La tristesse du coeur

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J'entendais seulement mon souffle qui créait une harmonie apaisante. Les odeurs d'humus et de feuilles en décompositions rentraient et sortaient de mes narines. J'étais paisible, soulagée de mes fardeaux et de mes souvenirs douloureux. J'étais comme une racine, cachée dans la profondeur de la terre, fuyant la lumière du soleil. La terre était mon linceul. Je me sentais en osmose avec l'environnement qui me côtoyait et me berçait.

Le temps, la vie s'étaient arrêtée au fond de mon cœur et de mon âme. Du moins c'est ce que je croyais.

Une voix au loin, s'égosillait. Mais je n'avais pas le courage de l'écouter.

Cette voix se rapprochait chaque jour un peu plus, m'obligeant à écouter ce murmure :

« Pénélope... »

Il m'appelait. Je savais qu'il m'appelait...

« Pénélope. »

Les fibres végétales se délogeaient des pores de ma peau. Les liens qui me protégeaient et qui me maintenaient dans le sol, se délièrent. Mes organes redémarraient, mes muscles s'allongeaient. Mes membres commençaient à bouger lentement. Mes doigts se crispaient. Toutes mes cellules se remplissaient, ma peau se tendait.

Le souffle qui faisait bouger ma poitrine, accélérait.

Il hurlait, brisant ma sérénité intérieure.

« Pénélope !

- Charles ! » Dis-je soudainement dans un souffle de vie.

Je venais de me réveiller.

Mon bras droit frappa l'épaisse couche de terre au-dessus de moi. Mes membres suivaient.

J'étais maintenant le visage en dehors. Une chaleur étouffante balaya mes paupières. J'ouvrais, grand mes yeux. Les rayons du soleil m'aveuglaient, m'obligeant à cacher mon visage entre mes paumes sales.

J'arrachais les dernières fibres qui me retenaient à mère nature, pour me relever.

Mes jambes étaient faibles, mon corps était mou. Mes premiers pas étaient difficiles.

Je regardais doucement autour de moi, protégeant mon visage du soleil avec ma main. Il me fallut plusieurs minutes avant de me rendre compte de l'endroit où je me trouvais.

Je ne pus retenir mes larmes, mes sanglots et mes pleures.

Il n'y avait plus rien.

C'était en ruine.

Le château était en ruine. Les murs fracassés, le sol troué, les meubles en poussières... Plus un seul signe de vie, seulement les mousses qui envahissaient ce bâtiment mort.

Je passais ce qui restait de la porte. Plus de mur, plus de couloir, plus de chambre, tout s'étaient écroulés, ne laissant plus que quelques fragments du passé.

Aucune présence humaine, ce château n'était plus qu'une carcasse vide.

Je tombais sur le sol. Me recroquevillant comme une enfant. Mes sanglots ne s'arrêtaient plus.

Qu'avais-je fait ?

Étaient-ils tous morts par ma faute ?

Je les avais abandonnés.

Éléonore, Henry et ... Charles ?

Charles !

Je hurlais à la mort, ne pouvant taire la douleur qui survenait en moi. Comme si mes sentiments et mes craintes sortaient de leur sommeil pour me faire comprendre ce que s'était d'être vivante.

Le Miroir d'un autre monde T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant