destin ✧ larry stylinson [OS]

destin

Un cri, un choc, une destinée.

Une voiture qui roule, il y en a des centaines, de toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, à toutes heures. Mais il a fallu que ce soit ma voiture. Le destin, me direz-vous ? Je n'y crois pas. Il faisait jour ; nous ne sommes pas banals, nous ne sommes pas comme les autres. La plupart des histoires tragiques se situent en pleine nuit. J'ai trouvé ça trop basique. Le jour, c'est bien, comme ça, tout le monde assiste à ton acte, comme ça, il reste dans les mémoires de tous. Nous avons toujours aimé nous démarquer du lot, plutôt ironique pour un ancien populaire-je-me-tape-tout-ce-qui-bouge et un intello-coincé-du-cul, non ? Nous étions bien dans nos petites cases, et ce n'est pas nous qui allions changer ça.

Nous n'aurions jamais du nous connaître, les populaires avec les populaires, les intellos avec les intellos, évidemment, car qui se ressemble s'assemble. C'est ce qui était prévu. C'est ce qui a rendu notre rencontre explosive. Je vous l'ai dit plus haut, nous ne faisons pas dans la banalité.

Evidemment, comme tout n'est jamais rose dans la vie, il a fallu que je lui renverse accidentellement mon plateau sur son torse. Le destin ? Certainement pas.

Il ne s'est pas vengé tout de suite, il a attendu le lendemain pour m'intercepter à la fin des cours, il m'a plongé la tête dans les toilettes, m'y a presque noyé. Est-ce-que vous serez surpris d'entendre que, depuis ce jour, j'ai une peur phobique de l'eau ?

Syndrome de Stockholm.

Mais, qu'est-ce-donc cette abomination ? Comme je ne suis pas très doué pour les explications, je vais vous donner un exemple. Ce populaire me harcelait continuellement, me faisant subir les pires crasses, me réduisant à l'état de steak ambulant pour une personne n'ayant pas mangé depuis des semaines. Et je ne réagissais pas. Vous devez être surpris, vous qui savez que je suis une personne qui se défend mieux que quiconque, et moi qui ai toujours réussi à me sortir de situations pires que celle-ci. Mais que se passait-il, alors ?

Ma seule réponse sera : l'Amour.

Un jour, je ne sais pas ce qui m'a pris, je lui ai confié quelque chose, je lui ai dit une phrase, la phrase, celle qui fait que je vous parle aujourd'hui.

Il m'a juste répondu quelque chose de très simple, mais dont je me souviendrai toute ma vie, qui est encré en moi comme gravé au fer rouge, les yeux dans les yeux, il m'a juste sorti un "moi aussi" très bouleversant, de sa voix froide habituelle.

Deux mots, qui m'ont tellement retourné que j'ai pris ma voiture, ma toute nouvelle voiture, de la couleur de ses yeux. Et j'ai roulé, roulé, des heures, sans but, tournant en rond dans la ville fantôme, voulant oublier, tout oublier.

Un cri, un choc, une destinée.

Le destin ? Jamais, juste une volonté. Je l'ai vu, ou plutôt j'ai vu son ombre, pouvant le reconnaître même dans la pénombre du crépuscule tombant.

Il avait l'air d'une biche effarouchée, au milieu de la route, les cheveux en halo autour de son visage d'ange, des larmes coulant sur sa peau de porcelaine.

Je crois qu'il a crié mon nom, mais ce dont je suis sûr, c'est que j'ai éclaté d'un rire presque dément, et que j'ai enfoncé de plus belle une pédale.

Le frein était la pédale attendue, personne ne pouvait raisonnablement penser que j'allais continuer ma route, c'était écrit dans mon avenir, mon destin était d'enfoncer cette pédale, que les pneus se bloquent d'un coup sec en un crissement désagréable, que je sorte de cet engin et que je saute dans les bras de mon bourreau, que je lui crie mon amour sur tous les toits.

C'est ce qui était prévu.

Ma volonté m'a fait accélérer.

Le choc sourd.

Le cri glaçant.

Je suis ensuite sorti calmement de ma voiture, et j'ai posé mes lèvres contre les siennes déjà froides, presque tendrement.

"Toi aussi, tu m'aimes, oh mon bel ange ?"

Et j'ai ris, j'ai ris, j'ai ris jusqu'aux étoiles et bien plus haut.

Il m'appartient, et ceci pour l'éternité.

Moi, Louis Tomlinson, aie rendu justice à Harry Styles.