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Mardi 12 octobre 2016

3 avenue Hoche, 75008, Paris

08:23

Je marche d'un pas déterminé et rapide dans le long couloir du loft. Je passe la grande porte en verre et salue mes amis.

Moi: Salut les gens.

Leila, Marie, Enzo, Nate, Theo et Sara se retournent vers moi en souriant.

Nate: Nuit agitée?

J'hoche doucement la tête en retirant mon manteau.

Moi: J'ai dû corriger 200 pages de textes, je me suis couché à 4:00 du matin.

Je m'installe à mon bureau et soupire. Je suis épuisée. Je ferme les yeux quelques instants jusqu'à ce qu'une secousse me fasse sortir de mon léger sommeil.

Leila: Tiens je t'ai apporté du café.

Je souris et saisit le gobelet Starbucks en la remerciant.

Moi: On travaille sur quoi aujourd'hui?

Elle me regarde tristement et soupire.

Leila: Tu travaille trop Giulia, tu devrais faire une pause.

Je lève les yeux au ciel.

Moi: Je réitère ma question, on travaille sur quoi aujourd'hui?

Elle souffle d'exaspération et me tend un dossier rose.

Leila: L'émergence des rappeurs français.

Je fronce les sourcils et détaille le dossier. Le rap? Sérieusement? Elle sourit et s'en va.

Il y'a un an, mes amis et moi avons créé un journal quotidien qui s'intitule le Good Morning Paris. Mais notre journal n'est pas comme les autres, ce qui nous différencie est notre originalité et notre indépendance. Nous faisons tout nous même, on n'a engagé aucun employé à part une femme de ménage: Maria. D'ailleurs elle est adorable. Nous n'avons pas une énorme entreprise, on a juste loué un grand loft qu'on a aménagé d'ordinateur et de bureaux. Quant à moi je m'occupe de rédiger et corriger les articles. On parle de tout, ça peut aller de la guerre en Syrie à la nouvelle collection de Kanye West.

C'est varié.

11:49

Enzo: Qui se devout pour aller chercher des sandwiches?

Je soupire et enfile mon manteau.

Moi: J'y vais.

Nate: Je t'accompagne.

On sort du bâtiment et je ressers mon manteau contre moi à cause du froid automnale. Je suis épuisée, j'ai l'impression que je peux tomber dans les pommes à tout moment et Nate le remarque assez vite.

Nate: Ça va?

Ses yeux verts reflètent l'inquiétude, il est beau. J'hoche doucement la tête alors qu'il me prend par la main. Je sais qu'il a des sentiments pour moi, qu'il est intéressé par moi. On s'est déjà embrassés d'ailleurs mais ce n'est jamais partit plus loin. Je ne veux pas de relation amoureuse. Je ne veux plus. On arrive devant une boulangerie pas loin du bureau.

Nate: Je reste dehors, j'ai pas finit ma clope.

Moi: Ok.

J'entre dans la boulangerie et commande une dizaine de sandwiches. Au moment de payer, je me rend compte qu'il me manque trente centimes. Et je n'ai pas ma carte de crédit. Super. Je ne sais pas quoi faire. Nate est en train de fumer, et il a pas prit son porte feuille. J'entends quelques clients soupirer à cause de ma lenteur. Je me retourne et fais face à un homme.

Moi: Excuse moi, t'aurais pas trente centimes s'te plait?

J'ai clairement l'impression d'être une clocharde là. Il cherche dans sa poche de jean et me tend une pièce de un euro. Je lui lance un sourire qu'il me rend. Il est plutôt pas mal. Je paye et sors en souriant encore une fois au jeune homme.

Nate: T'en a mît du temps.

Je soupire et lui explique ma mésaventure. Il rit et je finit par me joindre à lui.

20:03

Je suis encore une fois la dernière au bureau. Je fais des recherches sur les rappeurs français. Kaaris, Pnl, Gradur, Jul, SCH, Lacrim, Booba, Nekfeu. Je n'écoute pas du tout ce genre, j'ai l'impression qu'ils font plus du bruit que du rap.

Nekfeu.

Je regarde encore une fois sa photo avec l'impression de l'avoir déjà vu. Oh non c'est le mec de la boulangerie. La honte. J'apprends qu'il s'appelle Ken Samaras, qu'il a 26 ans et qu'il a grandit à Nice. J'imprime mes recherches, enfile mon manteau et verrouille le loft. Je monte dans ma smart et roule jusque chez moi. C'est fou, même à 20:30 les embouteillages sont présents à Paris. Une fois arrivée devant mon immeuble, je cherche mon badge pour déverrouiller la porte principal mais ne le trouve pas. Putain je l'ai oublié au bureau. C'est vraiment une journée de merde. Je m'appuie contre la porte et m'allume une clope. Je regarde les gens défilés devant moi, certains rentrent du travail ou alors vont en soirée. Ils ont une vie, je les envie tellement.

?: Excuse, tu peux te pousser s'te plait?

Je sursaute presque et me décolle de la porte. J'aperçois l'homme de tout à l'heure, Nekfeu alias Ken. Il sonne à l'interphone et une voix retentit.

?: Ouais?

Ken: Sneaz c'est oim, ouvres.

Il ouvre enfin la porte et me sourit tout en la tenant. Est ce qu'il sait que son numéro de charme ne fonctionnera pas sur moi?

Ken: Je t'en prie.

Je lui souris légèrement en guise de remerciement et monte jusqu'au deuxième étage. J'entre dans mon appartement et la première chose que je fais est de prendre un bain. Je met quelques musiques de Nekfeu pour me préparer à faire l'article. J'ai déjà écouté du Jul et compagnie et franchement ne supporterais pas d'écouter une heure et demi d'auto tune. Ce Nekfeu est le seul qui m'inspire musicalement.

" Vu qu'on m'a dit mort à l'autre c'est la paix que j'ai bâti moralement mais khlas moi j'suis pas de la même race que Nadine Morano."

Ses paroles sont tellement vraies.

Après avoir enfilé un pyjama et m'être coiffée, je me prépare un thé que je bois sur le balcon. Paris est tellement beau la nuit. Je bois lentement tout en fumant une cigarette. Mon regard se pose sur l'immeuble d'en face. J'aperçois une silhouette familière, seul la lumière de sa cigarette ressort de l'obscurité.

Super, on est voisins.

J'aurais pas dû // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant