pouvait que constater la ressemblance avec Seydina.
- Seydina ressemble beaucoup à son père. Je crois qu'il a du se douter que c'était son fils.
Elle haussa les épaules, mélancolique tout d'un coup, sur le point de pleurer.
- c'est son fils Rama. Son sang. Il l'a renié certes, mais les fait son là.
- tu es brave.
Elle émit un petit rire
- Brave. Non. Je ne lui pardonnerais jamais ce qu'il m'a fait. Lui et toute sa famille. Je ne sais pas s'il sait que c'est son fils mais il n'a pas intérêt à tenter quoi que se soit.
- tu l'as déclaré ?
- non. Il fallait la présence du père ou une pièce d'identité. Je n'en avais pas. Donc...
Cette fois ses larmes coulèrent. Rama se rapprocha et la prit dans ses bras.
- massa ma chérie. C'est du passé maintenant. Regarde, tu as un magnifique garçon. Tu ne dois plus pleurer.
Elle essuya ses larmes et essaya de sourire, mais elles coulaient quand même.
- je sais. Mais ça fait tellement mal de se faire traiter comme cela Rama. Tous les jours, toutes les semaines, tous les mois j'ai essayé d'être forte. Pour ma mère qui ne voulait jamais me voir pleurer, pour mon fils. Mais laisse-moi un peu me lâcher avec toi.
Rama se leva et lui tendit un paquet de mouchoir. Elle lui raconta ses états d'âme. La cérémonie de baptême, tellement triste.
- j'avais tellement honte. Même les filles qu'on engrosse ont un père pour leur enfant. Le jour de son baptême, je sentais les regards gênés, les murmures. Un enfant sans père. Le mari de ma tante m'a même appelé le soir du baptême pour me demander si c'était vraiment mon ex mari le père de mon enfant. Tu te rends compte.
Elle essuyait ses larmes. Et vit aussi Rama qui pleurait
- Arrête Rama. C'est moi qui pleure voyons.
Elles se retrouvèrent à rigoler de leurs larmes et Rama l'accusa de la faire pleurer. Finalement, Assy changea de sujet et lui demanda des nouvelles de son copain. C'était un sénégalais souvent de passage au Maroc. Elle lui parlait souvent de lui comme d'une relation sans lendemain, mais qu'elle passait le temps avec lui. Mais Assy avait l'impression qu'elle s'attachait à cet homme et Rama confirma. Finalement, la soirée était plus gaie et elles se couchèrent tard. Aîcha était à St-louis ce weekend et Rama s'installa dans l'autre chambre. Quand Assy se coucha enfin, elle prit son téléphone et y vit une vingtaine d'appel. D'Omar. Et presqu'autant de messages. Elle ouvrit les premiers et il lui demandait de décrocher car il fallait qu'il lui parle, qu'il fallait qu'il s'explique, qu'il y avait un gros malentendu ensuite, il disait qu'il voulait voir son fils. Son fils. C'est le dernier qu'elle lut. Les autres elle les supprima sans les lire. Nerveusement, en rigolant. Un rire jaune. Pathétique. Elle tchipa fort, faisant bouger Seydina. Elle chauffa rapidement un biberon et le lui donna. Il se rendormi après l'avoir terminé et elle le regarda dormir. Il était hors de question que son père entre dans sa vie. Il lui avait fait assez de mal. Lui et sa famille. Non, c'était suffisant. Elle aurait aimé qu'il ne soit jamais au courant. Elle ne voulait plus de lui dans sa vie.

Assy n'avait répondu à aucun de ses messages. Il se retourna encore sur son lit. Incapable de dormir. Que de regret. Il se rendait compte qu'il ne savait même pas ou elle habitait. Ni comment elle faisait pour vivre ? Et entretenir son fils. Il soupira, angoissé tout d'un coup. Elle devait travailler. Elle n'avait jamais rechigné à la tâche. Il ne pouvait croire tout ce qui s'était passé ces derniers mois. Non. Son père était venu lui parler. Un long moment. Il lui a dit toute sa peine pour tout ce qui s'était passé. Il n'avait jamais su qu'Assy était enceinte. Il lui avait dit que de toute façon si elle était enceinte au moment de leur séparation ça voulait dire qu'elle était encore sa femme et qu'on pouvait toujours arranger les choses. Il l'avait écouté sans rien dire. Il avait l'impression d'en vouloir à tout le monde.
