Le Zephyr

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Le ruisseau serpentait entre les nombreuses collines du nord de Serti. Il n'était pas très large, et coulait doucement pour rejoindre la rivière Volian. Il abritait pourtant plusieurs espèces de poissons, et des plantes médicinales en grand nombre. Les pins et les saules exhalaient de douces fragrances de résine et de pollen, et les feuilles tombées suivaient mollement le cour du rû. Le soleil automnal allait bientôt se coucher. Dans les arbres, des écureuils pépillaient joyeusement. Les oiseaux voletaient en quête de nourriture. Près de la source du ruisseau, qui jaillissait entre deux pierres sur un petit promontoire, se trouvait un étrange arbre, d'une espèce inconnue des hommes habitant les villages environs. On l'appelait Zephyr, ce qui signifie "feuilles d'argent" en elfique, et ce nom était transmit dans les légendes depuis des générations. Grand et d'une couleur dorée, le tronc faisant dix pieds de circonférence supportait une immense ramure de feuilles argentées. Les branches tombant jusqu'au sol, elles formaient un dôme où les rayons lumineux donnaient des couleurs chatoyantes aux feuilles argentées qu'ils frappaient.  Des touffes d'herbes, de mousses, de pâquerettes et de cardamines parsemaient la terre meuble. Les mythes racontaient qu'il avait été planté là par les elfes, il y a fort longtemps, pour servir de cachette aux éventuels fugitifs. Les villageois vivant aux alentours s'accordaient cependant sur le point que personne n'était venu là depuis plusieurs siècles.Or, ils se trompaient.

Les dlerts se tenaient tapis aux alentours de l'arbre sacré, cachés derrière des buissons de ficus et d'ajoncs, et attendaient l'ordre de leur chef. Ils étaient une quinzaine. Les créatures, pas plus hautes que des nains, étaient habillés de pagnes crasseux et de pièces d'armures grossièrement taillées dans de l'os ou du bois. Ces étranges créatures, trapues et costaudes, ressemblaient vaguement à des hommes. Ils étaient cependant plus velus, avec la peau et les poils de teintes jaunes à noires. Leur odeur était pestilentielle, et leurs longs doigts gourds étaient terminés par des griffes. Ils portaient des armes de facture douteuse, souvent des gourdins, mais aussi pour certains, des lames émoussées plantées dans des manches en os. Seul le chef détenait une véritable épée, un court cimeterre de bronze. Soudain, un éclair bleuté attira leur attention. Un instant plus tard, trois jeunes gens, deux femmes et un homme, se trouvaient à côté de l'arbre séculaire, entourés sans le savoir par les dlerts. Leur chef, un peu plus grand que les autres, poussa un bref mugissement, et les petits êtres attaquèrent les arrivants. L'une des femmes réagit immédiatement en bandant son arc. Le garçon, qui portait une grosse besace de cuir, la laissa tomber et dégaina deux longues épées rutilantes des fourreaux accrochés a. Quant à la seconde dame, elle prononça quelques mots inaudibles, et un cri perçant retentit. Presque immédiatement, un grand aigle blanc surgit des cieux et se jeta sur les agresseurs. Pendant que le garçon et l'archère abattaient les créatures les plus proches, celle qui avait appelé l'aigle ramassa un long bâton projeté là par le rapace. Terminé par une lame en demi-cercle, le manche était d'une couleur dorée, avec des reflets irisés. Elle s'élança aussitôt vers ses compagnons pour leur prêter main-forte. Ils ne restait déjà plus que cinq assaillants lorsque une des créatures, plus grande que les autres et armée d'un cimeterre d'acier, surgit de derrière un rocher. Le jeune homme plongea vers lui en effectuant un large mouvement circulaire de son épée gauche. Mais au lieu de trancher des chairs, il ne rencontra que du vide. L'ennemi l'avait esquivé! En se retournant, il vit que les deux dlerts qui n'avaient pas encore succombé se tenait devant celui qui paraissait être le chef. L'un des deux s'effondra, une flèche dans le front. La lame en demi-lune du bâton abattit l'autre directement après. Pourtant, le chef ne recula pas. Il attaqua en se portant au contact de l'archère, qui arrêta sa lame avec une dague ouvragée. Le garçon le décapita d'un revers de lame dans le cou. 

-Qu'est-ce qu'ils font là? s'écria-t-il.

-Je ne sais pas, Corlyn,  répondit la fille avec l'arc. L'autre fille leur ordonna:

-Il faut entrer dans le Zephyr! Tout de suite! Elle enjoignit à l'aigle d'aller se cacher tout près.

 Ils s'approchèrent tout les trois de l'arbre magnifique, et, une fois sous la ramure, entonnèrent une douce mélopée dans une langue étrange. Un cocon de lumière verte les entoura. Puis ils disparurent.

Chroniques des guerres AclédiennesWhere stories live. Discover now