La journée avait été longue et éreintante. Le soleil était malgré tout encore présent dans le ciel. Plus qu'une heure avant de devoir ranger tout le matériel. Les pillards étaient nombreux dans la région et ils ne se gênaient pas pour fouiller et faire leurs emplettes. Pour eux, c'était une vraie caverne d'Ali Baba, les instruments valaient une fortune, encore plus au marché noir.
Aucun son n'était capable d'interrompre leur rythme établit au cours de la journée. Seul le bruit du pinceau qui époussette la pierre et le cri perçant des oiseaux troublaient le silence. Il régnait ici une chaleur étouffante et lourde. Les gourdes d'eau se vidaient à une vitesse spectaculaire. Je me redressai péniblement, m'étirai et tendis la main pour attraper le précieux liquide. C'est à ce moment-là qu'un éclat de lumière attira mon regard. En tournant la tête pour repérer ce qui accrochait le rayon de soleil, je découvris un faisceau traversant le chantier horizontalement, comme un fil qui me relierait à la pierre.
« Hey, vous avez vu ça ? dis-je en me retournant vers mes collègues.
-Quoi donc ?
-La lumière qui traverse le mur là-bas.
Ils me dévisagèrent, les sourcils froncés. L'un se rapprocha de l'endroit désigné pour l'examiner.
-Il n'y a rien. Tu as du rêver. »
Je me retournai à nouveau vers la pierre luminescente qui à présent ne l'était plus. J'étais pourtant persuadé d'avoir vu cette lueur. Mais je devais me rendre à l'évidence, elle avait disparu. C'était sûrement la chaleur et le manque d'eau qui participait, avec mon esprit, à me jouer des tours. Je repris mon travail jusqu'à ce que la nuit tombe. Là, nous nous appliquions à tout ranger et remballer dans les voitures pour nous diriger vers l'hôtel.
Après un bon repas, tout le monde se pressa en direction des chambres pour prendre une douche bien méritée ou pour s'étaler de tout son long sur son lit. Une fois que mon collègue-colocataire et moi fûmes lavés, nous éteignîmes les lampes et sombrâmes dans un profond sommeil.
Je me réveille, la chambre est toujours plongée dans le noir. Mon colocataire dort tranquillement accompagné d'une respiration sifflante à la limite du ronflement. Je distingue à peine les deux lits à ma gauche, les commodes qui leur font face et la porte qui les sépare donnant sur la salle de bain. J'entre, faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller le dormeur. L'eau coule et rafraîchit mon palais. Je me redresse et le visage qui apparait dans la glace semble fatigué, complètement cerné. Je pousse un soupir en me frottant les yeux. La lumière vue tout à l'heure ressurgit dans ma tête et une voix me parvient : «Viens nous sauver... »
Je me réveillai en sursaut. Tout ceci n'était qu'un rêve. Mon cerveau commençait sérieusement à dérailler. La voix tournait en boucle dans ma tête et l'image de la lumière semblait être incrustée dans ma rétine. Les yeux fermés ou ouverts, elle était là, ne me laissant plus aucun répit. Les échos de voix ne faiblissaient pas. Il fallait dormir, ça irait mieux après. Sentant la migraine venir, je pris tout de suite un cachet et partis me recoucher entre les draps. La fatigue commençait à peser lourd sur mes paupières. La lumière et les voix me laissaient enfin en paix et je pus sombrer tranquillement.
Les jours avançaient et le même cauchemar chaque nuit revenait encore et encore me tourmenter. Sur le chantier, j'apercevais toujours la lumière peu importe où je me trouvais. Que je sois de côté, de dos, derrière une tente ou un autre mur, elle revenait à chaque fois me hanter. En revanche, même si la lumière se faisait de plus en plus présente, aucun de mes collègues ne la voyait. J'étais le seul et pourtant je ne rêvais pas. J'avais la certitude que ce n'était pas une illusion d'optique. Au fond de moi, je le savais. Pendant mes cauchemars les voix parlaient de plus en plus, rajoutant des choses au fur et à mesure que le temps passait. Elles parlaient fort. Au début, elles chuchotaient puis les plaintes sont arrivées suivies des cris.
DU LIEST GERADE
Nocturna
FantasyNocturna est un monde parallèle à celui des humains, un monde entièrement dédié à la nuit. Le jour n'existe pas, seules les différentes lunes se succèdent. Les habitants nous ressemblent mais sont pourtant si différents. Mais le plus important est l...