Le lendemain, très tôt, malgré sa nuit sans sommeil, il prit sa voiture et entreprit un long voyage. Vers St-louis. Il lui fallait voir Mère Saly. S'expliquer, s'excuser. Il lui devait ça. À défaut de pouvoir parler à Assy. il le ferait avec sa mère. Il arriva à St-louis un peu avant midi et trouva mère Saly assise devant sa chambre en trier les saletés dans une calebasse de riz. Elle était très surprise de le voir et le cacha à peine. Il salua toute la maisonnée et à leur façon de lui répondre, il sut qu'on lui en voulait beaucoup. Il revint ensuite vers Mère Saly et s'installa sur un petit banc à côté d'elle.
- maman Saly, je sais que tu te demande ce que je fais ici après tout ce qui s'est passé, mais...
Il ne savait même pas comment ni par ou commencer. Il avait honte.
- j'ai...je...
Mère saly ne faisait rien pour l'aider et se contentait de baisser la tête et d'attendre. Il était perdu.
- je ne savais pas...finit-il par dire, la voix brisée. Je ne savais pas qu'elle avait un enfant de moi. Je les ai vus la dernière fois et...c'est mon fils.
Mère Saly soupira et rendit grâce à Dieu dans un soupir étranglé en fermant les yeux.
- maman, je ne sais même pas quoi dire. Je suis tellement...désolé. Mais Assy aurait du me prévenir quand elle a sut qu'elle était enceinte.
- Omar...mon fils. Tu seras toujours mon fils. Je t'ai vu grandir. Quand tu es venu me dire que tu voulais prendre Assy comme femme, j'étais soulagée. Assy est ma fille unique. Je ne veux que son bonheur. Quand j'ai vu que c'était toi, je me disais qu'elle était en de bonnes mains. Je pensais qu'en tant que son cousin et aussi son grand frère, tu ne la feras jamais souffrir.
Elle se tut un moment, augmentant la gêne d'Omar
- Haaa mais Omar, j'ai été surprise. Et déçue. J'ai eu mal pour ma fille. Elle m'a tout expliqué. Tout le monde fait des erreurs dans sa vie. Elle regrette. Elle était jeune.
Omar comprit l'allusion et baissa encore plus la tête.
- c'est pour cela que tu lui as tenu rigueur, toi et toute ta famille. Ta mère m'a appelé ici pour me dire que tu n'as pas trouvé ta femme comme il se devait le jour de ton mariage.
Il secoua vivement la tête, décomposé.
- Non, non...elle n'a pas fait cela. Maman Saly, je ne me suis jamais plaint...
- je ne sais pas, mais je te dis juste ce qu'elle m'a dit.
Il ne dit rien. Honteux. Il n'aurait jamais du rien dire
- j'attendais juste que tu viennes me voir pour m'en parler. En tant que mère c'est difficile de voir sa fille traverser toute ses épreuves.
Sa voix se brisa. Omar eut le cœur gros. Il venait de se rendre compte des conséquences de ses actes
- ce n'est pas parce que c'est ma fille que je le dit. Mais Assy ne mérite pas tout ça.
- je sais...murmura t-il
- c'est une fille bien. Elle n'est pas mauvaise. Dieu est témoin. Toute sa vie elle a travaillé pour nous aider. Si elle voulait être mauvaise, elle le serait depuis longtemps. C'était une erreur, répéta t-elle
- je sais maman Saly. J'ai vécu avec elle. Je sais que c'est une femme magnifique. Je sais.
Mère Saly essuya furtivement ses larmes avec le pan de son voile, augmentant la peine d'Omar
- Quand elle est revenue ici après que tu l'as libéré, elle était enceinte. Elle l'a su après que tu lui ai fait part de ta décision et elle ne voulait rien te dire. Mais j'ai refusé en lui disant qu'on ne cachait pas un enfant. Finalement, j'ai appelé ta mère pour lui dire. Elle m'a dit que tu n'étais pas le père. Et tu l'as confirmé quand tu as appelé Assy.
- je ne savais pas. Ma mère m'avait dit qu'elle était enceinte de 3 mois.
- Haann....je lui ai pourtant dit qu'elle était à 7 mois.
- je te jure que je ne savais pas. Jamais je ne renierais mon enfant. Jamais.
Mère Saly garda le silence. Omar aussi. Ils restèrent ainsi de longues minutes.
- mon père m'a dit que le divorce était nul puisqu' elle était enceinte.
