Le cœur d'un amour éternel

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Elle marche d'un pas rapide, l'air heureux, un sourire radieux aux lèvres. Mais derrière ce sourire se cache une douleur qui la rongeait de jour en jour.
Aucune raison ne lui donnait envie de sourire. Sauf une.

Il est avec ses amis, l'air ailleurs, ne s'intéressant pas à eux, plus à rien. Il n'était rien. Rien, sans elle.

Elle entre dans l'imposant bâtiment, courant presque dans les couloirs. Et puis, tout d'un coup, au détour d'un couloir, à travers une vitre en verre transparente, elle l'aperçoit. Lui. Celui qu'elle avait tant voulu voir ces dernières semaines.

Il lève la tête, comme attiré. Et puis, il voit des yeux, croise un regard. Mais pas n'importe lesquels. Ses yeux. Son regard. Elle.
Un sourire, un grand sourire, un grand sourire heureux, soulagé, amoureux, apparaît sur ses lèvres. Elle est enfin là.
Il se lève, sans un regard vers ses amis, puis sort de la salle.

Elle s'arrête devant la vitre, un sourire aux lèvres. Elle le regarde sortir. Des larmes lui montent aux yeux, et elle se précipite vers lui. Elle se sent bien, dans ses bras. Elle aime son odeur. Odeur qu'elle ne sentira plus. Plus jamais.

Il est heureux. Tellement heureux. Elle est là, enfin là. Celle qu'il aime et qu'il a toujours aimé. Celle pour qui il sacrifierait tout. Il la serre dans ses bras, sent son odeur. Elle lui a tellement manqué. Il la décolle de lui et l'embrasse.

Elle sourit à en avoir mal aux joues. Elle se sent comme sur un nuage. Puis, la réalité lui revient brusquement. Elle s'écarte. Elle baisse la tête, puis une larme roule sur sa joue. Puis une deuxième, suivie de plusieurs autres.
Ses joues perdent la couleur vive qu'elles avaient au début. Elle recule d'un pas. Et murmure un mot.

« Adieu. »

Et elle se détourne. Plaque une main sur sa bouche. Retient un cri. Se précipite vers la sortie.

Il la regarde, meurtri, perdu, anéanti. À chaque pas qu'elle fait en direction de la sortie, il sent son cœur saigner. Se briser. Se réduire en miette.
Elle disparaît au détour du couloir. Et il s'écroule. Et murmure un mot.

« Non. »

~~~

Cela fait déjà plusieurs jours qu'elle est partie. Qu'il se laisse mourir. Il veut la revoir, encore et toujours. Mais il ne peut pas. Elle est partie.

Allongée sur un lit d'hôpital, elle était là, pâle et maigre comme jamais. Un enfant, un petit garçon, se tient là, près d'elle, lui tenant le doigt de sa petite main.
Elle tourne la tête et lui sourit. Difficilement.

~~~

Trois semaines passent. Les jours se succèdent. Et puis, et puis un jour, un téléphone sonne. Il se lève difficilement, les yeux rouges et gonflés pour avoir encore pleuré.
Il attrape son téléphone, décroche, puis écarquille les yeux. Plaque une main sur sa bouche. Laisse couler ses larmes.
Et puis, il pousse un cri. Un cri de colère, de frustration. D'inquiétude. Il se lève d'un bond en raccrochant, jette son téléphone sur son lit, se précipite vers sa douche.
Et puis, une fois prêt, habillé, coiffé et rasé, il court vers sa moto, enfile son casque, démarre et fonce vers l'hôpital.

Elle était là, allongée dans le même lit depuis des semaines. Le même petit garçon lui tenait toujours le même doigt.
Elle a un cancer. Un cancer du cœur, et s'il n'y a aucun donneur, elle mourra.
Un médecin arrive, lui fait part des nouvelles. Une nouvelle retient son attention.
Le médecin lui redonne la liste des donneurs, mais elle refuse. Elle n'accepte pas le fait que ses amis veuillent se sacrifier pour elle. Mais aujourd'hui, un nom inconnu se rajoute.
Il lui demande l'ultime question. Et elle souffle un seul mot.

« Oui. »

~~~

Il est neuf heures du matin. L'opération s'est bien déroulée. Elle a un nouveau cœur. Mais une infirmière entre dans la chambre, effaçant son sourire. Elle tient une lettre à la main.
L'infirmière la lui donne puis sort. Le petit garçon, assis près de sa mère, comme toujours, se penche vers elle malgré son jeune âge. Elle ouvre la lettre, et, dès les premiers mots, elle fond en larmes, plaquant une main sur sa bouche pour éviter de crier.

~~~

« Mon amour,
Si tu lis cette lettre, c'est que le médecin a tenu sa parole et que j'ai rejoint le ciel.
Je ne savais pas que tu avais un cancer. Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? Pourquoi tenais-tu tant à mourir ? Pense à notre fils, ce petit garçon qui n'aurait pas pu vivre sans la magnifique femme qu'est sa mère.

J'ai été le donneur, et je ne regrette pas mon choix. Mourir pour toi est la meilleure des choses qui auraient pu m'arriver. Je t'aime tellement.
Je veux que tu vives avec notre fils. Que tu l'élèves. Je sais que ça va être dur sans moi, mais dis-toi que je serai toujours là.
Car ce nouveau cœur que tu as est le mien, et il a toujours battu pour toi. Et il battra toujours pour toi.
Ce cœur contient tout l'amour que j'ai eu, j'ai et j'aurai pour toi. Je ne t'oublierai jamais. Ne m'oublie pas, mais continue ta vie. Sans moi.

Je sais que ce que je te demande est douloureux, mais je veux que tu continues ta vie en trouvant de nouveau l'amour. Mourir n'est pas ce qui t'attendait. Regarde notre fils, ce petit être fruit de notre amour. Il te donnera la force de te battre, comme il m'a donné le courage de me sacrifier pour toi.

Je t'aime. »

Debout devant la tombe, elle s'écroule, et crie, hurle, pleure, afin de libérer la douleur qu'elle tenait enfermée en elle depuis tant de mois, d'années. Depuis qu'elle a perdu celui qu'elle a toujours aimé.

« Moi aussi. »

Voici le premier mini-OS de ce livre !
Il fait exactement 960 mots.
Je l'ai écrit mercredi matin, en SVT, pendant qu'on travaillait sur le cœur.
Ce mini-OS a germé petit à petit et il fallait que ça sorte.

Je n'étais pas triste ce jour-là mais j'avais envie quelque chose de triste.
En tout cas, j'espère qu'il vous a plu !
Salut ! ❤️

Les pétales de mon imaginationWhere stories live. Discover now