Elle sursauta et émit un petit cri de surprise, lui demanda si c'était vrai. Il confirma et Mère Saly appela son beau frère pour lui demander. Ce dernier dit la même chose et que normalement, il devait à nouveau la libérer pour que le divorce soit effectif dans la religion. Ce dernier ne manqua pas cependant de lui passer un savon sur la façon dont il a traité sa femme, l'abandonnant comme on le fait pour une poubelle. Oui, il en a eu pour sa dose et n'osa même pas se lever pour prendre congé. Il voulait lui demander ou habitait Assy, mais n'osa pas. Finalement, il prit congé en fin d'après midi après avoir promis à mère Saly de revenir avec sa famille pour présenter ses excuses.
- Omar, peux-tu amener Aïcha jusqu'à Dakar, elle doit rentrer ?
Il ne vit pas d'inconvénient et l'embarqua dans sa voiture. En chemin, il découvrit qu'elle partait chez Assy et que c'est elle qui s'occupait de Seydina Omar. Il lui posa pleins de questions sur le bébé. Tout le chemin il sourit au fur et à mesure qu'elle lui parlait de son fils qui n'avait pas beaucoup de problèmes. Il sut aussi qu'Assy travaillait dans une boite de marketing depuis 3 mois et à demi mot elle avoua que parfois elles se contentaient de bouillies de riz mais que jamais Seydina ne manquait de lait ou de couches. Cette petite révélation, dit de manière innocente, lui serra le cœur. Et il n'eut plus le cœur de poser d'autres questions.

Assy revenait de sa petite promenade avec Seydina. Enervée. Elle l'était encore. Rama était partie en Casamance pour voir sa famille car elle ne pouvait pas rester longtemps. Quand sa mère l'avait appelé pour lui parler de la visite d'Omar, elle était seule et elle s'est énervée. Surtout quand sa mère lui a dit l'avis de son oncle sur la validité de son divorce. Elle ne voulait plus être mariée. Elle avait presque crié à sa mère de rappeler Omar pour lui dire qu'il n'avait qu'à lui accorder le divorce maintenant. Mais sa mère n'avait pas voulu polémiquer et avait raccoché. Pour se calmer elle était sortie se promener. En chemin, Patrick l'avait appelé et ceci l'avait calmé. Ils avaient discuté de tout et de rien et avec son sens de l'humour, il avait presque réussi à la calmer. En entrant dans son immeuble, elle ne remarqua pas la voiture d'Omar garé juste en bas.

- Aïcha tu es rentrée ? dit-elle en se rendant compte que la porte n'était pas fermée.
Elle se figea. Omar était tranquillement installé sur un fauteuil à l'entrée et il se leva à son entrée pour lui lancer un petit « salut ». Seydina dormait sur son épaule et elle avait un sachet contenant des couches qu'elle avait acheté en chemin. Elle resta un long moment devant lui, le cœur battant. Aïcha sortit de la cuisine à ce moment
- Assy, je suis rentrée. J'ai essayé de t'appelé, mais tu étais en communication. C'est Omar qui m'a ramené.
Assy ne disait rien et Aïcha disparut dans sa chambre, les laissant seuls, dans un silence pesant. Elle entra finalement, à pas lent. L'entrée n'était pas très grande et Omar était assez...imposant.
- donne-le-moi, je vais t'aider, dit-il en avançant ses mains pour le prendre.
Elle eut un geste brusque. Trop brusque
- Ne le touche pas.
Il tiqua, perdit ses moyens, frustré et ramenant ses bras. Elle passa alors devant lui sans rien dire et entra dans sa chambre pour coucher le bébé. Elle prit son temps en espérant qu'il partirait, mais non. Après une bonne demi heure, elle sortit et le trouva encore assis à regarder l'écran de la télé, qui n'était même pas allumé.
- qu'est ce que tu veux Omar ? dit-elle tranquillement.
Il sursauta et se leva. Ils se regardèrent. Assy ne sourcilla pas. Le regardant fixement. Il détourna le regard, mit ses mains dans ses poches, souffla, haussa les épaules...et ne dit rien.
- Ecoute Omar, si tu n'a rien à me dire
- pourquoi tu ne m'as rien dit Assy ?
Il avait froncé les sourcils et regardait ailleurs.
- te dire quoi ?
Il sourit...nerveusement
- que tu étais enceinte de moi ? Que tu avais accouché ? Comment as-tu pu me faire cela ?
- qui t'as dut que j'étais enceinte de toi ?
- arrête, je sais que c'est mon fils...dit-il nerveux
Elle rigola
- ton fils ? Depuis quand tu accepte d'avoir un fils d'une pute ?
Elle le vit changer de mine et baisser la tête.
- Tu as oublié que tu savais que j'étais enceinte. Tu m'as traité de pute.
- je ne savais pas Assy. Ma mère m'avait dit...
- ta mère. Tu as dit ta mère. Mais et toi ? tu as cru ce qu'elle t'a dit non.
- je ne savais pas...
- tu ne pouvais pas savoir parcequ'effectivement tu me prends pour une moins que rien. tu as pensé que je pouvais aller faire cela avec un autre.
Il ne dit rien. Incapable de la regarder.
- on a été marié 3 ans et tu as quand même une si piètre opinion de moi. Et tu viens me réclamer un fils ? Arrête Omar.
S'installa alors un long silence. Assy essayait de se calmer, se retenait de ne pas exploser. Trop de frustration, trop de colère contenue.
- Pardonne-moi.
- te pardonner quoi ? Qu'est ce que je dois te pardonner ? Toi as-tu su me pardonner ? Dis-moi ?
- qu'est ce que tu me reproche ?
Assy laissa éclater sa colère.
- Ce que je te reproche ? Tu me le demande ? Interroge ta conscience si tu en as un. Je t'aimais Omar. Mais toi tu n'as jamais su me pardonner. Jamais. Pendant toutes ces années, tu n'as cessé de me reprocher mon passé. Un moment j'ai cru que tu m'aimais, mais en fait non. Tu me supportais juste. Mais malgré cela je t'aimais. Quand tu n'as plus voulu de moi, tu m'as parqué dans une maison, pour ne venir que pour te satisfaire. J'ai accepté. tu apprends que je suis enceinte, tu me traite de pute. Sans rien chercher à comprendre, sans rien me demander. Si c'était ta sœur, tu l'aurais traité comme ça ?
Il ne dit rien ?
- répond-moi ? Si c'était Ami tu l'aurais traité comme ça ?
Elle criait, ayant du mal à se contenir.
- cet enfant n'est pas ton fils. Ta mère nous a demandé d'aller chercher son père dans la rue.
Seydina choisit ce moment pour pleurer, surement réveillé par les cris. Aïcha aussi était sorti de sa chambre pour aller prendre le bébé. Elle la précéda et lui arracha presque Seydina des mains, tellement elle était énervée. Elle essuya rapidement les larmes de rage. Difficilement contenable.
Quelques minutes plus tard, Aicha lui ramena un biberon et elle le lui donna tranquillement en essayant de se calmer. Seydina buvait goulument quand Omar entra dans la chambre. Elle lui lança un regard meurtrier mais il n'en avait cure. Il se mit devant eux et observa longtemps...son fils. Ce dernier avait ouvert ses grands yeux et le regardait aussi. Un moment, il laissa le biberon pour mieux se tourner vers lui et lui tendit un bras tout potelé. Omar s'approcha voulant le toucher, mais Assy d'un geste brusque esquiva et poussa.
- Assy arrête...
Elle se leva
- Va t'en Omar, va t'en. J'en ai marre de tout cela. cria-t-elle.
Seydina commença alors à pleurer, et Assy sortit de la chambre, croisant Aicha qui le lui prit des bras et comprenant surement la situation, s'enferma avec lui, laissant Assy et Omar seul.
- Assy...
- je t'en prie Omar. Va-t'en. Seydina Omar n'est pas ton fils. C'est le mien. N'insiste pas, dit-elle tranquillement, d'une petite voix, évitant de le regarder.
- je sais que tu m'en veux, que tu ne risque pas de me pardonner facilement, mais j'attendrais Assy. Cet enfant, notre enfant, ne doit pas souffrir de nos problèmes. On en avait tellement parlé, tellement rêvé.
Elle ne disait rien, perdant un peu ses moyens face à la voix douce et tendre qu'il employait.
- je n'ai pas d'excuses, j'ai été odieux avec toi. Mais ne me punis pas en me privant de mon fils.
- va t'en Omar, murmura t'elle entre ses dents. S'il te plait
Sa voix s'était brisée. Elle se sentait tout à coup très fatiguée. Il haussa les épaules et sortit lentement, laissant Assy perdue.

Le lendemain, à sa pause, il est allé faire des courses, prenant tout un tas de choses pour bébé. Des couches, du lait, des petits pots. Il achetait frénétiquement avant de se rendre chez Assy. Elle était à son bureau, mais Aicha le laissa entrer. Quand il le vit, il ne put s'empêcher de ressentir à nouveau ce petit frémissement au cœur, cette sensation que ce petit muscle prenait plus de place dans sa poitrine et qu'il avait d'inspirer plus fort pour tenir. Et il le fit. Il le prit dans ses bras. Son fils. Ce dernier le regarda bizarrement avant de toucher son visage avec ses petits doigts et de sourire. Il fut envahi par un torrent d'émotion qui lui fit monter les larmes aux yeux. Il resta jusqu'à ce qu'il ai faim. Il prit un petit pot de compote qu'il lui donna et il mangea avec gourmandise, ensuite, il le prit dans ses bras jusqu'à ce qu'il s'endorme. Aicha voulut le prendre pour le coucher, mais il ne voulait pas le quitter, ne se lassant pas de regarder son beau visage tout mignon. Il dut appeler à son service pour dire qu'il ne viendrait pas, ne voulant pas laisser son fils.
Assy le trouva en train de s'amuser avec Seydina quand elle descendit vers 18 heures. Elle prit un air contrarié et sans rien lui dire, il prit son bébé et alla s'enfermer dans sa chambre. Il resta à ranger les jouets avant de passer des coups de fils avant de s'installer sur les fauteuils et attendre. Il resta au moins deux heures avant qu'Assy ne sorte. Seydina avait pris un bain et avait mis un pygama. En le revoyant, il tendit ses mains dans sa direction, mais sa mère se dirigea vers la cuisine sans faire attention. Elle lui donna à manger, la mine renfrogné, se retenant de parler...ou d'exploser. Il ne voulait pas envenimer les choses. Assy lui en voulait. A raison.
- Assy, j'y vais...j'ai amené des petits pots pour lui. J'espère qu'il va aimer.
-...
- j'essaierais de venir demain.
Toujours silence. Heureusement que Seydina gazouillait gaiement. Il resta quand même voulant lui parler. La veille quand il avait quitté Assy, il était allé voir son oncle et il lui avait tout expliqué. Il ne lui avait pas laissé le choix. Il voulait récupérer sa femme. Son oncle voulait être plus prudent, lui demandant de faire attention et que peut être qu'Assy le trompait encore. Il s'est énervé, lui criant presque dessus, et ce dernier avait compris qu'Omar ne rigolait pas. En rentrant, il a fait un compte rendu à son père et lui avait dit que le dimanche prochain, ils se rendraient à St-Louis pour présenter des excuses à la famille d'Assy. C'était un minimum et son père était d'accord. Il voulait expliquer tout cela à Assy, mais le visage fermé de cette dernière ne l'encourageait pas vraiment. Il préféra prendre congé, ou partir tranquillement.
Le soir, il appela Assy, espérant lui parler plus tranquillement, mais elle ne décrocha pas et ne répondit à aucun de ses messages. Il savait que ça n'allait pas être facile de toute façon. Depuis qu'il « tait rentré et avait laissé éclaté sa colère, il ne parlait plus à sa mère. Celle-ci le fit appeler, mais il ne répondit pas. Il lui en voulait trop. Et il comptait quitter cette maison rapidement.

Le lendemain, il allait encore aller rendre visite à son fils, mais son supérieur le fit appeler et il dut se rendre au siège de leur boite, intrigué par cette convocation. Il faillit tomber à la renverse quand ce dernier lui fit part de l'objet de la convocation. Son ex assistante, Mlle Fama Gueye avait déposé sur sa table une plainte pour harcèlement sexuel. Il du faire répéter plusieurs fois Mr Dieng pour comprendre ce qu'il disait, n'en croyant pas ses oreilles.
- mais c'est totalement faux. Je ne l'ai jamais harcelé...dit-il
- désolé Mr Bocoum, mais Mlle Gueye, dit que vous êtes sortis ensemble un moment, mais qu'à un moment, elle ne voulait plus de la relation pour convenance personnelle et vous n'avez rien voulu entendre. Et c'est pourquoi vous l'avez fait affecter dans une autre agence.
- mais c'est totalement absurde.
Il y eut un petit silence ou Omar secouait la tête, ne comprenant pas pourquoi on ne le croyait pas
- avez-vous eu une relation amoureuse avec elle ? demanda Mr Dieng tranquillement en fouillant un dossier sur la table
Il hésita, se gratta la tête.
- oui, mais...
- bon, le vous expose les faits. Elle a déposé une réclamation ici suite à son affectation et compte déposer une plainte auprès de la justice. Je pense que vous devriez vous trouver un avocat ou alors discuter avec elle pour trouver une solution.
Il sortit du bureau complètement sonné et appela Fama, lui demandant des explications
- je t'avais dit que je ne suis pas le genre de femme qu'on jette comme une chaussette sale.
- mais qu'est ce que tu veux Fama ?
- toi. c'est toi que je veux....

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now